Mali: décès de l'ex-président Keïta, associé à la descente aux enfers de son pays

L'ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta est décédé dimanche à Bamako à l'âge de 76 ans, un an et demi après avoir été renversé par les militaires qui défient aujourd'hui une partie de la communauté internationale.

AFRICA RADIO

16 janvier 2022 à 16h21 par AFP

Bamako (AFP)

Entamée en 2013, la présidence d'IBK - comme il était couramment appelé - a largement coïncidé avec la tourmente dans laquelle le Mali est pris depuis l'année précédente. 

M. Keïta, élu président du Mali en septembre 2013, avait été renversé par des militaires en août 2020.La junte actuellement au pouvoir invoque les maux accumulés pendant cette période pour projeter de continuer à diriger le pays encore plusieurs années.

"Le président IBK est décédé ce matin à 09H00 (GMT et locales) à son domicile" dans la capitale, où il vivait retiré, à l'écart de la vie publique, a indiqué à l'AFP un membre de sa famille. 

Cette information a été confirmée par plusieurs membres de sa famille et de son entourage.La cause du décès n'a pas été précisée. 

La télévision publique malienne a annoncé dans un bandeau qu'un programme des obsèques serait annoncé "ultérieurement".

La résidence de l'ancien président, située dans le sud-ouest de la capitale, était le théâtre dimanche après-midi d'un intense ballet de voitures de personnalités venues présenter leurs condoléances.Des policiers gardaient les entrées, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop s'est dit "attristé d'apprendre la disparition de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta" et s'est incliné dans un message sur Twitter "avec une grande émotion devant sa mémoire".

L'ex-président du Niger Mahamadou Issoufou, camarade du défunt au sein de l'Internationale socialiste, a salué "un homme cultivé, un grand patriote et un panafricaniste".

Ibrahim Boubacar Keïta avait été chassé du pouvoir après des mois de mobilisation au sein d'une population exaspérée par les violences en tous genres - jihadistes, communautaires ou crapuleuses -, par la faillite des services de l'Etat et par une corruption réputée galopante.

Il disparaît alors que les colonels font voeu de remédier aux maux du pays et assurent avoir besoin de plusieurs années pour y parvenir et de pouvoir tenir la promesse initialement faite de rendre le pouvoir aux civils.

- sanctions -

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) ont pris le 16 janvier une batterie de mesures économiques et diplomatiques vigoureuses à l'encontre du Mali.

Ces mesures sanctionnent la promesse non tenue des colonels d'organiser le 27 février prochain des élections présidentielle et législatives qui auraient ramené des civils à la tête du pays.

Le Mali est déjà plongé dans une grave crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012.

Les détracteurs du défunt président mettent en exergue "la corruption" au Mali pendant ses années de pouvoir.

M. Keïta, qui se réclamait de la gauche, a connu une ascension fulgurante sous Alpha Oumar Konaré, premier président (1992-2002) de l'ère démocratique du Mali.Il a notamment a été Premier ministre de 1994 à 2000.

Prétendant malheureux à l'élection présidentielle de 2002, il tient sa revanche en accédant au palais de Koulouba, le siège de la présidence malienne à Bamako, en 2013. 

Il sera réélu en 2018 face à Soumaïla Cissé, alors leader de l'opposition et décédé en décembre 2020 du Covid-19. 

Le coup d'Etat qui l'a renversé en août 2020 a été suivi d'un deuxième en mai 2021.La junte conduite par le colonel Assimi Goïta a annoncé son intention de diriger le pays pendant plusieurs années.