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Du massacre de Tulsa à leurs racines africaines:  pour "Mother Fletcher" et "Uncle Red", deux survivants afro-américains, l'année 2021 marque à la fois le centenaire de ces violences raciales aux Etat-Unis et un voyage inédit au Ghana, sur les traces de leurs ancêtres.

"Bienvenue chez vous!": sur leurs fauteuils roulants, samedi, Viola Fletcher, 107 ans, surnomm&eacute;e "Mother Fletcher", et son fr&egrave;re Hughes Van Ellis, 100 ans, alias "Uncle Red", affichaient des sourires radieux en saluant les badauds venus les accueillir &agrave; l'a&eacute;roport d'Accra.
Le Ghana, qui fut l'un des importants pays de d&eacute;part de la traite n&eacute;gri&egrave;re entre les XVe et XVIIIe si&egrave;cles, invite depuis quelques ann&eacute;es les descendants d'esclaves et sa diaspora &agrave; "rentrer &agrave; la maison".
Les deux centenaires ont r&eacute;pondu &agrave; l'appel.Accompagn&eacute;s de leurs petits-enfants, ils ont pr&eacute;vu de passer une semaine en Afrique de l'Ouest.
"C'est la premi&egrave;re fois que je viens sur le continent africain et je suis ravie d'&ecirc;tre ici", a d&eacute;clar&eacute; &agrave; l'AFP Mama, la fille de Hughes Van Ellis.
A son arriv&eacute;e, toute la famille a re&ccedil;u des fleurs et des &eacute;charpes portant l'inscription "Au-del&agrave; du retour", allusion &agrave; la campagne du gouvernement ghan&eacute;en lanc&eacute;e en 2019, quatre si&egrave;cles apr&egrave;s le d&eacute;barquement du premier navire n&eacute;grier aux Am&eacute;riques.&nbsp;
"Mes grands-parents sont extr&ecirc;mement enthousiastes &agrave; l'id&eacute;e de se retrouver pour la premi&egrave;re fois dans la m&egrave;re patrie", a confi&eacute; le petit-fils de Mme Fletcher, Ike Howard.
"Si vous n'avez pas visit&eacute; l'Afrique, c'est le moment de venir", a-t-il ajout&eacute;."Nous sommes au milieu d'une pand&eacute;mie mais personne ne sait de quoi sera fait demain".&nbsp;
Pour Viola Fletcher et son fr&egrave;re Hughes, qui ont grandi &agrave; Greenwood, 2021 &eacute;tait surtout une ann&eacute;e tr&egrave;s symbolique pour rendre hommage &agrave; leurs racines africaines.Il y a tout juste un si&egrave;cle qu'une foule de Blancs arm&eacute;s a attaqu&eacute; la communaut&eacute; noire, dans ce quartier de Tulsa, dans l'Oklahoma (Etats-Unis).
Dans le d&eacute;ferlement de haine qui ravage ce quartier commer&ccedil;ant prosp&egrave;re, surnomm&eacute; "Black Wall Street", jusqu'&agrave; 300 Afro-Am&eacute;ricains sont tu&eacute;s, 10.000 autre se retrouvent &agrave; la rue, leurs b&acirc;timents sont br&ucirc;l&eacute;s et d&eacute;truits.&nbsp;

- 'Heures horribles' -

Dans un r&eacute;cent t&eacute;moignage, Viola Fletcher a affirm&eacute; revivre chaque jour les souvenirs du massacre.&nbsp;
"Cette premi&egrave;re nuit, en 1921, je suis all&eacute;e me coucher dans la maison de ma famille &agrave; Greenwood", a-t-elle &eacute;crit sur le Diaspora African Forum, l'ONG qui a coparrain&eacute; le voyage avec le r&eacute;seau social 'Our Black Truth', o&ugrave; les descendants africains peuvent apprendre leur histoire.&nbsp;
"J'avais tout ce dont une enfant pouvait avoir besoin (...) Mais en quelques heures horribles, tout cela n'existait plus", a racont&eacute; Mme Fletcher.&nbsp;
"Maintenant, apr&egrave;s toutes ces ann&eacute;es, je suis si heureuse de r&eacute;aliser le r&ecirc;ve de toute une vie d'aller en Afrique et je suis si heureuse que ce soit au magnifique Ghana".
Premier pays d'Afrique subsaharienne &agrave; obtenir l'ind&eacute;pendance en 1957, le Ghana est depuis longtemps un haut lieu de la pens&eacute;e et de la m&eacute;moire pour les communaut&eacute;s noires du monde entier.
L'&eacute;crivaine am&eacute;ricaine et militante des droits civiques Maya Angelou a notamment v&eacute;cu &agrave; Accra au d&eacute;but des ann&eacute;es 1960.
Pour Nadia Adongo Musah, du service des affaires de la diaspora, rattach&eacute; au gouvernement, la visite des deux survivants de Tusla est tout aussi historique.&nbsp;
"Je pense que c'est l'une des plus importantes diasporas africaines qui nous soit revenue", a-t-elle d&eacute;clar&eacute;.&nbsp;
La famille va visiter des sites historiques de l'&eacute;poque coloniale et recevoir des titres symboliques lors de c&eacute;r&eacute;monies traditionnelles.&nbsp;
Cette visite est aussi l'occasion de montrer que le Ghana est "ouvert" et "s&ucirc;r", selon Mme Musah, impressionn&eacute;e par la d&eacute;marche de la vieille dame: "A 107 ans, avoir la passion et l'int&eacute;r&ecirc;t de visiter le Ghana, non seulement par elle-m&ecirc;me mais aussi en amenant son jeune fr&egrave;re qui a 100 ans..."
En avril, certains des derniers survivants du massacre de Tulsa avaient t&eacute;moign&eacute; devant le Congr&egrave;s am&eacute;ricain, r&eacute;clamant une reconnaissance officielle de la souffrance et du pr&eacute;judice pass&eacute;s.
Personne n'a jamais &eacute;t&eacute; condamn&eacute; pour ce qui s'est pass&eacute; &agrave; Greenwood, et les compagnies d'assurance, estimant que les destructions avaient &eacute;t&eacute; provoqu&eacute;es par des &eacute;meutes, ont refus&eacute; d'indemniser les victimes noires.
&Agrave; l'occasion du centenaire du massacre, d&eacute;but juin, le pr&eacute;sident Joe Biden a reconnu qu'il y avait eu aux Etats-Unis "un effort manifeste pour l&rsquo;effacer de notre m&eacute;moire".

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