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Aller à la mosquée malgré le coronavirus?Au Sénégal, où l'islam est un puissant facteur de cohésion, la question s'est posée pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que le gouverneur de la région de Dakar tranche: les mosquées seront fermées dès vendredi, jour de la grande prière hebdomadaire.

L'arr&ecirc;t&eacute; du gouverneur Al Hassan Sall est tomb&eacute; jeudi en toute fin de soir&eacute;e.La situation qui pr&eacute;vaudra vendredi dans les autres r&eacute;gions du pays n'&eacute;tait pas imm&eacute;diatement connue.
Les mosqu&eacute;es de la capitale s&eacute;n&eacute;galaise (3,5 millions d'habitants) et de ses villes de banlieue comme Pikine et Rufisque seront ferm&eacute;es "jusqu'&agrave; nouvel ordre" en raison du "rythme de la propagation de la maladie du coronavirus dans la r&eacute;gion de Dakar", selon le texte.
Jusqu'&agrave; cette d&eacute;cision, une grande confusion a r&eacute;gn&eacute;.Certains chefs religieux avaient d&eacute;j&agrave; d&eacute;cid&eacute; d'annuler la pri&egrave;re du vendredi par pr&eacute;caution sanitaire, quand d'autres voulaient la maintenir pour implorer Dieu contre le mal.
Une partie difficilement quantifiable de l'opinion pressait pour la suppression de la grande pri&egrave;re du vendredi et des regroupements qu'elle g&eacute;n&egrave;re.&nbsp;
Les autorit&eacute;s ont sembl&eacute; laisser pendant plusieurs jours la responsabilit&eacute; de cette d&eacute;cision sensible aux groupes religieux, &agrave; commencer par les confr&eacute;ries musulmanes qui jouent un r&ocirc;le social primordial.

- Quel est le contexte sanitaire ? -&nbsp;
L'ancienne colonie fran&ccedil;aise a d&eacute;clar&eacute; 38 cas, un nombre &eacute;lev&eacute; pour l'Afrique subsaharienne, mais aucun d&eacute;c&egrave;s.
Sans aller jusqu'&agrave; imposer le confinement, le gouvernement a pris des mesures fortes: suspension des liaisons a&eacute;riennes avec une s&eacute;rie de pays, interdiction des manifestations publiques, fermeture des &eacute;coles...
Des centres destin&eacute;s &agrave; accueillir un afflux de malades sont en pr&eacute;paration, notamment &agrave; Touba (centre), si&egrave;ge de l'influente confr&eacute;rie des mourides, o&ugrave; une vingtaine de cas de Covid-19 a &eacute;t&eacute; recens&eacute;e.

- Quel est le poids de l'islam ? -
Plus de 90% de la population s&eacute;n&eacute;galaise est musulmane.
A Touba et ailleurs, de grandes manifestations des quatre principales confr&eacute;ries du pays (tidiane, mouride, lay&egrave;ne et khadre) drainent des centaines de milliers de fid&egrave;les plusieurs fois par an.
Apr&egrave;s avoir d&eacute;j&agrave; h&eacute;sit&eacute;, les chefs des confr&eacute;ries, les khalifes, ont annul&eacute; les &eacute;v&eacute;nements pr&eacute;vus en mars, s'alignant sur une d&eacute;cision du pr&eacute;sident Macky Sall d'interdire les rassemblements publics.
Mais jeudi, plusieurs dizaines de fid&egrave;les ont encore pri&eacute; c&ocirc;te-&agrave;-c&ocirc;te aux abords du march&eacute; Kermel dans le centre historique de Dakar, a constat&eacute; un journaliste de l'AFP.

- Qui appelait &agrave; suspendre les pri&egrave;res ?&nbsp;-
L'Association des imams et oul&eacute;mas du S&eacute;n&eacute;gal a appel&eacute; &agrave; l'arr&ecirc;t des pri&egrave;res dans les mosqu&eacute;es, soulignant que "Dieu ne demande &agrave; personne de se causer du tort".
Consigne pour le khalife g&eacute;n&eacute;ral des tidianes et plusieurs responsables musulmans &agrave; travers le pays.
Dans le centre de Dakar, la mosqu&eacute;e El Hadji Malick Sy, qui accueille habituellement le vendredi des centaines de personnes, avait d&eacute;j&agrave; ferm&eacute; ses portes.
Les fid&egrave;les savent que le coronavirus, "c'est la volont&eacute; de Dieu, mais cela n'emp&ecirc;che (pas) que les gens se soignent, &eacute;vitent cette maladie", dit son imam, Makhtar Seck.

- Qui voulait leur maintien ? -

Les responsables de la grande mosqu&eacute;e de Dakar, ont dit jusqu'&agrave; jeudi apr&egrave;s-midi vouloir maintenir la pri&egrave;re du vendredi, car elle est "recommand&eacute;e par Dieu" et parce que "l'homme ne peut pas d&eacute;cider de l'enlever".Son imam s'est finalement r&eacute;tract&eacute; dans la soir&eacute;e.
Mais du c&ocirc;t&eacute; des confr&eacute;ries, en dehors des tidianes, les mourides ont encore dit jeudi qu'ils maintenaient la pri&egrave;re du vendredi &agrave; Dakar.&nbsp;Les autres confr&eacute;ries ne s'&eacute;taient pas prononc&eacute;es.

- Pourquoi ces divergences ? -
"L'islam s&eacute;n&eacute;galais est caract&eacute;ris&eacute; par la multiplicit&eacute; des voix, avec un foisonnement d'acteurs, avec des l&eacute;gitimit&eacute;s multiples", explique Bakary Samb, du Centre d'&eacute;tudes des religions de l'Universit&eacute; de Saint-Louis (nord).
Ce foisonnement est "accentu&eacute; par l'absence d'une instance unifi&eacute;e r&eacute;gulatrice", contrairement par exemple au Maroc ou &agrave; l'Arabie saoudite, dit-il.
Et l'Etat se montre g&eacute;n&eacute;ralement tr&egrave;s prudent, par soucis de se pr&eacute;server de contestations &eacute;ventuelles des tr&egrave;s influentes confr&eacute;ries.&nbsp;
Devant la mosqu&eacute;e El Hadji Malick Sy ferm&eacute;e, un fid&egrave;le, Oumar Diop, signifie combien le sujet est sensible.Les mesures contre le coronavirus impactent durement tout le pays et son commerce, dit-il."Seul Dieu peut nous aider pour arr&ecirc;ter cette maladie, &ccedil;a risque de d&eacute;g&eacute;n&eacute;rer partout dans le monde, plus particuli&egrave;rement en Afrique".Pour le moment, il prie chez lui, mais "n'aimerait pas que &ccedil;a ferme pour trois semaines, quatre semaines".

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