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Eswatini : hommage populaire à un militant des droits humains assassinés

Des centaines de personnes, notamment des diplomates étrangers, ont rendu hommage samedi en Eswatini (ex-Swaziland) à un avocat défendant les droits humains et opposant farouche à la dernière monarchie absolue d'Afrique, Thulani Maseko, une semaine après son assassinat.

AFRICA RADIO

28 janvier 2023 à 15h06 par AFP

Des diplomates représentant les Etats-Unis, l'Union européenne, le Royaume-Uni et les Nations-Unies, ont assisté à la cérémonie commémorative en périphérie de la capitale économique Manzini (centre). Pour le représentant de l'ONU George Wachira, la mort de Thulani Maseko constitue "une perte non seulement pour l'Eswatini mais aussi pour le monde et l'humanité. Nous ne pouvons éviter d'avoir de l'amertume car Thulani ne méritait pas de mourir comme cela". Il a été tué le 21 janvier au soir à son domicile de Luhleko, à environ 50 kilomètres de la capitale Mbabane, quelques heures après un discours de défiance du roi Mswati III envers les opposants à son règne absolu. Lors d'une cérémonie, le roi avait lancé à l'intention de ses opposants : "Les gens ne devraient pas se plaindre si des mercenaires les tuent. Ces gens ont commencé la violence en premier, mais lorsque l'Etat les réprime pour leurs actions, ils font beaucoup de bruit en accusant le roi Mswati". L'ONU et les Etats-Unis ont réclamé une enquête "impartiale" sur cet assassinat. Vendredi, la police a dispersé avec des tirs de balles en caoutchouc à Manzini une manifestation de 200 militants prodémocratie qui étaient descendus dans la rue pour remettre aux autorités de la ville une pétition réclamant justice après la mort de cet avocat respecté. Agé de 52 ans, Thulani Maseko avait passé une grande partie de sa vie à se battre contre la répression et à défendre des opposants en justice. En 2014, M. Maseko avait été emprisonné après avoir critiqué le système judiciaire pour sa partialité et son manque d'indépendance et condamné pour outrage à magistrat. Acquitté en appel, il avait été libéré un an plus tard. Eswatini, petit pays enclavé d'Afrique australe anciennement connu sous le nom de Swaziland, est dirigé par Mswati III depuis 1986. Les partis politiques, théoriquement autorisés, ne peuvent pas dans les faits participer aux élections. Au moins 37 personnes ont été tuées en 2021 lors de manifestations prodémocratie.