HRW appelle à refuser à l'Egypte la présidence d'un forum anti-terrorisme

Human Rights Watch (HRW) a appelé mardi une instance mondiale de l'anti-terrorisme à refuser de nommer à sa tête l'Egypte, qui selon cette organisation se sert de la lutte contre l'extrémisme pour "violer" les droits humains.

AFRICA RADIO

25 janvier 2022 à 16h21 par AFP

Pour l'ONG de défense des droits humains basée à New York, le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, un groupe de 30 pays travaillant avec l'ONU, ne peut accepter la proposition de l'Union européenne (UE) d'une présidence commune réunissant l'UE et Le Caire, annoncée officiellement dimanche par l'Egypte. L'Egypte, plaide HRW dans un communiqué, est devenue "un trou noir des droits humains" où "les forces de sécurité répriment sévèrement la société civile et commettent de graves abus contre de nombreux défenseurs des droits humains, journalistes, avocats, manifestants, opposants politiques, hommes d'affaires et proches de militants, en les accusant sans preuve d'être 'terroristes'". Plutôt que de soutenir la candidature égypto-européenne, l'UE devrait "commencer à prendre des mesures significatives" pour remédier au "terrible bilan des droits humains" de l'Egypte qui n'a cessé de se dégrader depuis l'arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi en 2013, poursuit l'organisation. Depuis février 2018, l'armée égyptienne mène une opération d'envergure contre des jihadistes dans le nord de la péninsule du Sinaï et le désert occidental. Plus d'un millier de jihadistes et des dizaines de soldats et policiers y ont été tués, selon les chiffres officiels. Mais aucun bilan de source indépendante n'est disponible et le Nord-Sinaï est interdit aux journalistes. En outre, l'Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe avec 102 millions d'habitants, compte plus de 60.000 détenus d'opinion, selon les ONG. Les Etats-Unis estiment que le pays viole les droits humains dans tous les domaines et ont en rétorsion gelé 10% de leur aide, qui dépasse le milliard de dollars annuel. L'Egypte, poids lourd régional, met de son côté un point d'honneur à apparaître sur le devant de la scène diplomatique mondiale. Elle a ainsi obtenu d'organiser la COP27 en novembre à Charm el-Cheikh, ce que HRW avait qualifié de "récompense pour le pouvoir répressif" du président Sissi.