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La Belgique veut rendre leur identité aux métis de ses anciennes colonies

Le service des archives de l'Etat belge a permis à plus de 250 métis de l'ex-Congo belge, du Rwanda ou du Burundi, qui avaient été arrachés à leur famille pendant la colonisation, d'engager un travail de recherche sur leurs origines.

AFRICA RADIO

9 mai 2023 à 16h21 par AFP

Les Archives générales du royaume (AGR) ont annoncé avoir reçu de la part de métis ou de leurs descendants 268 demandes d'accès à des documents, qui ont permis, dans 70% des cas, d'identifier des liens familiaux ou des données sur leurs origines qui leur étaient jusqu'alors inconnues. Un résultat salué par la cheffe de la diplomatie Hadja Lahbib, qui compte parmi les ministres belges soutenant ce travail de recherche. "Etre coupé de ses racines c'est terrible (...) On a contribué à cette histoire, il faut qu'on puisse contribuer à la réparer aujourd'hui", a affirmé Mme Lahbib devant des journalistes. La Belgique a été la puissance coloniale du Congo (aujourd'hui République démocratique du Congo, ex-Zaïre) et du Ruanda-Urundi, jusqu'aux indépendances acquises en 1960 pour le premier pays et en 1962 pour le Rwanda et le Burundi. Pendant la période coloniale, des milliers d'enfants métis nés d'un père belge et d'une mère africaine ont été arrachés à leur famille maternelle pour être placés à l'écart de la population, souvent dans des orphelinats ou des pensionnats gérés par des congrégations catholiques. La plupart n'étaient pas reconnus par leur père et privés d'actes de naissance. Ils ne devaient se mêler ni aux Blancs ni aux Africains, ce que le gouvernement belge a admis être de la "ségrégation ciblée" près de soixante ans après les indépendances. En avril 2019, le Premier ministre belge de l'époque, Charles Michel, a présenté des excuses officielles pour "les injustices et les souffrances" subies par ces métis. Une des conséquences concrètes a été le lancement, fin 2019 par les archives belges, d'un projet de recherche consistant à réunir des documents d'archives éparpillés et permettre un accès public. Des missions ont été menées dans les ex-colonies et au Vatican notamment. Lundi, un bilan à mi-parcours de ce travail --censé se poursuivre jusqu'en 2026-- a été présenté en présence des ministres belges impliqués (Affaires étrangères, Coopération, Politique scientifique). Les Affaires étrangères, qui ont hérité des documents de l'ex-ministère des Colonies et disposent de près de 10 km de linéaires d'"archives africaines", en ont déjà transféré "5 km" vers les AGR, a souligné Mme Lahbib. "C'est un travail colossal qu'il faut poursuivre", a ajouté la ministre.