L'interdiction du port du voile pour l'équipe de France devrait être "annulée" selon des experts de l'ONU
Les athlètes de la délégation française des Jeux Olympiques et paralympiques 2024 avaient l'obligation d'enlever leur voile pendant la compétition. Pour des experts des Nations unies, l’interdiction du port du hijab ou du voile musulman de ces athlètes françaises serait "discriminatoire" et devrait être "annulée".
28 octobre 2024 à 17h22 par Aurélie Lafeil
Les sportives tricolores avaient l'obligation de retirer leur hijab ou voile musulman pendant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris au nom du respect du principe de "laïcité" et de la "neutralité religieuse".
Trois experts indépendants des Nations Unies, mandatés par le Conseil des droits de l’Homme, jugent cette décision "discriminatoire". Ils ne s’expriment pas au nom de l’organisation mais estiment que le droit des femmes musulmanes “de manifester librement leur identité, leur religion ou croyance”, aussi bien en privé qu’en public, “à prendre part à la vie culturelle”, n’est pas respecté. Lundi 28 octobre, les trois rapporteurs spéciaux et le Groupe de travail sur les discriminations à l’égard des femmes et des filles demandent l’annulation de cette interdiction.
Ce règlement concerne uniquement les Bleues. Le Comité international olympique (CIO) ne contrôle pas le port de signes religieux. Ce sont les États qui décident d’appliquer la neutralité religieuse pour leur délégation. Annoncé en septembre de l’année dernière par l’ancienne ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, cette décision avait fait grand bruit.
Appliquer "un régime de laïcité stricte"
En réaction, Marta Hurtado, la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, avait déclaré le 26 septembre 2023 que “personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou ne pas porter”. Le gouvernement plaidait dans l'émission "Dimanche en politique" sur France 3, le même jour pour un '"un régime de laïcité stricte, appliqué strictement dans le champs du sport".
Le port du voile dans les milieux sportifs n'est pas prohibé par la législation française. Ce sont les fédérations sportives qui décident d'autoriser ou de bannir son port.
L’organisation non gouvernementale Amnesty International a dénoncé "la discrimination" subie par les femmes voilées dans un rapport intitulé "On ne respire plus. Même le sport, on ne peut plus le faire". Publié le 16 juillet, ce rapport décortique "l’expérience des joueuses musulmanes face à l’interdiction du couvre-chef sportif”.