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"Les gens nous agressent moins parce qu'ils ont peur (d'&ecirc;tre contamin&eacute;s), mais on a moins de travail et moins d'argent", r&eacute;sume la jeune femme, rencontr&eacute;e dans un v&eacute;hicule refuge pour les d&eacute;munis &agrave; Abbassiya (est du Caire), tout en surveillant du coin de l'oeil son bambin d'un an.
En Egypte, pays de 100 millions d'habitants o&ugrave; pr&egrave;s d'un tiers de la population vit officiellement sous le seuil de pauvret&eacute;, les enfants des rues occupent le bas de l'&eacute;chelle sociale et sont expos&eacute;s &agrave; des violences verbales, physiques et sexuelles.
La maladie progresse dans le pays avec quelque 900 nouvelles infections quotidiennes.Au total, le bilan sanitaire s'&eacute;l&egrave;ve &agrave; pr&egrave;s de 84.000 infections dont plus de 4.000 d&eacute;c&egrave;s.

- Stigmatis&eacute;s et isol&eacute;s -

Jour et nuit, ces enfants ramassent les ordures, travaillent dans des parkings ou mendient quelques pi&egrave;ces en &eacute;change de mouchoirs en papier.
Certains vivent sous un toit familial dans les quartiers d&eacute;favoris&eacute;s de la capitale, d'autres sont sans-abris, en rupture avec leurs proches.En revanche, beaucoup sont scolaris&eacute;s, selon la chercheuse Mariam Hichem.
Stigmatis&eacute;s, "ils sont isol&eacute;s, la population les &eacute;vite (...) et leurs revenus ont diminu&eacute;", affirme Youssef Bastawrous, un responsable de l'ONG Samusocial International.
En 2014, les autorit&eacute;s les &eacute;valuaient &agrave; environ 16.000 dans le pays, une "sous-estimation" de leur nombre r&eacute;el, selon Jonathan Crickx, responsable de la communication au bureau local du Fonds de l'ONU pour l'enfance (Unicef).
Souvent issus de plusieurs g&eacute;n&eacute;rations d'enfants des rues, la plupart d'entre eux sont absents des registres de l'&eacute;tat civil, ce qui rend les statistiques parcellaires.
Dot&eacute; de 17 unit&eacute;s mobiles qui vont &agrave; leur rencontre, le programme national "Atfal bala ma'wa" ("Enfants sans abri"), lanc&eacute; en 2016, vise &agrave; les "int&eacute;grer" et &agrave; "leur faire abandonner les comportements de la rue", explique Mohamed Chaker, responsable au minist&egrave;re de la Solidarit&eacute; sociale.
Venu se changer les id&eacute;es et prendre une collation, Karim, qui affirme avoir 12 ans, est un habitu&eacute; du v&eacute;hicule refuge d'Abbassiya.
"Je viens ici pour jouer.(...) L'&eacute;cole me manque.Depuis qu'elle a ferm&eacute;, j'ai tout oubli&eacute;.Avant, j'apprenais &agrave; lire et &agrave; compter", regrette le petit gar&ccedil;on ch&eacute;tif,&nbsp;qui dort dans un parc du quartier et gagne son pain en nettoyant des pare-brises de voitures.
Fin mars, les &eacute;tablissements scolaires &eacute;gyptiens ont ferm&eacute;, pour lutter contre le virus.
Par ailleurs, la pand&eacute;mie a affect&eacute; l'aide humanitaire propos&eacute;e &agrave; ces enfants.&nbsp;Et la r&eacute;cession &eacute;conomique a engendr&eacute; une "baisse du financement" des associations, selon l'Unicef.
Contraints de limiter leurs activit&eacute;s nocturnes notamment durant le couvre-feu en vigueur entre mars et juin, les ONG et le minist&egrave;re ont mis l'accent sur leurs services m&eacute;dicaux.

- Quotidien boulevers&eacute; -

"Nous les sensibilisons aux enjeux sanitaires, nous distribuons des masques et leur expliquons comment se laver les mains", a ajout&eacute; M. Bestawrous.
Fin juin, les autorit&eacute;s ont d&eacute;cid&eacute; de rouvrir partiellement les mosqu&eacute;es, les caf&eacute;s et les restaurants, les lieux culturels,&nbsp;et d'annuler le couvre-feu.
Si ces mesures ont pu profiter aux enfants, la fermeture des mosqu&eacute;es en dehors des horaires de pri&egrave;res a boulevers&eacute; leur quotidien, estiment MM.Bestawrous et Chaker.
Gr&acirc;ce &agrave; leurs salles d'eau accessibles &agrave; tous, ces lieux constituent des points n&eacute;vralgiques pour les enfants, car ils leur procurent un minimum d'hygi&egrave;ne quotidienne.
En cette p&eacute;riode incertaine, ils sont vuln&eacute;rables &agrave; la maladie et souvent cibl&eacute;s par les tracasseries des autorit&eacute;s, estime Mme Hichem.
Jugeant l'initiative "Atfal bala ma'wa" limit&eacute;e, elle consid&egrave;re que l'Etat, qui s'emploie surtout &agrave; "&eacute;radiquer le ph&eacute;nom&egrave;ne", n'aide pas vraiment les enfants.
Plut&ocirc;t floue, la l&eacute;gislation antimendicit&eacute; rend d&eacute;j&agrave; leur pr&eacute;sence dans la rue ill&eacute;gale et de futures mesures sanitaires pourraient aggraver le risque d'arrestation, avertit la chercheuse.
"Les policiers les traitent d&eacute;j&agrave; comme des d&eacute;chets", d&eacute;plore-t-elle.

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