Libye: verdict repoussé au 15 juin pour le massacre de la prison d'Abou Slim

Le procès du massacre de la prison d'Abou Slim a été ajourné au 15 juin, date à laquelle la justice libyenne devrait prononcer son verdict sur l'exécution de plus de 1.200 prisonniers politiques après une mutinerie en 1996, a indiqué mercredi une source judiciaire à l'AFP.

AFRICA RADIO

18 mai 2022 à 17h36 par AFP

"La première chambre criminelle de la Cour d'appel de Tripoli a reporté (mercredi) l'audience et rendra son verdict le 15 juin", a affirmé une source au bureau du procureur général. En juin 1996, 1.269 détenus politiques avaient été fusillés après une mutinerie dans la prison d'Abou Slim, à Tripoli, pour réclamer de meilleures conditions de détention. Ce n'est qu'à partir de 2001 que les familles des victimes ont appris le décès de leurs proches. Enterrées dans des fosses communes dans la cour de la prison, de nombreuses dépouilles n'ont pu être exhumées qu'après la chute du régime de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi. Les principaux accusés sont Abdallah al-Senoussi, ex-chef des services de renseignement libyens, et Mansour Daou, ancien chef de la garde rapprochée de Kadhafi. D'autres caciques de l'ancien régime sont sur le banc des accusés. En 2019, un tribunal libyen avait déclaré l'affaire non recevable, avant que la Cour suprême ne casse le jugement et renvoie un an après le dossier devant une nouvelle instance pénale. Le procès piétine depuis. Après la chute de Kadhafi en 2011, Abdallah al-Senoussi avait fui la Libye avant d'être extradé un an plus tard par la Mauritanie où il avait trouvé refuge. Tout comme la prison d'Abou Slim, cet homme, aujourd'hui âgé de 72 ans, est l'un des symboles des exactions de l'ancien régime. Beau-frère par alliance de Kadhafi, M. Senoussi faisait partie du premier cercle du pouvoir de l'ex-dictateur, qui a régné d'une main de fer sur le pays pendant 42 ans jusqu'à sa mort en 2011, dans le sillage des révoltes du Printemps arabe. En juin 2011, la Cour Pénale internationale (CPI) a émis un mandat d'arrêt à son encontre, l'accusant d'avoir commis "des meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l'humanité" pendant la révolte. En 2015, il a été condamné à mort pour son rôle présumé dans la répression de la révolte lors d'un procès dénoncé comme expéditif par l'ONU, et croupit depuis dans une prison libyenne.