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Ethiopie: le gouvernement qualifie de "mythe" la pénurie de carburant au Tigré

Le gouvernement éthiopien a qualifié jeudi de "mythe", la "pénurie de carburant" dans la région du Tigré dont font état les organisations humanitaires, accusant les rebelles tigréens de vouloir disposer de carburant en vue d'une nouvelle offensive.

AFRICA RADIO

23 juin 2022 à 18h36 par AFP

Les organisations humanitaires affirment que le carburant qu'Addis Abeba les autorise à acheminer vers la région - repassée courant 2021 sous le contrôle des rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) - est insuffisant et handicape la distribution de l'aide humanitaire hors de la capitale régionale Mekelle. Mardi, en visite en Ethiopie, le commissaire européen chargé de la gestion des crises, Janez Lenarcic, de retour de Mekelle, avait appelé le gouvernement éthiopien à lever "sans délai" les restrictions pesant sur le Tigré, notamment pour le carburant. Dans un tweet jeudi, le service de communication du gouvernement éthiopien (GCS) affirme qu'"au cours de la seule semaine dernière, trois camions-citernes transportant 137.913 litres sont arrivés à Mekelle, portant à 920.309 litres de carburant envoyés à la région" depuis que les convois d'aide ont repris la route vers le Tigré le 1er avril. "Le mythe de la pénurie de carburant (au Tigré) relève du dessein inavoué du TPLF d'améliorer la mobilité de son armée en préparation d'un nouvel épisode de conflit", ajoute le GCS. Depuis une trêve fin mars, les combats entre armée fédérale et TPLF ont cessé au Tigré et le gouvernement a de nouveau autorisé, après trois mois d'interruption, l'acheminement par la route de l'aide humanitaire dont la région - privée d'électricité, de télécommunications et de services bancaires - a désespérément besoin. "L'aide humanitaire afflue au Tigré depuis l'annonce par le gouvernement de la trêve humanitaire (...) mais moins de la moitié du carburant nécessaire est parvenu à la région ces dernières semaines", a fait savoir jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM). Claire Nevill, une porte-parole du PAM en Ethiopie, a indiqué à l'AFP qu'au Tigré, "les opérations humanitaires nécessitaient deux millions de litres de carburant par mois" et que "depuis que les convois ont repris en avril, un million de litres étaient entrés via les convois organisés par le PAM". "Nous sommes dans une situation où les entrepôts de Mekele sont pleins (de nourriture) mais où les gens des campagnes ont toujours faim" car le manque de carburant empêche les organisations humanitaires de les atteindre, a noté mardi Janez Lenarcic. En outre, a-t-il rappelé, les hôpitaux ont également besoin de carburant pour faire tourner leurs générateurs, dans une région privée d'électricité.