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La justice algérienne a condamné trois opposants à des peines de prison ferme pour leurs publications sur les réseaux sociaux, dans le collimateur d'un régime qui cherche à exploiter la pandémie du nouveau coronavirus pour étouffer le "Hirak", le mouvement de protestation populaire né en 2019.

"L'activiste Soheib Debaghi a &eacute;t&eacute; condamn&eacute; (mardi) &agrave; un an de prison ferme" &agrave; Alger pour "incitation &agrave; attroupement, outrage &agrave; corps constitu&eacute; et publications Facebook pouvant porter atteinte &agrave; l'int&eacute;r&ecirc;t national", selon le Comit&eacute; national pour la lib&eacute;ration des d&eacute;tenus (CNLD), une association de soutien aux prisonniers.&nbsp;
Deux autres militants du&nbsp;"Hirak", Larbi Tahar et Boussif Mohamed Boudiaf, ont &eacute;cop&eacute; mardi de 18 mois de prison ferme, &eacute;galement pour des publications sur Facebook, d'apr&egrave;s CNLD et l'antenne alg&eacute;rienne d'Amnesty International.
Leur peine a &eacute;t&eacute; prononc&eacute;e par un tribunal de la wilaya (pr&eacute;fecture) d'El Bayadh, au sud-ouest d'Alger, lors d'une audience par visioconf&eacute;rence.Le procureur avait requis trois ans de prison ferme, a pr&eacute;cis&eacute; le CNLD.
Selon son avocat Me Abdelghani Badi, Larbi Tahar &eacute;tait accus&eacute; d'"outrage au pr&eacute;sident de la R&eacute;publique" pour des messages publics dans lesquels il qualifiait Abdelmadjid Tebboune de "pr&eacute;sident ill&eacute;gitime".&nbsp;
M. Tebboune a &eacute;t&eacute; &eacute;lu le 12 d&eacute;cembre 2019 lors d'un scrutin rejet&eacute; par le "Hirak" et marqu&eacute; par un taux d'abstention de 60%.
Quant &agrave; Boussif Mohamed Boudiaf, il a d&eacute;nonc&eacute; "l'injustice" du syst&egrave;me judiciaire &agrave; travers ses publications, a pr&eacute;cis&eacute; sur Facebook l'avocat, qui le repr&eacute;sente &eacute;galement.
Les trois militants condamn&eacute;s sont d&eacute;j&agrave; en d&eacute;tention.
Par ailleurs, le parquet d'A&iuml;n Temouchent (ouest) a requis mercredi neuf ans de prison ferme et une tr&egrave;s forte amende contre un d&eacute;tenu hirakiste, Hicham Sahraoui, accus&eacute; notamment "d'outrage &agrave; corps constitu&eacute; et d'atteinte &agrave; la personne du pr&eacute;sident de la R&eacute;publique", selon le CNLD.

- "R&eacute;pression &agrave; l'aveugle" -

Malgr&eacute; la pand&eacute;mie de Covid-19 qui a contraint la contestation &agrave; suspendre ses manifestations depuis mi-mars, le r&eacute;gime alg&eacute;rien --maniant la carotte et le b&acirc;ton-- continue de cibler opposants, journalistes, m&eacute;dias ind&eacute;pendants et internautes.
Pendant que des activistes&nbsp;du "Hirak" sont rel&acirc;ch&eacute;s au compte-gouttes, comme Abdelouahab Fersaoui, un chef de file&nbsp;du mouvement lib&eacute;r&eacute; lundi apr&egrave;s huit mois derri&egrave;re les barreaux, d'autres sont interpell&eacute;s et traduits en justice dans tout le pays.
Selon le dernier d&eacute;compte du CNLD, quelque soixante personnes sont actuellement en d&eacute;tention dans les prisons alg&eacute;riennes pour des faits li&eacute;s au "Hirak".
"Il s'agit d'une r&eacute;pression &agrave; l'aveugle, un coup les journalistes, un coup les m&eacute;dias, un coup les militants, un coup les r&eacute;seaux sociaux", observe Karima Direche, historienne sp&eacute;cialiste du Maghreb, &eacute;voquant la "politique de balancier" d'un "r&eacute;gime en fin de vie".
Depuis le d&eacute;but du soul&egrave;vement populaire le 22 f&eacute;vrier 2019, des internautes isol&eacute;s, en particulier en province, sont r&eacute;guli&egrave;rement poursuivis pour leurs publications sur les r&eacute;seaux sociaux.
Un jeune partisan du "Hirak", Walid Kechida, est en d&eacute;tention depuis le 27 avril &agrave; S&eacute;tif (nord-est), pour avoir publi&eacute; des m&egrave;mes, images virales comiques ou satiriques d&eacute;tourn&eacute;es sur les r&eacute;seaux sociaux, moquant les autorit&eacute;s et la religion.
Le militant de 25 ans est accus&eacute; d'"outrage &agrave; corps constitu&eacute;", d'"offense au pr&eacute;sident de la R&eacute;publique" et "aux pr&eacute;ceptes de l'islam".Il risque jusqu'&agrave; cinq ans de prison.
Selon les analystes interrog&eacute;s par l'AFP, le&nbsp;pouvoir alg&eacute;rien profite de la crise sanitaire pour enterrer une bonne fois pour toutes la contestation.
"La pand&eacute;mie du Covid-19 est une aubaine pour le pouvoir", estime Hac&egrave;ne Hir&egrave;che, professeur d'universit&eacute;.
"Sa pr&eacute;occupation obsessionnelle depuis le 22 f&eacute;vrier est de mettre fin aux manifestations de rue.Tout a &eacute;t&eacute; entrepris pour cela: r&eacute;pression, manipulation, tentative de division, infiltration des rangs des meneurs, etc.Mais rien n'y a fait, le peuple alg&eacute;rien est rest&eacute; d&eacute;termin&eacute;, uni et conscient des enjeux.C&rsquo;est in&eacute;dit", juge-t-il.
Le "Hirak" r&eacute;clame un changement du "syst&egrave;me" en place depuis l'ind&eacute;pendance du pays en 1962.En vain, jusqu'&agrave; pr&eacute;sent, m&ecirc;me s'il a obtenu la t&ecirc;te du pr&eacute;sident Abdelaziz Bouteflika apr&egrave;s 20 ans de r&egrave;gne.

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