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Gabon: l'ex-directeur de cabinet du président au coeur d'une opération anticorruption

La vaste opération anticorruption lancée récemment au Gabon contre son entourage a rattrapé l'ancien tout-puissant directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba, le Franco-Gabonais Brice Laccruche Alihanga, interpellé mardi.

Celui qui, il y a encore quelques semaines, avait consid&eacute;rablement irrit&eacute; une bonne partie des caciques du pouvoir en menant, en l'absence de M. Bongo convalescent apr&egrave;s un accident vasculaire c&eacute;r&eacute;bral (AVC), une tonitruante "tourn&eacute;e r&eacute;publicaine" dans tout le pays, avait d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; &eacute;cart&eacute; &agrave; la surprise g&eacute;n&eacute;rale de la pr&eacute;sidence d&eacute;but novembre.Il avait &eacute;t&eacute; nomm&eacute; dans la foul&eacute;e &agrave; la t&ecirc;te d'un minist&egrave;re sans r&eacute;el pouvoir.&nbsp;
Son limogeage avait co&iuml;ncid&eacute; avec le lancement d'une op&eacute;ration anticorruption, baptis&eacute;e "Scorpion", qui avait abouti &agrave; l'interpellation de plus de vingt de ses proches pour des d&eacute;tournements pr&eacute;sum&eacute;s de fonds publics notamment.&nbsp;
Ecart&eacute; d&eacute;finitivement du gouvernement lundi soir lors d'un remaniement qui a &eacute;galement purg&eacute; le cabinet de ses derniers proches,&nbsp;M.Laccruche Alihanga a finalement "&eacute;t&eacute; interpell&eacute; ce matin (mardi) &agrave; son domicile", a d&eacute;clar&eacute; &agrave; l'AFP le procureur Andr&eacute; Patrick Roponat."Il est actuellement entendu" par les enqu&ecirc;teurs, a ajout&eacute; le magistrat dans l'apr&egrave;s-midi.

- "Chasse aux sorci&egrave;res" -

"Nous assistons &agrave; une chasse aux sorci&egrave;res, les dossiers ne sont pas consistants", a r&eacute;agi aupr&egrave;s de l&rsquo;AFP l&rsquo;avocat de M. Laccruche, Anges Kevin Nzigou, qui s&rsquo;inqui&egrave;te d&rsquo;une violation des droits de son client, affirmant qu'il "n&rsquo;a m&ecirc;me pas &eacute;t&eacute; inform&eacute; des motifs de son arrestation".
Du c&ocirc;t&eacute; du la pr&eacute;sidence, on appelle &agrave; "d&eacute;politiser" l'enqu&ecirc;te."Quelle que soit votre place, s'il y a des soup&ccedil;ons, il n'y a pas d'impunit&eacute;", a d&eacute;clar&eacute; mardi le nouveau porte-parole, Jessye Ella Ekogha.
Lundi soir, le Premier ministre, Julien Nkoghe Bekale, avait soulign&eacute; au nom du chef de l'Etat, l'importance de s'entourer d'"hommes et de femmes alliant comp&eacute;tence, exp&eacute;rience, int&eacute;grit&eacute; et loyaut&eacute;".
Mardi matin, la police gabonaise a &eacute;galement arr&ecirc;t&eacute; deux anciens ministres limog&eacute;s la veille, r&eacute;put&eacute;s tr&egrave;s proches de M. Laccruche.Il s'agit de Tony Ondo Mba, ex-ministre de l'Energie, et de No&euml;l Mboumba, qui d&eacute;tenait le portefeuille tr&egrave;s convoit&eacute; du P&eacute;trole, dans ce pays qui en est riche.
Les trois ex-ministres "ont &eacute;t&eacute; abondamment cit&eacute;s par des personnes actuellement en d&eacute;tention dans des faits de d&eacute;tournements de deniers publics, de concussion et de blanchiment de capitaux", a assur&eacute; le procureur Roponat.
Ag&eacute; de 39 ans, M. Laccruche Alihanga, nomm&eacute; par M. Bongo il y a deux ans, occupait jusqu'&agrave; d&eacute;but novembre le poste de directeur de cabinet de la pr&eacute;sidence.Son influence n'avait cess&eacute; de croitre au fil des mois, plus particuli&egrave;rement apr&egrave;s l'AVC de M. Bongo fin octobre 2018.
Ces derni&egrave;res semaines, &agrave; la faveur d&rsquo;une am&eacute;lioration de son &eacute;tat de sant&eacute;, Ali Bongo Ondimba, s'est employ&eacute; &agrave; montrer qu&rsquo;il avait repris fermement les r&ecirc;nes du pouvoir.Il a proc&eacute;d&eacute; &agrave; de nouvelles nominations &agrave; la t&ecirc;te de l'appareil judiciaire, s&eacute;curitaire et au sein des services de renseignement.
Au m&ecirc;me moment, de nombreuses personnalit&eacute;s proches de M. Laccruche Alihanga ont &eacute;t&eacute; interpell&eacute;es.&nbsp;
"En tout, et sans compter les interpellations de ce matin (mardi), il y a bien eu 13 personnes plac&eacute;es sous mandat de d&eacute;p&ocirc;t" depuis le d&eacute;but de l'op&eacute;ration anticorruption, selon M. Roponat.
"Deux sont en libert&eacute; provisoire, six ont &eacute;t&eacute; mises hors de cause" et le fr&egrave;re de l'ex-directeur de cabinet, Gr&eacute;gory Laccruche, "est toujours en garde &agrave; vue", selon le magistrat.
- P&eacute;trole, maisons et fonds publics -
La justice s'int&eacute;resse notamment &agrave; la Dupont Consulting Company, une soci&eacute;t&eacute; priv&eacute;e administr&eacute;e par Gr&eacute;gory Laccruche, la soup&ccedil;onnant d'avoir d&eacute;tourn&eacute; de l'argent public &agrave; l'occasion de contrats avec l'entreprise publique Gabon Oil Company (GOC), dont le directeur g&eacute;n&eacute;ral, Patrichi Tanasa, incarc&eacute;r&eacute; jeudi, est lui aussi un proche de Brice Laccruche Alihanga.&nbsp;
Selon le journal progouvernemental L'Union, en deux ans, 85 milliards de francs CFA (129 millions d'euros) se sont ainsi "volatilis&eacute;s" au sein de la GOC.&nbsp;
Le ministre d&eacute;chu de l'Energie, Tony Ondo Mba avait, par le pass&eacute;, &eacute;t&eacute; employ&eacute; par la Dupont Consulting, selon L'Union.
La justice s'int&eacute;resse &eacute;galement &agrave; d'autres fonds publics qui auraient pu &ecirc;tre d&eacute;tourn&eacute;s, ainsi qu'&agrave; des biens acquis - maisons et voitures - par les personnes mises en cause, selon le procureur.&nbsp;
L'ancien porte-parole de la pr&eacute;sidence, Ike Ngouoni, consid&eacute;r&eacute; comme le bras droit de M. Laccruche, a &eacute;t&eacute; plac&eacute; en d&eacute;tention provisoire vendredi.Il est accus&eacute; de complicit&eacute; de d&eacute;tournement de fonds.
R&eacute;guli&egrave;rement point&eacute; du doigt par les ONG internationales pour une corruption end&eacute;mique, le&nbsp;Gabon est dirig&eacute; par Ali Bongo Ondimba depuis son &eacute;lection en 2009, succ&eacute;dant &agrave; son p&egrave;re Omar Bongo, d&eacute;j&agrave; &agrave; la t&ecirc;te du pays depuis 42 ans.

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