Migration: premier vol d'évacuation depuis la Libye après des mois d'interruption

Un groupe de 127 migrants gambiens bloqués en Libye ont été rapatriés jeudi, marquant la reprise des vols humanitaires depuis ce pays après plusieurs mois de suspension, a annoncé vendredi l'Organisation internationale des migrations (OIM).

AFRICA RADIO

22 octobre 2021 à 13h21 par AFP

"127 migrants gambiens ont été aidés à rentrer en Gambie après que le programme de retour volontaire de l'OIM a reçu l'autorisation de reprendre les vols depuis la Libye", a indiqué la même source. La Libye est un important point de passage pour des dizaines de milliers de migrants cherchant à gagner l'Europe, majoritairement issus de pays d'Afrique subsaharienne. En raison du chaos post-révolte de 2011, le pays d'Afrique du Nord est devenu la plaque tournante du trafic d'êtres humains sur le continent. La reprise des vols humanitaires a coïncidé avec la tenue à Tripoli d'une conférence internationale pour soutenir la stabilité en Libye, au cours de laquelle la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a exhorté les autorités libyennes à accélérer le rapatriement des réfugiés bloqués dans le pays et à libérer les migrants en détention. Tripoli fait face depuis plusieurs semaines à de multiples critiques pour les mauvais traitements infligés aux migrants. Les autorités avaient lancé début octobre un raid antimigrants dans la capitale, faisant un mort et au moins 15 blessés. Au moins 5.000 personnes ont été arrêtées lors de cette opération menée officiellement au nom de la lutte contre le trafic de drogue. Quelques jours plus tard, environ 2.000 migrants se sont évadés d'un centre et six d'entre eux ont été tués par balles par des gardes libyens, selon l'OIM. Le ministère l'Intérieur a fait état d'une "bousculade" survenue pendant l'évasion entraînant "la mort d'un migrant en situation irrégulière et blessant d'autres migrants et de nombreux policiers". Depuis, plusieurs centaines de migrants observent un sit-in devant le bureau local du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) pour exiger leur évacuation de ce pays "pas sûr". Le HCR a salué vendredi dans un communiqué l'autorisation de reprendre les évacuations humanitaires. Mais cela "ne suffit pas", car les vols "ne profiteront qu'à un nombre limité de personnes", selon Vincent Cochetel, envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée centrale . Or, "plus de 1.000 réfugiés et demandeurs d'asile vulnérables sont actuellement prioritaires pour des vols humanitaires".