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Au Sahel, le pari risqué de la France pour éviter l'enlisement

Se transformer pour éviter l'enlisement: c'est le choix qu'a fait Emmanuel Macron en annonçant la fin de l'opération française Barkhane au Sahel au profit d'une coalition internationale.Un pari risqué, avec des armées sahéliennes fragiles et des Européens à mobiliser.

- D&eacute;crue massive -
Apr&egrave;s huit ans de pr&eacute;sence ininterrompue au Sahel o&ugrave; sont aujourd'hui d&eacute;ploy&eacute;s 5.100 de ses militaires, la France veut d&eacute;sormais passer d'une force en premi&egrave;re ligne contre les jihadistes &agrave; une force d'accompagnement et d'appui (renseignement, drones, avions de chasse...).Une mani&egrave;re de r&eacute;duire les risques et d'obliger les Etats de la r&eacute;gion &agrave; prendre de plus en plus en main leur propre s&eacute;curit&eacute;.&nbsp;
L'ex&eacute;cutif attend officiellement d'&eacute;changer fin juin avec ses partenaires europ&eacute;ens, l'Alg&eacute;rie et l'ONU pour livrer des d&eacute;tails sur le nouveau dispositif.
Mais selon le projet &eacute;tudi&eacute;, la France pr&eacute;voit de quitter des bases du nord du Mali -- Tessalit, Kidal et Tombouctou -- d'ici fin 2021 pour concentrer sa pr&eacute;sence sur les emprises de Gao et M&eacute;naka, plus proches de la zone dite des "trois fronti&egrave;res", aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, ainsi qu'&agrave; Niamey, la capitale du Niger.
La d&eacute;croissance des effectifs militaires fran&ccedil;ais s'op&eacute;rera progressivement, avec un jalon &agrave; environ 3.500 hommes d'ici un an puis 2.500 personnes d'ici 2023, selon une source famili&egrave;re du dossier.&nbsp;Les commandos d'&eacute;lite de la task force fran&ccedil;aise "Sabre" devraient &ecirc;tre maintenus pour poursuivre la traque des chefs jihadistes.&nbsp;
"L'engagement militaire de la France restera tr&egrave;s significatif", a assur&eacute; vendredi la ministre fran&ccedil;aise des Arm&eacute;es Florence Parly."Il nous faut combattre les groupes terroristes, continuer ce travail qui permettra aux forces arm&eacute;es du Sahel d'&ecirc;tre en situation de r&eacute;pondre et de riposter".

- Coalition d'Europ&eacute;ens &agrave; consolider -

La mue de la pr&eacute;sence militaire fran&ccedil;aise au Sahel avait d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; amorc&eacute;e d&egrave;s l'an dernier, avec le lancement, &agrave; l'initiative de Paris, du groupement de forces sp&eacute;ciales europ&eacute;ennes Takuba, destin&eacute; &agrave; fournir des petites &eacute;quipes de cadres pour accompagner les unit&eacute;s maliennes au combat.Un partenariat militaire semblable aux &eacute;quipes de mentors occidentaux d&eacute;ploy&eacute;es &agrave; la fin des ann&eacute;es 2000 aupr&egrave;s des troupes afghanes.
Etablie au Mali, &agrave; Gao et M&eacute;naka, Takuba rassemble aujourd'hui 600 hommes dont une moiti&eacute; de Fran&ccedil;ais, ainsi que quelques dizaines d'Estoniens et de Tch&egrave;ques et pr&egrave;s de 140 Su&eacute;dois.L'Italie a promis jusqu'&agrave; 200 soldats, le Danemark une centaine et plusieurs autres pays, dont la Gr&egrave;ce, la Hongrie ou encore la Serbie, ont exprim&eacute; leur int&eacute;r&ecirc;t.
Mais apr&egrave;s le second coup d'Etat intervenu en mai au Mali, la France a pour l'heure gel&eacute; toutes ses op&eacute;rations conjointes avec les forces maliennes, dont Takuba.Une suspension de nature &agrave; dissuader les pays europ&eacute;ens de se mobiliser si elle devait trop durer.
La France veut croire qu'elle parviendra &agrave; r&eacute;unir un nombre croissant de candidats."Les Europ&eacute;ens sont de plus en plus conscients des enjeux s&eacute;curitaires qui se jouent au Sahel, notamment sur le volet migratoire", assure un chef militaire.
Mais&nbsp;les interventions arm&eacute;es sont politiquement sensibles dans la plupart des pays europ&eacute;ens, qui ont besoin du feu vert de leur Parlement pour s'engager et imposent parfois des restrictions aux t&acirc;ches confi&eacute;es &agrave; leurs troupes.&nbsp;
Autre question en suspens: la participation ou non des Britanniques, qui fournissaient jusqu'ici un pr&eacute;cieux soutien &agrave; Barkhane avec un d&eacute;tachement d'h&eacute;licopt&egrave;res lourds Chinook.&nbsp;

- Les arm&eacute;es locales &agrave; l'&eacute;preuve -

Mais avec ce nouveau dispositif sonne surtout l'heure de v&eacute;rit&eacute; pour les arm&eacute;es locales, qui vont se retrouver en premi&egrave;re ligne de l'effort s&eacute;curitaire.
Or, malgr&eacute; d'importants efforts de formation et d'entra&icirc;nement ces derni&egrave;res ann&eacute;es, les forces arm&eacute;es du Mali, du Niger et du Burkina Faso, qui figurent parmi les pays les plus pauvres du monde, demeurent notoirement sous-entra&icirc;n&eacute;es, sous-&eacute;quip&eacute;es et essuient de fr&eacute;quentes attaques jihadistes.&nbsp;Elles sont aussi accus&eacute;es d'exactions envers les populations locales.
"Le moment est venu car les forces arm&eacute;es sah&eacute;liennes d&eacute;sormais sont plus en mesure de faire face &agrave; leurs ennemis", a cependant assur&eacute; vendredi Florence Parly, en &eacute;voquant "de grandes op&eacute;rations" en fin d'ann&eacute;e derni&egrave;re "pendant lesquelles les arm&eacute;es fran&ccedil;aises et sah&eacute;liennes ont combattu ensemble".
Dans l'esprit de Paris, la balle est dans le camp africain.&nbsp;
D&eacute;sormais, "il va falloir que les Maliens, les Nig&eacute;riens, les Burkinab&egrave; et la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, &nbsp;Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) nous disent combien d'unit&eacute;s ils sont capables de mettre sur le terrain, pour que nous puissions d&eacute;finir les besoins d'accompagnement au combat", pointe un haut grad&eacute; fran&ccedil;ais.

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