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« L 'UDPS a connu des départs importants mais il a su rebondir. » ( Politologue)

En Rdc, Jean-Marc Kabund, ancien président par intérim du parti présidentiel l'Udps et ex-premier vice-président de l'assemblée nationale, a créé son parti « Alliance pour le Changement ». Il vient ainsi allonger la longue liste des opposants au président Tshisekedi. Sa réélection en 2023 est t-elle compromise ? L'unité du parti présidentiel est-elle en danger ? Écoutez l'analyse du politologue Alain de Georges Shukrani

« L 'UDPS a connu des départs importants mais il a su rebondir. »

22 juillet 2022 à 15h02 par Lilianne Nyatcha Africa radio

Est-ce un  un  coup dur pour  le parti présidentiel qui l'avait radié en janvier dernier ?

A moins de seize mois des élections, cela peut fragiliser politiquement le président actuel. Il faut noter que Jean Marc Kabund était un fervent militant de l'UDPS et l'un des artisans de la fonction politique du président actuel au sommet de l’État et même l’artisan du basculement de la majorité parlementaire en faveur de l'actuel président, bien évidemment l'Union sacrée de la nation. Il faut également noter dans cette même veine que le président actuel s'était déjà fait pas mal d'ennemis ou d'adversaires politiques. Il a rompu ses relations avec le Front  Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila et bien d'autres acteurs majeurs de la scène politique congolaise ,et là il vient aussi de créer un opposant farouche qui sera véritablement farouche et tout cela ça peut un certain moment fragiliser sa position en perspective des élections.

 

Donc pour vous , en venant  grossir les rangs de l'opposition au président Tshisekedi, Jean-Marc Kabund compromettrait sérieusement les chances de ce dernier d'être réélu en 2023  en cas d'élection justement?

Oui, bon je n'irais pas jusqu'à parler  du fait de pouvoir compromettre ses chances mais je dis  que là il y aura une nouvelle donne qui va se créer et bien évidemment les alliances vont  se créer et vont se tisser et donc ça fragilise véritablement l'actuel Président de la République. Et on a un grand nombre d'adversaires politiques, d'ennemis politiques de l'actuel Président de la République. Alors toutes ces forces politiques opposées ça peut faire en sorte  véritablement qu'il puisse  avoir du mal à se faire réélire en 2023 .Et  d'ailleurs on peut aussi dire que dans ce que Jean Marc Kabund a déclaré,la fameuse fraude électorale qui pointerait à l'horizon parce que  le président  contrôle presque toutes les institutions du pays notamment la cour constitutionnelle et la CENI, la commission électorale nationale indépendante et cela n'est effectivement  pas anodin dans l'arène politique congolaise , on l'a vu avec ces régimes passés et apparemment lui aussi est en train de miser sur la même tactique politicienne pour pouvoir briguer le second mandat.


Est-ce que la création du parti de Kabund pourrait conduire à l'éclatement de l'UDPS ?

Je n'irai pas jusqu'à dire cela mais ça va également fragiliser ce parti politique qui a fait plus de trois décennies dans l'opposition, et Kabund étant rompu aux pratiques oppositionnelles contestataires, donc l'UDPS vient de perdre un élément très important.Mais je n'irai pas jusqu'à dire que ça va conduire à un éclatement au sein de ce parti politique parce que durant sa trajectoire, ce parti a connu des départs importants mais il a su rebondir. Mais là vu sur les enjeux du moment, vu qu'on est à quelques mois de la tenue des élections présidentielles et même législatives, ça risque plutôt d'être un coup de marteau qui va s'abattre sur ce parti politique, qui va véritablement fragiliser le chef de l’État.


Vous le rappeliez, Jean Marc Kabund a été à la manœuvre de l'Union Sacrée. Pourrait-il utiliser ces mêmes atouts pour débaucher le maximum de cadres de l'UDPS au profit de son parti ?

Oui cela est envisageable parce que la scène politique congolaise nous a habitués à ce qu'on peut appeler la transhumance  politique . Donc naturellement, on forme des partis mais on devient politicien en RDC sans véritablement un idéal communautaire, sans  forcément avoir en tête l'idée d'une idéologie cohérente. Donc les mêmes pratiques qu'il a pu utiliser quand il était dans l'UPDS et en l’occurrence quand je dis l'UDPS qui est arrivé au pouvoir, il peut utiliser les mêmes pratiques pour essayer de débaucher. D'ailleurs je ne serais même pas étonnée qu'il y ait déjà un certain nombre de politiciens qui se sont déjà rangés derrière lui pour pouvoir mener évidemment la lutte contre le pouvoir en place.


En comparaison avec Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi ,déchu, arrêté, jugé, emprisonné puis acquitté, Jean Marc Kabund a t-il opté pour la meilleure stratégie en choisissant une opposition frontale et très radicale face au président ?

Le discours de Marc Kabun ne m'a pas surpris parce qu' en tant que militant d'élite de l'UDPS, il est habitué à ce genre de diatribe qu'il a pu soulever dans son discours.


Il a notamment affirmé que Félix Tshisekedi est un danger au sommet de l’État congolais ?

Pour la circonstance vu le contexte, c'est un discours de combat. Le discours a été très sensationnel et Kabund a voulu jouer sur l'émotion pour pouvoir davantage mobiliser l'opinion congolaise et faire entendre sa cause. Il n'est pas malsain de dire qu'il a réussi son coup


Coup sur le plan de la communication politique ?

Oui son coup au niveau de la communication et même de la mobilisation parce que la grammaire politique qu'il a utilisée, les dimensions psycho affectives auxquelles il a fait recours sont en adéquation avec la position, les combats dans lesquels il veut s'engager. Je peux aussi dire qu'il y a eu de l'exagération dans certains de ses propos, mais c'est le genre de langage auquel plusieurs membres d'élite de l'UDPS sont habitués. Les militants d'élite de l'UDPS sont habitués à une caution contestataire réfractaire


Pourrait-il faire l'objet de poursuites judiciaires dans les prochains semaines ? Dans les prochains mois ?

Rien de me permet d'affirmer dans l'angle de votre question là . Mais il a aussi eu des dividendes sur cette gouvernance, sur cette même gestion du pays qu'il a eu à structurer. Donc il est bénéficiaire du désordre qui a été créé au sommet de l’État, dans la gestion de l’État.  

« L 'UDPS a connu des départs importants mais il a su rebondir. »