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Depuis 35 ans, le règne sans partage de Yoweri Museveni sur l'Ouganda

Depuis 35 ans, l'Ouganda est dirigé par le président Yoweri Museveni, un ex-guérillero arrivé au pouvoir en 1986, qui règne sans partage sur ce pays d'Afrique de l'Est et compte à 76 ans parmi les chefs d'Etat inamovibles du continent.

- Un rebelle &agrave; la pr&eacute;sidence
En 1979, le jeune leader rebelle contribue &agrave; la chute du dictateur sanguinaire Idi Amin Dada, avant de mener une gu&eacute;rilla contre le gouvernement du r&eacute;pressif Milton Obote.
Apr&egrave;s son accession au pouvoir en janvier 1986, M. Museveni d&eacute;clare: "le probl&egrave;me de l'Afrique (...), ce ne sont pas les peuples, mais les dirigeants qui veulent rester au pouvoir trop longtemps".
Le nouveau pr&eacute;sident est initialement lou&eacute; pour sa capacit&eacute; &agrave; remettre l'Ouganda sur le chemin de la stabilit&eacute;.D&eacute;chir&eacute; par le r&eacute;gime de terreur d'Amin Dada et les guerres civiles, le pays compte alors parmi les plus pauvres du monde.
Museveni est r&eacute;&eacute;lu en 1996 dans cette ancienne colonie britannique, lors de la premi&egrave;re &eacute;lection pr&eacute;sidentielle depuis l'ind&eacute;pendance de l'Ouganda en 1962.

- Bienveillance de l'Occident
Avec ses r&eacute;formes &eacute;conomiques et la croissance rapide de l'Ouganda dans les ann&eacute;es 90, l'ancien marxiste s&eacute;duit les investisseurs &eacute;trangers.&nbsp;
Sa lutte contre la pand&eacute;mie de sida et l'extr&ecirc;me pauvret&eacute; lui attire la bienveillance de la communaut&eacute; internationale.Museveni passe alors pour un dirigeant africain moderne, loin des d&eacute;rives de ses pr&eacute;d&eacute;cesseurs.
Mais sa r&eacute;putation est rapidement ternie &agrave; la fin des ann&eacute;es 90, notamment lorsque l'Ouganda et le Rwanda, dirig&eacute; par son ami Paul Kagame, envahissent par deux fois l'est de la R&eacute;publique d&eacute;mocratique du Congo (RDC).La justice internationale reprochera ensuite aux deux arm&eacute;es d'avoir pill&eacute; les ressources du pays, massacr&eacute; des civils et enr&ocirc;l&eacute; des enfants-soldats.

- Promesses bris&eacute;es
En 2001, Museveni s'engage &agrave; ne plus briguer la pr&eacute;sidence, apr&egrave;s avoir d&eacute;fait dans les urnes son rival Kizza Besigye.Une promesse qu'il trahit en 2005, en supprimant la limite du nombre de mandats pr&eacute;vu par la constitution.
Un an plus tard, il souffle ses 20 bougies au pouvoir en battant de nouveau Kizza Besigye, lors d'un scrutin entach&eacute; d'irr&eacute;gularit&eacute;s et de violences.
En 2006 toujours, le pr&eacute;sident chasse du nord de l'Ouganda les rebelles de l'Arm&eacute;e de r&eacute;sistance du Seigneur (LRA), qui contestaient son pouvoir depuis 20 ans et se sont distingu&eacute;s par leurs atrocit&eacute;s sur les populations civiles.L'arm&eacute;e ougandaise passe la d&eacute;cennie suivante &agrave; les traquer au Soudan, en RDC et en Centrafrique.
En parall&egrave;le, Museveni coop&egrave;re avec Washington, alli&eacute; fid&egrave;le qui a d&eacute;vers&eacute; des milliards d'aide internationale en Ouganda, en fournissant des troupes en Irak.En Somalie, le contingent ougandais est un des plus importants de la force de l'Union Africaine (Amisom) d&eacute;ploy&eacute;e pour lutter contre les islamistes shebab, affili&eacute;s &agrave; Al-Qa&iuml;da.&nbsp;

- D&eacute;rive autoritaire
Les ann&eacute;es 2010 le confortent dans ses habits de dirigeant autoritaire.&nbsp;
La d&eacute;cennie d&eacute;bute par des accusations de l'ONU envers les troupes ougandaises, soup&ccedil;onn&eacute;es de crimes de guerre en RDC.En r&eacute;ponse, Museveni menace de retirer son soutien militaire crucial dans diverses r&eacute;gions: Somalie, Soudan du sud, Darfour, C&ocirc;te d'Ivoire, Timor oriental.Un joker qu'il n'h&eacute;sitera pas &agrave; ressortir de sa manche.
En 2011, il remporte un nouveau scrutin face &agrave; Kizza Besigye.D&eacute;nonc&eacute;e comme une mascarade, l'&eacute;lection provoque d'importantes manifestations, violemment r&eacute;prim&eacute;es par le pouvoir: le prix de l'essence et de la nourriture explosent, l'&eacute;conomie vacille.
La r&eacute;pression s'intensifie pendant les ann&eacute;es suivantes.Plusieurs radios sont supprim&eacute;es des ondes, certains journaux sont perquisitionn&eacute;s pour avoir sugg&eacute;r&eacute; que le pr&eacute;sident pr&eacute;pare son fils &agrave; sa succession.&nbsp;
En 2014, Museveni promulgue une loi anti-homosexuels largement condamn&eacute;e, qui provoque des sanctions am&eacute;ricaines et le gel de l'aide financi&egrave;re europ&eacute;enne.

- Pr&eacute;sident &agrave; vie
"Anim&eacute; par une mission, pas par le pouvoir", il assure vouloir transformer l'&eacute;conomie ougandaise et est r&eacute;&eacute;lu une cinqui&egrave;me fois en 2016.
Ind&eacute;boulonnable, le septuag&eacute;naire incarne d&eacute;sormais les travers des pr&eacute;sidents &agrave; vie qu'il d&eacute;non&ccedil;ait dans sa jeunesse.Son Ouganda est un r&eacute;gime autoritaire, dirig&eacute; par un parti quasi-unique qui a supprim&eacute; en 2017 l'&acirc;ge limite constitutionnel pour briguer la pr&eacute;sidence.
Candidat &agrave; un sixi&egrave;me mandat, le v&eacute;t&eacute;ran montre toutefois des signes de nervosit&eacute; face &agrave; son nouvel opposant, l'ex-chanteur de ragga Bobi Wine, qui le d&eacute;peint ouvertement en dictateur responsable du ch&ocirc;mage des jeunes et de la corruption end&eacute;mique paralysant l'&eacute;conomie.
Charismatique, le jeune d&eacute;put&eacute; de 38 ans a &eacute;t&eacute; arr&ecirc;t&eacute; &agrave; de nombreuses reprises depuis 2018 et sa campagne a &eacute;t&eacute; violemment r&eacute;prim&eacute;e par le r&eacute;gime, au nom de la lutte contre le coronavirus.&nbsp;
Cette main de fer devrait permettre &agrave; Yoweri Museveni de s'accrocher au pouvoir &agrave; l'issue de l'&eacute;lection pr&eacute;sidentielle de jeudi, que de nombreux observateurs d&eacute;crivent comme jou&eacute;e d'avance.

Depuis 35 ans, le règne sans partage de Yoweri Museveni sur l'Ouganda

Depuis 35 ans, l'Ouganda est dirigé par le président Yoweri Museveni, un ex-guérillero arrivé au pouvoir en 1986, qui règne sans partage sur ce pays d'Afrique de l'Est et compte à 76 ans parmi les chefs d'Etat inamovibles du continent.

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