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Le président Alassane Dramane Ouattara, dit ADO, voulait laisser l'image d'un économiste bâtisseur et démocrate, ayant pacifié la Côte d'Ivoire après une longue crise meurtrière.Sa candidature à un troisième mandat controversé a abimé son image, l'opposition l'accusant d'être un "dictateur".

"On ne peut pas me dire que je suis un dictateur ! Je ne souhaitais pas faire un troisi&egrave;me mandat (...).Mais est-ce que j'avais le droit de mettre mon aura personnelle au dessus de l'int&eacute;r&ecirc;t de mon parti et de mon pays ?", se d&eacute;fend-il.
En mars, il avait annonc&eacute; qu'il passait la main, pour se d&eacute;dire en ao&ucirc;t apr&egrave;s la mort de son dauphin d&eacute;sign&eacute;, son Premier ministre et ami Amadou Gon Coulibaly.
En dressant son bilan en mars, ADO en avait convenu : "Je n'ai certainement pas tout&nbsp;r&eacute;ussi, mais les r&eacute;sultats sont l&agrave; (...) J'ai donn&eacute; le meilleur de moi-m&ecirc;me".
Il rappelle souvent qu'il a h&eacute;rit&eacute; d'un pays "en lambeaux", et se targue d'avoir "ramen&eacute; la paix et la s&eacute;curit&eacute;" et "remis le pays au travail".
Le pr&eacute;sident Laurent Gbagbo ayant refus&eacute; de reconna&icirc;tre sa d&eacute;faite dans les urnes en 2010, Alassane Ouattara est arriv&eacute; au pouvoir par les armes, gr&acirc;ce au soutien de la r&eacute;bellion du Nord, de l'arm&eacute;e fran&ccedil;aise, ancienne puissance coloniale, et de l'ONU.
Il a h&eacute;rit&eacute; d'un pays scind&eacute; en deux depuis 2002, aux tensions intercommunautaires &agrave; fleur de peau, &agrave; l'&eacute;conomie min&eacute;e par les violences et les sanctions internationales.
Cet ancien haut dirigeant du Fonds mon&eacute;taire international (FMI) et de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a su, pendant ses dix ans &agrave; la pr&eacute;sidence, jouer de ses relations avec les Occidentaux et les bailleurs de fonds pour attirer&nbsp;&agrave; nouveau capitaux et investisseurs.
Alassane Ouattara a ainsi transform&eacute; la C&ocirc;te d'Ivoire, menant notamment une ambitieuse politique de grands travaux.

- Image de technocrate -

Mais ses d&eacute;tracteurs critiquent un "technocrate international sans &acirc;me", sans volont&eacute; sociale et ayant instrumentalis&eacute; la justice contre ses opposants.
Si la croissance &eacute;conomique est au rendez-vous, avec une moyenne de 7 &agrave; 8% par an depuis 2012, la pauvret&eacute; reste omnipr&eacute;sente et l'&eacute;migration clandestine vers l'Europe conna&icirc;t ces derni&egrave;res ann&eacute;es une ampleur jamais vue.
Alassane Ouattara est aussi loin d'avoir jugul&eacute; la corruption, pourtant l'une de ses promesses de campagne.&nbsp;
N&eacute; le 1er janvier 1942 &agrave; Dimbokro (centre), Alassane Ouattara a accompli la majorit&eacute; de sa scolarit&eacute; au Burkina Faso voisin.
Issu du nord du pays majoritairement musulman, il a longtemps &eacute;t&eacute; le symbole de la crise identitaire qui a d&eacute;chir&eacute; la C&ocirc;te d'Ivoire.

- "Ivoirit&eacute;" -

Mari&eacute; &agrave; une Fran&ccedil;aise, il entre en 1968 au FMI et devient en 1983 vice-gouverneur de la BCEAO, dont il sera plus tard gouverneur.
En 1990, il est nomm&eacute; Premier ministre par le pr&eacute;sident F&eacute;lix Houphou&euml;t-Boigny, fonction qu'il exerce jusqu'&agrave; la mort du "Vieux" en 1993.
Redoutant ses ambitions, le camp du nouveau pr&eacute;sident Henri Konan B&eacute;di&eacute; tente de prouver l'in&eacute;ligibilit&eacute; de Ouattara, accus&eacute; d'&ecirc;tre d'origine burkinab&egrave;.Commence ainsi un d&eacute;bat empoisonn&eacute; sur&nbsp;l'"ivoirit&eacute;", un concept nationaliste qui a particip&eacute; &agrave; la mont&eacute;e des tensions communautaires.&nbsp;
Lors de la pr&eacute;sidentielle de 2000, la candidature de Ouattara est ainsi rejet&eacute;e pour "nationalit&eacute; douteuse".
Apr&egrave;s un putsch manqu&eacute; en 2002, la partition de la C&ocirc;te d'Ivoire s'impose avec un Sud tenu par le camp du pr&eacute;sident Gbagbo et un Nord rebelle pro-Ouattara.
Sous la pression internationale, Laurent Gbagbo valide en 2005 la candidature Ouattara &agrave; la pr&eacute;sidentielle, scrutin report&eacute; jusqu'en novembre 2010 et suivi d'une crise qui fera plus de 3.000 morts.
Une offensive finale permet &agrave; ADO d'acc&eacute;der au pouvoir le 11 avril 2011.&nbsp;Sa r&eacute;&eacute;lection triomphale en 2015 - plus de 83% des voix au premier tour - tranche l'incessant d&eacute;bat sur sa l&eacute;gitimit&eacute;.
Sa candidature &agrave; un troisi&egrave;me mandat a une nouvelle fois brouill&eacute; les cartes.&nbsp;
"Le masque est tomb&eacute;.Il se pr&eacute;sentait comme un humaniste, un homme de paix, un haut fonctionnaire &agrave; l'occidentale qui voulait la d&eacute;mocratie...Il est comme la plupart de nos pr&eacute;sident africains, un chef qui veut garder le pouvoir pour son clan et qui n'h&eacute;site pas &agrave; r&eacute;primer pour se maintenir", affirme sous couvert de l'anonymat un homme du s&eacute;rail pass&eacute; dans l'opposition.
"Il se sacrifie.Vraiment, il ne voulait pas y aller mais certains d'entre nous lui ont forc&eacute; la main.Moi, je lui ai dit que j'arr&ecirc;tais si c'&eacute;tait quelqu'un d'autre.C'est le seul capable de f&eacute;d&eacute;rer, le seul capable de mener le bateau", r&eacute;torque un ministre.

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