Liberia: l'ancien chef de guerre Alhadji Kromah est mort

L'ancien chef de guerre libérien Alhaji Kromah a été enterré mercredi à Monrovia, après un ultime hommage de milliers de personnes malgré son rôle dans la sanglante première guerre civile à la tête d'un groupe armé, a constaté un correspondant de l'AFP.

AFRICA RADIO

19 janvier 2022 à 17h06 par AFP

Alhaji Kromah, âgé de 69 ans selon la presse, a dirigé le Mouvement uni de libération du Liberia (Ulimo), accusé de nombreuses atrocités pendant la première guerre civile qui a ensanglanté le pays de 1989 à 1997. En 2009, la Commission Vérité et Réconciliation, qui avait enquêté sur plus de 20 ans de violations des droits humains commis notamment pendant la première et la seconde guerre civile (1999-2003), avait recommandé qu'Alhaji Kromah soit poursuivi pour crimes de guerre. La première guerre civile a commencé lorsque Charles Taylor a lancé une rébellion en 1989 pour évincer le dictateur Samuel Doe qui avait assassiné le précédent dirigeant du pays lors d'un coup d'Etat sanglant en 1980. L'Ulimo a été créé par d'anciens partisans de Samuel Doe - tué à Monrovia par des rebelles en 1990 - pour combattre les forces de Charles Taylor. M. Kromah, qui fut ministre de l'Information de Samuel Doe, s'est présenté sans succès à l'élection présidentielle de 1997 au Liberia, avant de devenir professeur d'université. M. Kromah est décédé mardi, selon la présidence libérienne. Les causes de sa mort n'ont pas été communiquées. Le président George Weah a déclaré dans un communiqué mercredi avoir appris la nouvelle de sa mort de Kromah "avec une profonde tristesse", malgré des "opinions partagées" sur son action. L'ancien chef de guerre a été inhumé mercredi. Auparavant, des milliers de personnes se sont réunies dans un stade de la capitale pour un dernier hommage, a constaté un correspondant de l'AFP. Des appels sont régulièrement lancés en faveur de la création d'un tribunal des crimes de guerre au Liberia, un pays de cinq millions d'habitants où certains anciens seigneurs de guerre restent puissants. Ces appels sont jusqu'alors restés lettre morte.