Le Mali expulse le représentant de la Cédéao pour "agissements incompatibles avec son statut"

Le Mali a déclaré "persona non grata" le représentant spécial de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) Hamidou Boly, "au vu de ses agissements incompatibles avec son statut", a annoncé lundi le ministère malien des Affaires étrangères.

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26 octobre 2021 à 0h21 par AFP

Le diplomate, de nationalité burkinabè, "a 72 heures pour quitter le territoire national", explique le ministère dans un communiqué, ajoutant que la décision lui a été notifiée dans la matinée. Le ministre malien des Affaires étrangère et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a expliqué cette décision par le fait que Hamidou Boly "est engagé avec des groupes, des individus, de la société civile comme du monde politique et même du monde de la presse qui entreprennent des activités hostiles à la transition et qui ne cadrent pas du tout avec sa mission". Interrogé lundi soir par la télévision publique, il a déclaré que M. Boly "a outrepassé sa mission" de diplomate. Il a toutefois précisé qu'avec la Cédéao Bamako souhaite "continuer à avoir les relations de coopération" et demandé à l'organisation régionale "de désigner une autre personne qui a conscience des limites de son mandat". Cette décision d'expulsion intervient "après plusieurs mises en garde adressées à l'intéressé à travers sa hiérarchie", indique simplement le ministère qui "réitère la disponibilité du gouvernement (malien) à maintenir le dialogue avec la Cédéao et à oeuvrer ensemble pour la réussite de la transition". L'annonce du gouvernement malien a lieu dans un contexte diplomatique délicat, alors que la junte au pouvoir au Mali après deux putschs successifs en août 2020 et mai 2021, affiche de plus en plus clairement sa volonté de reporter les élections présidentielle et législatives devant permettre un retour à un pouvoir civil, scrutins dont la Cédéao exige la tenue à la date fixée. Le président ghanéen Nana Akufo-Addo, président en exercice de la conférence des chefs d'Etat de la Cédéao, en visite le 17 octobre au Mali, a délivré à la junte au pouvoir un "message ferme" sur la tenue d'élections en février, avait dit à l'AFP un membre de sa délégation.