Le Conseil de sécurité de l'ONU mis en garde contre l'embrasement de l'est de la RDC

L'émissaire de l'ONU en République démocratique du Congo, Bintou Keita, a mis en garde mercredi le Conseil de sécurité contre un embrasement qui pourrait devenir incontrôlable dans l'est du pays où prolifèrent des groupes armés.

AFRICA RADIO

29 juin 2022 à 21h06 par AFP

"Si le (mouvement rebelle) M23 poursuit ses attaques bien coordonnées contre les FARDC (forces armées congolaises) et la Monusco avec des capacités conventionnelles croissantes, la Mission pourrait se trouver confrontée à une menace qui dépasse ses capacités actuelles", a-t-elle averti lors d'une réunion du Conseil de sécurité. "Les activités en cours du M23 et des groupes armés dans l'est de la RDC menacent d'annuler les progrès durement acquis en matière de sécurité et de stabilité en République démocratique du Congo et dans la région", a ajouté Bintou Keita. L'émissaire a demandé l'aide du Conseil de sécurité pour renverser le cours des choses et pousser la RDC et le Rwanda à trouver une solution à leur division. "Il est impératif que le Conseil redouble ses efforts en faveur d'une désescalade rapide de la situation, et du désarmement sans conditions du M23", a réclamé la responsable. "J'exhorte la RDC et le Rwanda à saisir le prochain sommet qui sera accueilli par le président Joao Lourenço à Luanda comme une occasion de résoudre leurs différends par le dialogue", a-t-elle insisté. Interrogée lors d'une conférence de presse, à l'issue de la réunion, sur la force régionale que veulent déployer plusieurs pays d'Afrique de l'Est dans l'est de la RDC, Bintou Keita a souligné l'importance d'une "coordination" avec la Monusco et d'une "clarification des rôles et responsabilités" au sujet de la protection des civils et du respect des droits humains lors des futures opérations de cette nouvelle force. Elle a précisé que de premiers déploiements de celle-ci étaient attendus avant la fin juillet dans l'est de la RDC, avec le gros des troupes sur le terrain programmé pour août. Les dirigeants d'Afrique de l'Est se sont accordés le 20 juin sur la mise en place d'une force régionale pour tenter de mettre fin au conflit dans l'Est de la RDC. Rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013, le M23 a repris les armes en fin d'année dernière dans l'est de la RDC, région en proie aux violences de multiples autres groupes armés depuis près de 30 ans. La résurgence du M23 a provoqué une nouvelle crise entre la RDC et le Rwanda, Kinshasa accusant Kigali de soutenir ces rebelles, ce que le Rwanda nie. En mai et juin, les attaques du M23 se sont déroulées de manière coordonnée sur plusieurs axes dans le Rutshuru, entraînant la mort de plusieurs dizaines de civils. Plus de 170.000 personnes ont été déplacées. La RDC, riche en minerais, est en proie à des dizaines de groupes armés dans l'Est, dont la plupart sont un héritage de deux guerres régionales il y a un quart de siècle.