Le gouvernement libyen et l'ONU s'inquiètent des attaques contre un tribunal

Le gouvernement libyen et l'ONU ont réitéré lundi leurs inquiétudes après de nouveaux incidents survenus devant le tribunal de Sebha (sud), empêchant Seif al-Islam Kadhafi de faire appel du rejet de sa candidature à la présidentielle.

AFRICA RADIO

29 novembre 2021 à 23h21 par AFP

Dans un communiqué diffusé tard lundi, le gouvernement intérimaire a déclaré "suivre avec une grande inquiétude les tensions aux abords du tribunal de Sebha, qui menacent la légitimité de l'institution judiciaire". "Menacer la vie des juges ou tenter d'influencer leur travail risquent de replonger Sebha dans la guerre civile", a-t-il mis en garde. Des images diffusées par la presse locale montrent des individus armés, présentés comme appartenant aux forces de Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est, bloquant l'accès au tribunal de première instance de cette ville semi-désertique située à quelque 650 kilomètres au sud de Tripoli. Des incidents similaires sont signalés depuis jeudi, empêchant pour la cinquième journée de suite les avocats du fils de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi de faire appel du rejet de sa candidature au scrutin du 24 décembre. Plusieurs dizaines de personnes, dont des partisans de Seif al-Islam, ont manifesté lundi à Sebha dans un climat de tensions pour dénoncer cette "atteinte au travail de la justice". La Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) a déclaré dans un communiqué "suivre avec une grande inquiétude la fermeture continue de la cour d'appel de Sebha", où des juges ont été "empêchés physiquement d'exercer leurs fonctions, entravant directement le processus électoral". Elle s'est également dite "alarmée par les informations de plus en plus nombreuses faisant état d'intimidations et de menaces à l'encontre de juges et d'employés de la justice, en particulier ceux qui traitent des plaintes liées aux élections, ainsi que contre des candidats dans un certain nombre d'endroits en Libye". La Haute commission électorale (HNEC) avait annoncé mercredi l'exclusion de 25 candidats pour non conformité aux dispositions de la loi électorale. Parmi eux Seif al-Islam Kadhafi, condamné à mort en 2015 à l'issue d'un procès expéditif, avant de bénéficier d'une amnistie. Disparu de la vie publique, il avait déposé sa candidature mi-novembre, misant sur le soutien des nostalgiques de l'ancien régime déçus par une interminable transition politique sur fond de chaos. Aboutissement d'un processus laborieux parrainé par l'ONU, la présidentielle du 24 décembre et le scrutin législatif prévu un mois plus tard sont censés tourner la page d'une décennie de conflit depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi.