Ethiopie: retour au "calme" en région Amhara, selon des habitants
Un certain "calme" régnait jeudi dans la région éthiopienne de l'Amhara, selon des habitants interrogés par l'AFP, au lendemain de l'annonce de la "libération" de plusieurs grandes villes après plusieurs jours de combats entre l'armée fédérale et des milices locales.
10 août 2023 à 12h06 par AFP
Mercredi soir, le gouvernement éthiopien a annoncé que six villes avaient été "libérées de la menace des bandits": la capitale régionale Bahir Dar, Lalibela, Gondar, Shewa Robit, Debre Berhan et Debre Markos. Un couvre-feu a été imposé dans ces six villes. Cette région du nord de l'Ethiopie avait été placée vendredi dernier en état d'urgence en raison d'un regain de combats entre armée fédérale et des combattants locaux, dont la milice nationaliste amhara Fano, à peine neuf mois après la fin d'un conflit dévastateur dans la région voisine du Tigré. Aucun bilan officiel de ces violences n'a été communiqué, mais deux médecins de Bahir Dar et Gondar ont affirmé mercredi à l'AFP avoir vu de nombreux civils morts ou blessés dans leurs établissements. Dans la capitale Bahir Dar, la situation "est extrêmement calme" jeudi matin, a déclaré un habitant, qui n'a donné que son prénom, Tesfahun, pour des raisons de sécurité. Selon lui, aucun coup de feu n'avait été entendu, contrairement aux jours précédents. "L'ENDF (l'armée) arpente la ville. (...) Il y a des contrôles porte-à-porte par les soldats à la recherche d'éventuels suspects", a-t-il ajouté. Des cérémonies d'enterrement de civils tués ont eu lieu mercredi soir dans plusieurs églises, a-t-il précisé. A Lalibela, site touristique classé au patrimoine mondial de l'Unesco pour ses anciennes églises creusées dans le roc, les forces fédérales "ont pris le contrôle de la ville en fin d'après-midi" mercredi, a indiqué un habitant prénommé Ayalew. Aucun combat n'a eu lieu depuis et il n'y a "pas de mouvement" dans la ville. A Gondar, la situation est également "très calme" après le départ des combattants Fano, qui se sont retirés "dans les forêts à la périphérie de la ville", a affirmé un chauffeur de tuktuk, Simachew. La compagnie nationale Ethiopian Airlines a annoncé avoir repris jeudi matin les vols, brièvement suspendus, vers deux des quatre aéroports de la région, Bahir Dar et Gondar. L'accès à la région étant restreint, il n'est pas possible de vérifier de manière indépendante la situation sur le terrain. Alliées du gouvernement durant la guerre du Tigré entre novembre 2020 et novembre 2022, les forces amhara s'opposent depuis plusieurs mois au gouvernement fédéral. L'accord de paix signé en novembre 2022 pour mettre fin à ce conflit mécontente une large partie de la communauté amhara, deuxième peuple d'Éthiopie en nombre. Les tensions ont redoublé depuis avril, après que le Premier ministre Abiy Ahmed a annoncé vouloir démanteler les "forces spéciales" existant dans le pays, des unités paramilitaires créées depuis une quinzaine d'années par de nombreux États régionaux. Les nationalistes amhara y voient une volonté d'affaiblir leur région.