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"Talon quitte le pouvoir!", crient, survoltés, une soixante de personnes qui ont érigé mercredi un barrage sur une route du centre du Bénin.A quelques jours de la présidentielle, ils protestent contre le président Patrice Talon qu'ils accusent de confisquer le pouvoir.

Depuis lundi soir, de nombreux incidents ont &eacute;clat&eacute; dans cette r&eacute;gion, fief de l&rsquo;ancien pr&eacute;sident Boni Yayi et rival de Patrice Talon, les routes &eacute;tant bloqu&eacute;es, emp&ecirc;chant la circulation de la plupart des voitures et des camions entre le nord et le sud du pays.
A Toui, une localit&eacute; situ&eacute;e non loin de Tchaourou, le village natal de Yayi Boni, les habitants ont dispos&eacute; mardi une dizaine de pneus sur le goudron.De part et d&rsquo;autre des barricades une vingtaine de camions stationnent, bloqu&eacute;s depuis 08H00 du matin.
L&agrave;, des dizaines d'hommes pour la plupart d&eacute;sarm&eacute;s -m&ecirc;me si une poign&eacute;e d'entre eux agitent des b&acirc;tons, des machettes, ou portent un fusil de chasse &agrave; l&rsquo;&eacute;paule- montent la garde.
"On emp&ecirc;che les voitures de passer pour protester contre cette &eacute;lection qui n&rsquo;est pas d&eacute;mocratique, c&rsquo;est un soul&egrave;vement contre le pr&eacute;sident Talon, nous sommes pr&ecirc;ts pour le combat, il doit quitter le pouvoir", lance &agrave; l&rsquo;AFP Florentin Aladja, 23 ans et sans emploi.

- Election "inclusive" -

Au milieu des enfants qui dansent et agitent joyeusement des branches d&rsquo;arbre, les opposants chantent des slogans contre le pr&eacute;sident, dansent &eacute;nergiquement et brandissent des pancartes r&eacute;clamant "une &eacute;lection inclusive" et "le retour des exil&eacute;s".
Dimanche, 5,5 millions d&rsquo;&eacute;lecteurs b&eacute;ninois sont appel&eacute;s aux urnes pour &eacute;lire leur pr&eacute;sident, mais une grande partie de l&rsquo;opposition d&eacute;nonce un scrutin qui a &eacute;t&eacute; verrouill&eacute; par Patrice Talon pour s&rsquo;assurer sa r&eacute;&eacute;lection.&nbsp;
Aucune des grandes figures de l&rsquo;opposition n&rsquo;y participera, soit parce qu&rsquo;elles sont exil&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger, soit parce qu&rsquo;elles n&rsquo;ont pas obtenu le nombre de parrainage d&rsquo;&eacute;lus n&eacute;cessaires pour pouvoir se pr&eacute;senter.
Les tensions dans cette partie du pays ont &eacute;clat&eacute; d&egrave;s lundi soir: l'opposition estime que depuis le 5 avril au soir le mandat de Patrice Talon, &eacute;lu en 2016 pour cinq ans, s&rsquo;est achev&eacute;.L&rsquo;&eacute;lection aura lieu le 11 avril.La r&eacute;vision de la constitution en 2019, dont la l&eacute;galit&eacute; est contest&eacute;e par une partie de l&rsquo;opposition, a entra&icirc;n&eacute; un l&eacute;ger glissement du calendrier &eacute;lectoral.
"Cela fait trois jours que je suis bloqu&eacute;e", explique &agrave; l&rsquo;AFP Bandkoua Sabi, un transporteur parti lundi soir de Parakou (plus au nord) et qui essaye de rejoindre Cotonou sur la c&ocirc;te.
"A Parakou et &agrave; Tchaourou, &ccedil;a chauffait cette nuit et ce matin mais les policiers et les militaires ne r&eacute;pondent pas", affirme-t-il.
A Sav&egrave;, une ville un peu plus au sud, des manifestants ont &eacute;galement &eacute;rig&eacute; des barrages en milieu d&rsquo;apr&egrave;s-midi, a constat&eacute; une journaliste de l&rsquo;AFP.
Des centaines de personnes d&eacute;filent dans la ville &agrave; moto en klaxonnant et en criant "dehors Talon".
Les commerces sont ferm&eacute;s, les rideaux de fer baiss&eacute;s.
"On a pas le droit de vendre sinon, on se fait chicoter", rigole une vendeuse de nourriture sur le bord de la route.
Un moto-taxi a &eacute;t&eacute; gifl&eacute; par plusieurs manifestants parce qu&rsquo;il portait son gilet de travail, a-t-on constat&eacute;.

- "Calme" et "pas violent" -

Mais la tension semblait toutefois &ecirc;tre redescendue d&rsquo;un cran.La veille, des hommes avaient incendi&eacute; la maison d&rsquo;un d&eacute;put&eacute; appartenant &agrave; la majorit&eacute; pr&eacute;sidentielle et saccag&eacute; un p&eacute;age.&nbsp;
Mercredi quelques policiers locaux montaient paisiblement la garde devant ces lieux et circulaient librement dans la ville.Aucun affrontement entre des manifestants et des forces de l&rsquo;ordre n&rsquo;ont &eacute;clat&eacute;, selon des habitants.
"C&rsquo;est vraiment calme, ce n&rsquo;est pas violent", dit Novice, un jeune de Sav&egrave; &acirc;g&eacute; de 25 ans.
Mardi soir, le porte-parole du gouvernement Alain Orounla a affirm&eacute; que les autorit&eacute;s "tol&eacute;raient ces petites &eacute;chauffour&eacute;es", mais qu'elles ne les "laisseraient pas perdurer parce que les B&eacute;ninois doivent aller voter".
A Sav&egrave; et &agrave; Toui, les habitants gardent en m&eacute;moire la violente crise &eacute;lectorale qui avait &eacute;clat&eacute; dans cette r&eacute;gion apr&egrave;s les l&eacute;gislatives de 2019.
Des milliers de manifestants &eacute;taient descendus dans les rues, et les forces de l&rsquo;ordre avaient tir&eacute; &agrave; balles r&eacute;elles, tuant au moins deux civils.Au moins 50 policiers avaient &eacute;galement &eacute;t&eacute; bless&eacute;s.

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