Indignation en Côte d'Ivoire: un célèbre acteur raconte à la TV comme il a violé
La diffusion d'un extrait d'émission où un célèbre acteur ivoirien raconte comment il a violé sa cousine a soulevé vendredi une vague d'indignation dans le pays.
17 juin 2022 à 19h51 par AFP
"Quand on était jeunes, il y avait une cousine qui dormait avec nous au salon. J'ai fait un petit chat noir. Tout le monde a fait ça!", raconte en riant le comédien et humoriste Jimmy Danger sur le plateau de la chaîne Ivoire TV, dans un court extrait présentant l'émission qui doit être diffusée samedi. Un "chat noir" est le terme utilisé en argot ivoirien pour définir un viol. "Elle a crié pour avertir des gens" poursuit le comédien avant d'affirmer, geste à l'appui, lui avoir mis un coup. La séquence a rapidement suscité des réactions outrées sur les réseaux sociaux. "Ces propos sont inacceptables et criminels, et le pire est qu'ils ont été choisis comme extrait promotionnel de l'émission avant sa diffusion!, s'est indignée dans un communiqué Bénédicte Joan, la présidente de l'ONG "Stop au chat noir" qui vient en aide aux victimes de viol. Le Collectif des activistes, qui regroupe une quarantaine d'associations de lutte contre les violences faites aux femmes en Côte d'Ivoire, a par ailleurs demandé à la Haute autorité de la Communication audiovisuelle (HACA) d'empêcher la diffusion de cette émission, prévue samedi midi. Jimmy Danger, de son vrai nom Laurent Ibo, 56 ans, a joué dans plusieurs films ivoiriens à succès et dans les séries "Ma famille" et "Faut pas fâcher", très populaires en Afrique francophone. En septembre dernier, une affaire similaire avait provoqué un tollé en Côte d'Ivoire. L'animateur Yves de M'Bella avait invité dans son émission sur la Nouvelle chaîne ivoirienne (NCI, privée) censée dénoncer le viol, un ancien violeur à qui il avait demandé d'expliquer comment il s'y prenait pour abuser de ses victimes, en s'aidant d'un mannequin devant un public goguenard. Yves de M'Bella avait été condamné dans la foulée à 12 mois de prison avec sursis pour "apologie du viol" et "atteinte à la pudeur" tandis que son invité avait écopé de deux ans de prison ferme.