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Les émissaires africain et américain de retour Ethiopie pour tenter de mettre fin à la guerre

Les émissaires de l'Union africaine (UA) et des Etats-Unis étaient de retour jeudi en Ethiopie, dans un nouvel effort pour obtenir un cessez-le-feu entre les forces gouvernementales et les rebelles tigréens qui s'affrontent dans le nord du pays.

AFRICA RADIO

18 novembre 2021 à 16h51 par AFP

Addis Abeba (AFP)

L'émissaire de l'UA pour la Corne de l'Afrique, l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, et son homologue américain Jeffrey Feltman s'étaient déjà rendus en Ethiopie au début du mois, alors que les combats connaissaient une escalade.

Après avoir gagné du terrain ces dernières semaines, les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) n'ont pas exclu de marcher sur la capitale Addis Abeba, ravivant les inquiétudes de la communauté internationale sur ce conflit qui dure depuis plus d'un an.

Lors de sa dernière visite, M. Obasanjo avait notamment fait deux voyages dans la capitale tigréenne Mekele, où il a rencontré des dirigeants du TPLF, signes de progrès après les nombreuses déclarations du TPLF jugeant l'UA -dont le siège est à Addis Abeba- comme partiale et favorable au gouvernement.

Une source au sein du TPLF a déclaré jeudi à l'AFP que M. Obasanjo pourrait retourner à Mekele cette semaine.

Lors d'une conférence de presse, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Dina Mufti, a expliqué qu'Olusegun Obasanjo "faisait la navette" entre les deux camps "dans une mission de type exploratoire".  

"Je pense qu'il est en train d'évaluer, il s'entretient avec différents partenaires.Au final, il présentera des propositions.Ces propositions ne sont pas encore évidentes", a-t-il déclaré.  

"La même chose vaut pour M. Feltman", a-t-il ajouté. 

- Avertissement aérien -

La guerre dans le nord de l'Ethiopie a débuté en novembre 2020 quand le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée destituer les autorités régionales issues du TPLF, qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.

Abiy Ahmed a déclaré la victoire le 28 novembre, mais les combattants du TPLF ont repris en juin l'essentiel du Tigré, puis avancé dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara.

Cette semaine, l'Autorité fédérale de l'aviation a conseillé aux transporteurs américains de faire preuve de prudence lorsqu'ils volent à destination ou à proximité d'Addis Abeba, car "les avions civils peuvent être directement ou indirectement exposés à des tirs". 

En visite mercredi au Kenya, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a renouvelé ses appels à un cessez-le-feu. 

La semaine dernière, M. Dina a déclaré que toute "solution pacifique" devrait avoir comme préalable un retrait du TPLF de l'Amhara et de l'Afar, ce que le TPLF considère comme "absolument pas envisageable". 

Le TPLF demande, lui, la fin de ce que l'ONU qualifie de blocus "de facto" du Tigré, où des centaines de milliers de personnes vivent dans des conditions proches de la famine, selon les Nations unies.

Près de 200 enfants sont morts de faim dans 14 hôpitaux de la région, selon des données recueillies par des médecins et des chercheurs locaux détaillées cette semaine à l'AFP.

Le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Demeke Mekonnen, a informé jeudi à Jeffrey Feltman que le gouvernement avait autorisé l'entrée de 369 camions d'aide au Tigré ainsi que des vols humanitaires vers Kombolcha et Lalibela, deux villes de l'Amhara qui seraient sous contrôle du TPLF, a affirmé un communiqué gouvernemental. 

Aucun camion n'était en revanche entré au Tigré via Semera, la capitale de l'Afar, jeudi à midi, selon des responsables humanitaires. 

- Commission d'enquête -

Les parlementaires éthiopiens ont annoncé jeudi la création d'une nouvelle commission d'enquête sur les arrestations massives menée dans le cadre de l'état d'urgence décrété le 2 novembre dans tout le pays.

Les arrestations de Tigréens se sont multipliées depuis l'instauration de ces mesures d'urgence, que le gouvernement défend comme nécessaires pour éradiquer les "terroristes" du TPLF. 

La Commission éthiopienne des droits de l'homme (EHRC), organisme rattaché au gouvernement, a affirmé mercredi que "des milliers" de personnes étaient détenues dans la seule ville d'Addis Abeba, et déploré s'être vue refuser l'accès à un grand nombre de centres de détention.

La commission parlementaire commencera vendredi des visites pour enquêter sur un éventuel profilage ethnique, a déclaré sa présidente, Lemma Tessema.

"Nous déterminerons si actuellement l'appareil sécuritaire applique l'état d'urgence en ciblant les personnes en fonction de leur appartenance ethnique ou en fonction de (...) crimes commis", a-t-elle déclaré.