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France: cinq ans de prison pour un homme rejugé 20 ans après sa condamnation pour terrorisme

Un homme rejugé à Paris plus de vingt ans après sa condamnation en son absence pour appartenance à un groupe dissident du GIA algérien a été condamné vendredi à une peine légèrement inférieure, de cinq années d'emprisonnement.

AFRICA RADIO

2 juin 2023 à 19h51 par AFP

"Le tribunal a retenu la gravité des faits, leur durée, votre position élevée dans la hiérarchie du mouvement (et) votre radicalité islamiste particulièrement forte évoquée par plusieurs témoins", a justifié la présidente de la 16e chambre correctionnelle, qui juge notamment les délits de nature terroriste. Abderrahman Y., 55 ans, qui dit s'appeler en réalité Youcef M. et nie toute activité jihadiste, avait été condamné en 2001 par le tribunal correctionnel de Paris à six ans de prison pour "association de malfaiteurs terroriste". Cadre dans une entreprise publique en Algérie, il avait gagné l'Italie en 1992 puis la France, selon lui pour fuir la menace des attentats islamistes. Abderrahman Y. était l'identité qu'il donnait lorsqu'il était sans-papier en France, a-t-il expliqué. Il avait été arrêté en 1997 avec plusieurs membres de la cellule marseillaise d'un groupe jihadiste dissident du Groupe islamique armé (GIA), Takfir wa El Hijra. Selon l'accusation, dans les années 1990, les branches européennes de ce groupe finançaient l'achat d'armes pour la lutte armée en Algérie, notamment via du trafic de voitures et de pièces d'identité. Libéré après sa garde à vue, il avait quitté la France pour les Pays-Bas puis avait gagné Dublin en 2000 pour y trouver un pays européen où régulariser sa situation. Interpellé en septembre 2021 en exécution d'un mandat d'arrêt européen de 2019, il a été remis aux autorités françaises en février dernier et placé en détention provisoire. Il a alors demandé à bénéficier d'un nouveau procès, comme il en a le droit. La procureure a réclamé vendredi cinq ans d'emprisonnement contre lui, estimant qu'il était bien "le faussaire attitré du groupe de Marseille" et "le point de contact des membres de la cellule suisse" du Takfir wa El Hijra, dont "les armes envoyées sur le territoire algérien ont servi à tuer et blesser de nombreuses personnes".