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Comportements sexistes: la sanction d'un important avocat d'affaires réduite en appel

Pascal Agboyibor, l'un des principaux avocats d'affaires africains en France, a été sanctionné le 8 décembre d'un an d'interdiction d'exercer avec sursis par la cour d'appel de Paris, selon un arrêt consulté samedi par l'AFP, pour une relation avec une ex-collaboratrice dénoncée par celle-ci.

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4 février 2023 à 10h36 par AFP

Dans cet arrêt, la cour d'appel de Paris a réduit la sanction de première instance, trois ans d'interdiction d'exercice dont dix-huit mois fermes, à un an avec sursis. Selon l'arrêt, Me Agboyibor "s'est rendu coupable de manquements aux principes essentiels de la profession" par "un comportement incompatible avec celui d'un avocat et à plus forte raison d'un associé prépondérant d'un important cabinet d'affaires vis-à-vis d'une nouvelle collaboratrice". La cour met en parallèle les deux situations : "un avocat renommé, chevronné, âgé" alors "de 50 ans" d'un côté, qui aurait "dû maîtriser le mouvement de fascination qu'il reconnaît avoir éprouvé" pour "une jeune femme fraîchement diplômée venant de prêter serment" âgée alors de 26-27 ans. Néanmoins, les magistrats y ont vu "une relation personnelle entre adultes consentants" et ont donc écarté "les griefs principaux" dénoncés initialement et qui avaient motivé la plus lourde sanction de première instance, "en l'absence avérée de tout harcèlement sexuel". Pascal Agboyibor, fils d'un ancien Premier ministre togolais, était numéro deux du cabinet d'affaires international Orrick lorsque le groupe originaire de San Francisco a annoncé l'avoir écarté en mars 2019. Celui-ci dit avoir quitté la structure. Âgé aujourd'hui de 55 ans, il se voit reprocher une relation entre 2017 et 2018 avec cette ex-collaboratrice qu'il avait lui-même recrutée. au pénal en avril 2019, le parquet de Paris a ouvert une enquête finalement classée sans suite en août 2020, selon deux sources proches. Une transaction a été conclue entre Orrick et la plaignante pour qu'elle renonce à toute procédure ultérieure envers le cabinet d'affaires et M. Agboyibor. Les journalistes Jean-Michel Decugis, Pauline Guéna et Marc Leplongeon ont affirmé dans leur livre Ministère de l'injustice (Grasset, 2022) que cet accord se chiffrait à dix millions de dollars, ce que l'AFP a pu confirmer auprès de trois sources proches du dossier. Sollicités, ni Me Agboyibor, ni ses deux avocats Me Christophe Llorca et Marie-Alix Canu-Bernard, ni la plaignante, désormais avocate entre Paris et Genève, ni son conseil, Me Gilles August, ni le cabinet Orrick, n'ont répondu à l'AFP.