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Les Dakarois qui, au sortir d'un des ronds-points les plus encombr&eacute;s de Dakar, s'engagent en voiture sur la rampe d'acc&egrave;s &agrave; la voie rapide traversant la capitale, voient d&eacute;sormais d&eacute;filer les visages surdimensionn&eacute;s d'activistes ou de personnalit&eacute;s noires, dans de grands rehauts de couleur bomb&eacute;s sur 80 m d'une paroi de b&eacute;ton.
Il y a l&agrave; un Malcom X au regard s&eacute;v&egrave;re, les athl&egrave;tes am&eacute;ricains Tommie Smith et John Carlos brandissant le poing, l'historien s&eacute;n&eacute;galais Cheikh Anta Diop ou l'abolitionniste am&eacute;ricaine Harriet Tubman.
Mais pas de portrait de George Floyd.
Certes les grapheurs du collectif Radikal Bomb Shot (RBS) ont repr&eacute;sent&eacute; l'un des b&acirc;timents incendi&eacute;s lors des manifestations qui ont secou&eacute; Minneapolis et les Etats-Unis apr&egrave;s la mort de cet afro-am&eacute;ricain d&eacute;c&eacute;d&eacute; lors de son interpellation par un policier blanc.
Mais le mural achev&eacute; lundi au prix de centaines de bombes et d'un peu de peinture acrylique, s'inscrit dans une autre dynamique plus offensive que d&eacute;fensive, dit l'animateur de RBS, Madzoo, alias Serigne Mansour Fall, 33 ans, dont 16 &agrave; graffiter sur les murs de Dakar et d'ailleurs.
Le collectif, l'un des principaux groupes qui font de Dakar une sorte de mus&eacute;e &agrave; ciel ouvert de l'art de la rue, comptait depuis pas mal de temps recouvrir l'ancienne fresque qu'il avait consacr&eacute;e l&agrave; au vivre-ensemble et qui se d&eacute;colorait.

- Acte fondateur -

La mort de George Floyd n'a fait que pr&eacute;cipiter le passage &agrave; l'acte, dit Madzoo.Au S&eacute;n&eacute;gal, elle n'a pas suscit&eacute; de mouvement d'ampleur.
"Que nos vies comptent (le sens de Black Lives Matter), pas besoin de le dire", dit Madzoo.Ce que veut RBS, c'est "r&eacute;veiller les peuples" autour de luttes communes, et faire en sorte que quand un Noir "se prom&egrave;ne &agrave; New York, il sache qu'il a tout un peuple derri&egrave;re lui".
Il pr&ecirc;che "l'afro-centrisme" et arbore un tee-shirt Black Panther, le mouvement r&eacute;volutionnaire de lib&eacute;ration afro-am&eacute;ricaine cr&eacute;&eacute; en 1966.L'embl&eacute;matique panth&egrave;re figure en bonne place parmi les visages et les motifs africains de la fresque.Madzoo veut voir dans le mural "l'acte fondateur" de Black Panther en Afrique de l'Ouest, dit-il.
Cette oeuvre est "plut&ocirc;t Black Power que Black Lives Matter", abonde Akonga, un artiste sur la douzaine qui se sont r&eacute;parti les t&acirc;ches face au mur de b&eacute;ton, dans la chaleur et les gaz d'&eacute;chappement.
Akonga, Cherif Tahir Ismail Diop &agrave; l'&eacute;tat-civil, 27 ans, s'est charg&eacute; du portrait de K&eacute;mi S&eacute;ba, activiste controvers&eacute;, essayiste franco-b&eacute;ninois panafricaniste et anticolonialiste.Comme Madzoo, la mort de George Floyd le touche.Mais, sur le fond, "sa vie ne vaut pas plus que tous ceux qui sont morts avant lui".
"On n'a pas &agrave; se victimiser", dit-il.

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