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La CPI statue sur l'appel d'un ex-enfant soldat ougandais

La Cour pénale internationale (CPI) rend son arrêt jeudi dans le procès en appel de Dominic Ongwen, enfant soldat ougandais devenu chef rebelle condamné à 25 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

AFRICA RADIO

15 décembre 2022 à 4h21 par AFP

La Haye (AFP)

Dominic Ongwen, enlevé sur le chemin de l'école vers l'âge de neuf ans par l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), dirigée par le fugitif Joseph Kony, a été reconnu coupable l'an dernier de meurtre, viol et esclavage sexuel dans le nord de l'Ouganda au début des années 2000.

L'arrêt sera rendu à partir de 11H30 (1030 GMT) devant la CPI, qui siège à La Haye, où le procès de Dominic Ongwen avait commencé il y a six ans.

Fondée en Ouganda dans les années 1980 par l'ex-enfant de choeur Joseph Kony en vue d'établir un régime fondé sur les Dix Commandements, la LRA a terrorisé pendant 30 ans de larges zones d'Afrique centrale en kidnappant des enfants, mutilant des civils à grande échelle et asservissant des femmes.

Les avocats de M. Ongwen ont fait valoir plus tôt cette année que la condamnation et la peine retenue contre lui devaient être annulées parce qu'il avait été lui-même victime de la LRA en tant qu'enfant soldat.

"Dominic Ongwen était, et est toujours, un enfant", a déclaré devant la cour en février son avocat Krispus Ayena Odongo, ajoutant que son client croyait toujours qu'il était "possédé" par l'esprit de Joseph Kony.

Le procureur de la CPI a récemment demandé aux juges de confirmer les charges retenues contre Joseph Kony, en cavale depuis plus de 17 ans, pour qu'une fois capturé, son procès puisse avoir lieu le plus rapidement possible.

- "Bouc émissaire" -

La LRA est responsable de la mort de plus de 100.000 personnes et de l'enlèvement de 60.000 enfants, garçonnets transformés en soldats dociles et fillettes en esclaves sexuelles.

M. Ongwen a été déclaré coupable de 61 chefs de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, dont celui de grossesse forcée - une première pour la CPI - mais aussi de meurtres, viols, esclavage sexuel et enrôlement d'enfants soldats.

En première instance, la CPI a estimé que M. Ongwen ne souffrait d'aucune maladie mentale, malgré son enlèvement et les brutalités subies aux mains de la LRA et que la "Fourmi blanche" - son nom de guerre - avait personnellement ordonné de massacrer des civils dans des camps de réfugiés entre 2002 et 2005.

La défense a fait appel pour plus de 100 motifs, affirmant notamment que M. Ongwen faisait figure de "bouc émissaire" du mouvement rebelle.

"Le jugement est rempli d'erreurs, fondées sur le droit, les faits et la procédure", a déclaré l'avocat Krispus Ayena Odongo dans des documents judiciaires.

C'est Joseph Kony qui devrait être sur le banc des accusés, puisque c'est lui qui décidait de la répartition des femmes et des enfants comme esclaves sexuels, estime la défense.