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Mali: l'armée dit avoir sanctionné les auteurs de tortures de civils

L'armée malienne a annoncé mercredi avoir identifié et sanctionné les soldats ayant commis des actes de tortures sur des citoyens à Gao, dans le nord du pays, et rejeté toute implication dans des exécutions sommaires.

AFRICA RADIO

13 octobre 2021 à 19h36 par AFP

Des vidéos montrant des scènes de torture et des corps de citoyens en décomposition ont récemment été diffusées sur les réseaux citoyens, suscitant des réactions d'indignation. La Mission des Nations unies pour le Mali (Minusma) "a condamné fermement les amputations de civils" dans la région de Gao, dans un communiqué publié mercredi, en lien avec ces allégations. Elle a appelé à traduire en justice leurs auteurs. "Les faits ont été renseignés et les auteurs formellement identifiés", a réagi l'armée dans un communiqué mercredi, quelques heures après celui de la Minusma. "Des sanctions disciplinaires sont déjà infligées aux auteurs qui ont été mis à la disposition de la gendarmerie nationale", a-t-elle précisé. L'armée "se porte en faux contre les allégations visant à (l')incriminer dans les exécutions sommaires dont les images ont inondé les réseaux sociaux", poursuit le texte. Le 30 août, la Minusma s'était inquiétée de l'aggravation des violences contre les civils, imputable aux groupes jihadistes qui poursuivent leur progression vers le sud, mais aussi à des milices communautaires et à l'armée. Dans son rapport trimestriel couvrant avril, mai et juin, la division des droits de l'Homme de la Minusma note aussi que, par "des accords dits de non-agression ou de réconciliation", les jihadistes imposent leur version rigoriste de l'islam dans certains secteurs du centre du pays. "Entre avril et juin, au moins 527 civils ont été tués, blessés ou enlevés/disparus, soit une augmentation globale de plus de 25% par rapport au premier trimestre (421)", la plupart dans le centre, selon le rapport. Cinquante-quatre pour cent des personnes tuées, blessées et enlevées l'ont été par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM ou Jnim en arabe), lié à Al-Qaïda, et par d'autres organisations jihadistes comme le groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS), indique l'ONU. Le rapport dénombre 156 enlèvements attribués aux jihadistes, visant en particulier "des personnes considérées ou perçues comme étant des informateurs ou proches des forces maliennes et/ou internationales". Les milices et groupes d'autodéfense à base communautaire, tels que le groupe de chasseurs dogon Dan Nan Ambassagou, sont tenus pour responsables de 20% des exactions. De leur côté, l'armée malienne et les forces internationales comptent pour respectivement 9 % et 6 % du nombre total de civils victimes d'exactions, selon le rapport. Des forces onusiennes, françaises et régionales opèrent au Mali.