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Maroc: un journaliste incarcéré en mauvaise santé, victime de "persécutions" (famille)

Le journaliste marocain Taoufik Bouachrine, incarcéré depuis 2018, subit des "mauvais traitements" de la part de l'administration pénitentiaire, a indiqué jeudi sa famille qui s'inquiète de la détérioration de son état de santé et appelle à une "intervention d'urgence".

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18 mai 2023 à 17h36 par AFP

M. Bouachrine, 54 ans, fondateur et éditorialiste du quotidien Akhbar Al Yaoum, souffre du diabète et est la cible de "persécutions" et de "mauvais traitements infligés par l'établissement pénitentiaire à son encontre", a affirmé son épouse Asmae Moussaoui dans un message adressé à l'AFP. En raison de complications liées à son diabète, il "souffre depuis trois ans de douleurs terribles dans son épaule (...) et le médecin traitant de la prison lui a conseillé de poursuivre les soins dans un hôpital situé à l'extérieur de la prison", explique-t-elle. L'établissement pénitentiaire a accepté qu'il poursuive ce traitement en dehors de la prison "mais à condition qu'il soit menotté et porte l'uniforme des criminels, ce qui a été refusé par le journaliste, y voyant une atteinte à sa dignité et à son humanité", détaille Mme Moussaoui. Sollicitée par l'AFP, l'administration pénitentiaire (DGAPR) n'a pas immédiatement réagi, mais dans une "mise au point" publiée le week-end dernier elle avait assuré que "le détenu T.B (...) bénéficie des soins de santé nécessaires aussi bien au sein de l'établissement pénitentiaire que dans les hôpitaux extérieurs". Taoufik Bouachrine a été condamné à 15 ans de prison pour "viol", "traite des êtres humains" et "agressions sexuelles" à l'encontre de plusieurs femmes. Il a nié ces accusations. Face aux critiques, les autorités marocaines répondent que M. Bouachrine a été jugé dans le cadre d'une affaire de droit commun qui n'a aucun lien avec sa liberté d'expression, en mettant en avant "l'indépendance de la justice". Dans un rapport publié en juillet 2022, l'ONG Human Rights Watch (HRW) avait dénoncé des "techniques de répression" au Maroc visant à faire taire des journalistes et des opposants avec des procès pour des crimes de droit commun, en particulier sexuels. L'ONG Amnesty International a récemment accusé l'administration pénitentiaire de "priver du droit de lire et d'écrire" des défenseurs des droits humains et des journalistes emprisonnés, dont M. Bouachrine. Des accusations récusées par la DGAPR.