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Des centaines de Tunisiens manifestent près d'un Parlement barricadé

Des centaines de personnes ont manifesté mardi contre la classe politique et la répression policière près du siège barricadé du Parlement à Tunis, où les députés débattent d'un large remaniement du gouvernement dans un contexte de tensions politiques.

A l'appel d'une trentaine d'associations, les manifestants, dont certains sont venus &agrave; pieds du quartier populaire d'Ettadhamen, ont &eacute;t&eacute; emp&ecirc;ch&eacute;s d'arriver devant l'Assembl&eacute;e, rel&eacute;gu&eacute;s &agrave; une rue adjacente par un tr&egrave;s important dispositif policier.
Certains d&eacute;put&eacute;s ont protest&eacute; contre ce d&eacute;ploiement massif, appelant &agrave; davantage de dialogue dans un pays touch&eacute; de plein fouet par la pand&eacute;mie du nouveau coronavirus et ses retomb&eacute;es sociales.
"Libert&eacute;, dignit&eacute; pour les quartiers populaires", "A bas le r&eacute;gime policier", ont lanc&eacute; les manifestants, scandant &eacute;galement des slogans contre le gouvernement ou contre le principal parti au Parlement, le mouvement d'inspiration islamiste Ennahdha.
Les manifestants ont protest&eacute; surtout contre la strat&eacute;gie de r&eacute;pression adopt&eacute;e face au mouvement de contestation sociale qui a &eacute;clat&eacute; &agrave; la mi-janvier dans des zones marginalis&eacute;es du pays, au lendemain du 10e anniversaire de la r&eacute;volution qui a fait chuter le 14 janvier 2011 le dictateur Zine El Abidine Ben Ali, apr&egrave;s 23 ans de pouvoir.
Plusieurs nuits durant, des jeunes ont jet&eacute; des pierres sur la police d&eacute;ploy&eacute;e pour faire respecter un couvre-feu impos&eacute; pour des raisons sanitaires.La police a tir&eacute; des gaz lacrymog&egrave;nes et arr&ecirc;t&eacute; plus d'un millier de jeunes, dont de nombreux mineurs selon des d&eacute;fenseurs des droits humains qui ont d&eacute;plor&eacute; des abus.
Des manifestations pour r&eacute;clamer la lib&eacute;ration des personnes arr&ecirc;t&eacute;es et une meilleure politique sociale ont &eacute;galement eu lieu, alors que les restrictions sanitaires ont affect&eacute; les plus pr&eacute;caires et co&ucirc;t&eacute; des dizaines de milliers d'emplois.Le ch&ocirc;mage touche plus d'un jeune sur trois.

- "Changez ou quittez!" -

"Les acteurs politiques produisent les m&ecirc;mes strat&eacute;gies qui n'ont abouti jusqu'&agrave; maintenant qu'&agrave; des &eacute;checs", a estim&eacute; la pr&eacute;sidente de l'Association des femmes tunisiennes d&eacute;mocrates, Yosra Frawes."Qu'ils changent leur mod&egrave;le de gouvernance, ou qu'ils quittent le pouvoir".
La session parlementaire intervient au lendemain de troubles entre des protestataires et la police &agrave; Sbe&iuml;tla, dans une r&eacute;gion marginalis&eacute;e du centre tunisien, apr&egrave;s le d&eacute;c&egrave;s d'un jeune bless&eacute; la semaine derni&egrave;re par une cartouche de gaz lacrymog&egrave;ne lors d'une manifestation.
De nouveaux heurts entre policiers et manifestants ont &eacute;clat&eacute; mardi en marge des fun&eacute;railles du jeune homme, a constat&eacute; un correspondant de l'AFP.
Au Parlement, certains d&eacute;put&eacute;s d'opposition ont brandi son portrait.
Les d&eacute;put&eacute;s doivent s'exprimer tard le soir sur un remaniement annonc&eacute; le 16 janvier par le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, qui a chang&eacute; onze ministres, dont ceux de l'Int&eacute;rieur, de la Justice et de la Sant&eacute;.
M. Mechichi a d&eacute;clar&eacute; devant l'Assembl&eacute;e que le but &eacute;tait d'obtenir une &eacute;quipe "plus efficace" pour concr&eacute;tiser des r&eacute;formes dans le pays, en pleine crise sanitaire, &eacute;conomique, politique et sociale.
La Tunisie enregistre plus de 2.000 nouveaux cas confirm&eacute;s et plus de 50 morts du Covid-19 chaque jour, et des m&eacute;decins ont alert&eacute; sur les difficult&eacute;s croissantes &agrave; trouver des places en r&eacute;animation.

- Tiraillements -

Signe des clivages politiques grandissants, le pr&eacute;sident Kais Saied a vertement critiqu&eacute; ce remaniement lundi, regrettant ne pas avoir &eacute;t&eacute; consult&eacute;.
Il a fustig&eacute; l'absence de femmes parmi les ministres propos&eacute;s et accus&eacute; l'un des ministres choisis d'&ecirc;tre "li&eacute; &agrave; une affaire de corruption" et trois autres d'&ecirc;tre soup&ccedil;onn&eacute;s de "conflit d'int&eacute;r&ecirc;t", sans pr&eacute;ciser de noms.
Cela augure de nouveaux tiraillements sur la composition du gouvernement, une t&acirc;che particuli&egrave;rement laborieuse depuis les l&eacute;gislatives de 2019, qui ont abouti &agrave; un Parlement divis&eacute; en une myriade de partis formant des alliances fragiles.
M. Mechichi, nomm&eacute; en juillet par le pr&eacute;sident Saied, avait compos&eacute; une &eacute;quipe comprenant de nombreux fonctionnaires ou universitaires, dont certains proches du pr&eacute;sident.Mais il s'est graduellement &eacute;loign&eacute; de M. Saied, jusqu'&agrave; recomposer son &eacute;quipe avec l'appui d'Ennahdha.
M. Saied a menac&eacute; d'emp&ecirc;cher la prestation de serment de certains nouveaux ministres, au risque d'accentuer les animosit&eacute;s qui paralysent l'action politique.

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