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Guinée équatoriale: la lutte antigangs "met à mal les droits humains" (Amnesty)

La politique de lutte contre les gangs en Guinée équatoriale "met à mal les droits humains" avec des détentions arbitraires, des tortures et des disparitions forcées, a dénoncé jeudi dans un rapport l'ONG Amnesty International.

AFRICA RADIO

18 août 2022 à 18h51 par AFP

L'"opération nettoyage" -- "Operación limpieza" en espagnol, la langue nationale -- a été lancée début mai, en déployant près de 800 policiers, après une énième attaque massive des Huit machettes, le gang le plus redouté qui a essaimé en quelques années de la capitale Malabo à quasiment toutes les villes du pays. Les cibles privilégiées de ces bandes sont les femmes, dont certaines sont violées en plus d'être dépouillées de leurs biens. "Sous couvert de lutte contre la criminalité, les autorités arrêtent et détiennent de façon arbitraire des jeunes, dont un grand nombre sont torturés, maltraités ou perdent la vie, ou sont soumis à une disparition forcée", a déclaré Marta Colomer, responsable des campagnes pour l'Afrique centrale et de l'ouest à Amnesty International. Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, 80 ans, dirige la Guinée équatoriale d'une main de fer depuis plus de 43 ans, ce qui en fait le dirigeant encore en vie à la plus grande longévité au pouvoir dans le monde, hors monarchies. Le fils du chef de l'Etat, vice-président du pays, Teodoro Nguema Obiang Mangue, a lancé le 9 mai cette opération pour "nettoyer" les rues du pays et montrer le "droit chemin" aux jeunes délinquants. Les autorités ont instauré un couvre-feu de 22h00 à 6h00 dans le cadre de cette opération. Amnesty International a estimé qu'en l'espace de trois mois, plusieurs milliers de jeunes hommes ont été arrêtés à travers le pays. Contactées par l'AFP, les autorités n'ont pas souhaité réagir dans l'immédiat. "Les autorités de la Guinée équatoriale doivent de toute urgence donner des informations transparentes sur les cas de mort en détention, de torture et d'autres mauvais traitements" et "veiller à ce que les délinquants présumés soient traduits en justice dans le cadre de procès équitables", selon l'ONG de défense des droits humains. "Il est tout à fait possible de faire face à la criminalité en respectant les droits humains", a estimé Amnesty. En Guinée équatoriale, riche en gaz et pétrole, la grande majorité des 1,3 million d'habitants vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.