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Egypte: 560 euros d'amende pour le militant des droits humains Hossam Bahgat

Hossam Bahgat, directeur de l'ONG des droits humains la plus en vue d'Egypte, a été condamné lundi à une amende de 560 euros pour un tweet évoquant d'éventuelles fraudes électorales, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

AFRICA RADIO

29 novembre 2021 à 15h36 par AFP

Fondateur de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), M. Bahgat encourait jusqu'à trois années de prison et 16.000 euros d'amende pour "outrage" et "diffusion de fausses informations" pour avoir évoqué sur Twitter et Facebook de possibles fraudes lors des législatives de 2020. Ces deux chefs d'inculpation sont régulièrement utilisés contre les opposants en Egypte, assurent les ONG des droits humains, dont une cinquantaine ont appelé il y a une semaine Le Caire à "cesser de harceler" M. Bahgat. Les législatives de 2020 s'étaient soldées par une écrasante victoire des partisans du président Abdel Fattah al-Sissi. Ce dernier a formellement levé fin octobre l'état d'urgence en vigueur depuis 2017, qui donnait à la police des prérogatives d'arrestation et de surveillance considérables. Mais pour les militants des droits humains, la fin de l'état d'urgence ne met pas un point final aux procès en cours de dizaines de défenseurs des droits humains devant des tribunaux d'exception. Plusieurs figures de la révolution de 2011 --dont le détenu politique le plus connu d'Egypte, Alaa Abdel-Fattah-- sont actuellement jugées devant une telle cour au Caire pour "diffusion de fausses informations". M. Bahgat, qui peut encore faire appel du verdict de lundi, est pour sa part déjà interdit de quitter l'Egypte et ses avoirs ont été gelés pour une autre affaire, selon l'ONU. En 2020, avec d'autres membres de l'EIPR, il avait brièvement été détenu, provoquant un tollé à l'étranger. Et le 7 décembre aura lieu une nouvelle audience du procès de Patrick Zaki, chercheur sur les questions de genre collaborant avec l'EIPR, arrêté pour "terrorisme" à son retour d'Italie où il étudiait en février 2020. En détention préventive, assurent les défenseurs des droits humains, M. Zaki a été "frappé et torturé à l'électricité". L'Egypte, qui compte plus de 60.000 détenus d'opinion selon des ONG, viole les droits humains dans tous les domaines, pour Washington qui a gelé 10% de son aide pour cette raison. Dans son rapport annuel, le département d'Etat américain cite "exécutions extra-judiciaires", "disparitions forcées", "tortures", "détentions arbitraires", "censure", "droit de rassemblement et d'association" violés, "violence anti-LGBT" et "travail forcé des enfants". Le tout, "dans un environnement d'impunité" créé par des autorités qui ne sanctionnent pas ces violations, affirme ce rapport.