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Fayez al-Sarraj, un chef actif mais incapable de reconstruire la Libye

Le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA) libyen, Fayez al-Sarraj, tente depuis plusieurs années de reconstruire son pays en proie au chaos, mais cet architecte de formation réputé indépendant s'est dit prêt à jeter l'éponge avant fin octobre, faute de légitimité.

Issu d'une riche et influente famille de Tripoli, cet homme &acirc;g&eacute; aujourd'hui de 60 ans avait &eacute;t&eacute; d&eacute;sign&eacute; en d&eacute;cembre 2015 chef du Conseil pr&eacute;sidentiel et Premier ministre du GNA en vertu d'un accord interlibyen sign&eacute; &agrave; Skhirat (Maroc), sous l'&eacute;gide de l'ONU.
Quatre ans apr&egrave;s la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, la Libye &eacute;tait toujours d&eacute;chir&eacute;e par des combats et luttes d'influence, et la capitale &eacute;tait aux mains de milices.
Pour certains, l'arriv&eacute;e de M. Sarraj en mars 2016 &agrave; Tripoli ravive ainsi les espoirs d'une sortie de crise, mais d'autres y voient une menace.
Signe de la difficult&eacute; de la t&acirc;che qui l'attend, c'est &agrave; bord d'un bateau militaire libyen parti de Tunisie, escort&eacute; par d'autres navires pour le prot&eacute;ger, qu'il d&eacute;barque &agrave; Tripoli.Il fera d'ailleurs l'objet d'une tentative d'assassinat en f&eacute;vrier 2017.

- Haftar, le rival -

S'il r&eacute;ussit &agrave; obtenir le ralliement des autorit&eacute;s &eacute;conomiques et politiques de la capitale, il ne parvient pas &agrave; convaincre le Parlement, &eacute;lu en 2014 et exil&eacute; dans l'est du pays, qui refuse d'accorder sa confiance au GNA et soutient le mar&eacute;chal Khalifa Haftar, qui va devenir son grand rival.
L'offensive meurtri&egrave;re lanc&eacute;e en avril 2019 contre la capitale par les forces du mar&eacute;chal Haftar, homme fort de l'Est libyen, compliquera encore plus la t&acirc;che de celui qui s'&eacute;tait dit d&eacute;termin&eacute; &agrave; remettre de l'ordre dans les institutions et entamer un processus de r&eacute;conciliation.
Sur le plan international, s'il est reconnu comme le repr&eacute;sentant des institutions libyennes par l'ONU, et est re&ccedil;u &agrave; ce titre dans plusieurs capitales occidentales, M. Sarraj ne fait pas consensus au sein des pays ayant de pr&egrave;s ou de loin des int&eacute;r&ecirc;ts en Libye, qui dispose des r&eacute;serves de p&eacute;trole les plus abondantes d'Afrique.&nbsp;
Et l'Egypte, les Emirats arabes unis ou l'Arabie saoudite n'h&eacute;sitent pas &agrave; afficher leur pr&eacute;f&eacute;rence pour Khalifa Haftar qui se pr&eacute;sente comme le pourfendeur des jihadistes.
M. Sarraj peut cependant se targuer d'avoir, avec des forces loyales au GNA, repris en d&eacute;cembre 2016 la ville de Syrte (est) au groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Autre grande victoire: celle de juin 2020 quand les forces pro-GNA reprennent le contr&ocirc;le de l&rsquo;Ouest du pays aux combattants loyaux au mar&eacute;chal Haftar, gr&acirc;ce notamment &agrave; une alliance militaire controvers&eacute;e avec la Turquie.&nbsp;
Mais ces succ&egrave;s militaires cachent mal plusieurs &eacute;checs, principalement l'incapacit&eacute; &agrave; all&eacute;ger les difficult&eacute;s quotidiennes des Libyens et &agrave; trouver une solution &agrave; la crise &eacute;conomique.

- "Doux" et "ferme" -

Par ailleurs, n'ayant pu mettre sur pied une police ou une arm&eacute;e r&eacute;guli&egrave;re suffisamment puissantes pour garantir la s&eacute;curit&eacute; dans la capitale, le GNA a &eacute;t&eacute; contraint de solliciter l'aide de puissants groupes arm&eacute;s tripolitains qui ont fini par s'ins&eacute;rer dans les institutions et sph&egrave;res du pouvoir.
M. Sarraj est en n&eacute; en 1960 au sein d'une grande famille conservatrice et ais&eacute;e de Tripoli, propri&eacute;taire de commerces et de vastes terrains.Celle-ci a particip&eacute; &agrave; l'&eacute;criture de l'histoire de la Libye moderne.Moustafa al-Sarraj, son p&egrave;re, a &eacute;t&eacute; l'un des fondateurs de l&rsquo;Etat au lendemain de l'ind&eacute;pendance en 1951.
Grand, &eacute;l&eacute;gant et arborant toujours des lunettes noires en ext&eacute;rieur, Fayez al-Sarraj a fait des &eacute;tudes en architecture, avant de devenir fonctionnaire dans le secteur des travaux publics et de l'habitat, puis de monter sa propre soci&eacute;t&eacute;.
Mari&eacute; et p&egrave;re de trois filles qui r&eacute;sident avec leur m&egrave;re &agrave; l'&eacute;tranger depuis 2014, M. Sarraj est d&eacute;crit par un ami de jeunesse comme "doux et &agrave; l'&eacute;coute des autres" mais aussi "ferme".Cet homme discret se lance assez tardivement en politique lorsqu'il est &eacute;lu d&eacute;put&eacute; en 2014.
Mais deux mois apr&egrave;s son &eacute;lection, une coalition de milices, Fajr Libya, prend le contr&ocirc;le de la capitale.Le gouvernement et le nouveau Parlement sont contraints de se r&eacute;fugier dans l'est du pays, alors que des autorit&eacute;s parall&egrave;les sont mises en place &agrave; Tripoli par les milices.
Le d&eacute;put&eacute; s'exile ainsi &agrave; Tobrouk (est), o&ugrave; si&egrave;ge encore aujourd'hui le Parlement.Il sera ensuite choisi pour faire partie des repr&eacute;sentants libyens aux pourparlers de Skhirat.&nbsp;

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