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Soudan: 11 morts dans des heurts tribaux au Darfour (source médicale)

Au Darfour, de nouvelles violences ravivent des vieilles craintes

Revenu sur ses terres au Darfour après 10 ans passés dans des camps de déplacés, Abbas Abdallah a été agressé et ses récoltes ont été détruites.Il craint aujourd'hui de s'être réinstallé trop hâtivement dans son village de cette région instable du Soudan.

Issu de la tribu Bergid, ce fermier a &eacute;t&eacute; attaqu&eacute; en janvier par des nomades arabes &agrave; cheval et &agrave; dos de chameau dans son village, situ&eacute; &agrave; 90 kilom&egrave;tres au nord-est de Nyala, capitale du Darfour-Sud.
"Les cavaliers arabes m'ont fouett&eacute; et m'ont forc&eacute; &agrave; rester debout sous le soleil br&ucirc;lant jusqu'au cr&eacute;puscule", confie l'octog&eacute;naire &agrave; l'AFP."Puis ils ont autoris&eacute; leur b&eacute;tail &agrave; brouter mes r&eacute;coltes.Tout a &eacute;t&eacute; d&eacute;truit."
M. Abdallah fait partie des quelque 700 personnes qui ont d&eacute;cid&eacute; de se r&eacute;installer &agrave; Hamada ces derni&egrave;res ann&eacute;es, apr&egrave;s avoir fui le conflit meurtrier au Darfour (ouest), d&eacute;but&eacute; en 2003.
La r&eacute;cente attaque qu'il a subie n'est pas sans rappeler les pires heures du conflit qui a oppos&eacute; les forces &agrave; majorit&eacute; arabe du r&eacute;gime de l'ex-pr&eacute;sident Omar el-B&eacute;chir, destitu&eacute; en avril 2019, &agrave; des minorit&eacute;s ethniques de la r&eacute;gion s'estimant marginalis&eacute;es.
Les violences ont fait environ 300.000 morts, surtout dans les premi&egrave;res ann&eacute;es du conflit, et plus de 2,5 millions de d&eacute;plac&eacute;s, selon l'ONU.
En 2005, Hamada avait &eacute;t&eacute; attaqu&eacute; par la milice arm&eacute;e des Janjawids, compos&eacute;e de nomades arabes &agrave; la solde de B&eacute;chir et accus&eacute;s d'avoir commis des atrocit&eacute;s.
Ils avaient alors incendi&eacute; des fermes, abattu des b&ecirc;tes et engendr&eacute; l'exode des 3.000 habitants du village qui se sont r&eacute;fugi&eacute;s - &agrave; l'instar du vieillard - dans des camps de d&eacute;plac&eacute;s au Soudan.
Constatant un apaisement du conflit, M. Abdallah a d&eacute;cid&eacute; en 2016 de se r&eacute;installer dans son village, o&ugrave; la mission de paix de l'ONU et de l'Union Africaine (Minuad) menait alors des patrouilles r&eacute;guli&egrave;res.
De retour sur ses terres fertiles, le paysan a repris la culture des oranges, des mangues et de l&eacute;gumes.&nbsp;
Des &eacute;chauffour&eacute;es ont parfois &eacute;clat&eacute; avec des &eacute;leveurs arabes sur l'acc&egrave;s &agrave; la terre ou des vols de b&eacute;tail.

- Ins&eacute;curit&eacute; -

Mais la flamb&eacute;e de violence qui a embras&eacute; la r&eacute;gion &agrave; la mi-janvier, faisant 250 victimes et des dizaines de bless&eacute;s dans les Etats du Darfour-Sud et Ouest l'a terrifi&eacute;.
Survenus deux semaines apr&egrave;s la fin de l'intervention de la Minuad qui &eacute;tait pr&eacute;sente depuis treize ans dans la r&eacute;gion, ces affrontements ont &eacute;t&eacute; les plus meurtriers depuis des mois.
Outre M. Abdallah, d'autres villageois sont inquiets de la hausse de l'ins&eacute;curit&eacute; &agrave; Hamada.
Khadija Bekhit raconte avoir fait face &agrave; des barrages de miliciens arabes sur la route qu'elle emprunte pour ramasser du bois."Ils nous frappent et nous retiennent pendant des heures", s'emporte-t-elle.
Munis d'armes &agrave; feu, des nomades arabes d&eacute;truisent r&eacute;guli&egrave;rement les r&eacute;coltes, se d&eacute;sole de son c&ocirc;t&eacute; l'agriculteur Mohamed Adam.
La d&eacute;ception est grande pour ces habitants qui esp&eacute;raient tourner la page des violences interethniques apr&egrave;s la chute de B&eacute;chir en 2019, sous la pression de la rue.
Emprisonn&eacute; depuis sa destitution, l'ex-autocrate est recherch&eacute; par la Cour p&eacute;nale internationale (CPI) pour "crimes de guerre", "crimes contre l'humanit&eacute;" et "g&eacute;nocide" au Darfour.
En 2020, le gouvernement soudanais de transition - &agrave; majorit&eacute; civile - s'est engag&eacute; &agrave; le livrer &agrave; la CPI et a sign&eacute; un accord de paix avec plusieurs groupes rebelles, du Darfour notamment.
Derni&egrave;rement, l'arm&eacute;e et la police ont &eacute;t&eacute; d&eacute;ploy&eacute;es dans la r&eacute;gion afin d'emp&ecirc;cher de nouveaux heurts.
Mais les habitants de Hamada estiment que les autorit&eacute;s n'en ont pas fait assez pour les prot&eacute;ger.
"Il y a seulement quatre policiers dans le village et ils n'ont m&ecirc;me pas de voiture pour poursuivre les assaillants", s'indigne M. Adam.
Pour Abdallah Mohamed, un chef de la tribu Bergid, cette recrudescence d'attaques risque de dissuader les villageois exil&eacute;s de revenir.
"Ils ont encore trop peur des milices arabes arm&eacute;es (...) Ils sont moins susceptibles de revenir au village maintenant", regrette-t-il.

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