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Burkina: interdiction d'une manifestation contre le pouvoir samedi à Ouagadougou

Le maire de Ouagadougou a interdit une manifestation prévue samedi dans la capitale du Burkina Faso pour dénoncer l'"incapacité" du pouvoir à empêcher les violences jihadistes qui ravagent ce pays.

AFRICA RADIO

25 novembre 2021 à 16h51 par AFP

"Je vous invite à prendre toutes les dispositions que vous jugerez utiles pour qu'aucune manifestation illégale ne puisse se dérouler sur le territoire communal" de Ouagadougou, écrit le maire Armand Beouindé, dans une note adressée aux commandants de la gendarmerie, de la police nationale et municipale. Selon lui, "aucune déclaration préalable susceptible de rendre de telles manifestations légales ne m'a été soumise". La Coalition du 27 novembre, regroupant trois organisations de la société civile, a appelé "l'ensemble des Burkinabè à sortir massivement" samedi "dans une ambiance pacifique, pour dénoncer l'insécurité grandissante et exiger le départ du chef de l'Etat", Roch Marc Christian Kaboré. Qualifiant de "très chaotique" la situation au Burkina Faso "marquée par une sécurité en lambeau", le porte-parole de la coalition, Moussa Konaté, a annoncé qu'outre Ouagadougou, des manifestations étaient également prévues à Bobo Dioulasso, seconde ville du pays, et dans d'autres grandes villes. "Nous sommes dans un contexte d'insécurité que tout le monde dénonce. On ne devrait pas entreprendre des marches dont on ne voit véritablement pas la plateforme revendicative", a rétorqué jeudi Benewende Sankara, ministre de l'Habitat, dénonçant au nom de la majorité présidentielle des "manifestations inopportunes". D'autres mouvements de la société civile ont appelé à se démarquer de ces manifestations pour "ne pas être complices de ceux qui veulent jeter le chaos dans le pays". Alors que la colère grandit au Burkina Faso, le gouvernement a "décidé de prolonger la suspension de l'internet mobile pour une durée de 96h à compter de mercredi", sur l'ensemble du territoire national, après une précédente interruption de quatre jours pour "raison de sécurité". Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et à l'État islamique. Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l'est du pays. Parfois mêlées à des affrontements intercommunautaires, elles ont fait depuis six ans environ 2.000 morts et contraint 1,4 million de personnes à fuir leur foyer.