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Guerre d'Algérie: Paris privilégie des "actes" d'apaisement à la repentance

Le président français Emmanuel Macron va prendre des "actes symboliques" pour apaiser les mémoires sur la guerre d'Algérie et tenter de réconcilier les deux pays mais il ne présentera pas les "excuses" demandées par Alger, a annoncé mercredi la présidence française après la publication d'un rapport très attendu de l'historien français Benjamin Stora sur le sujet.

Pour l'Elys&eacute;e, l'important est d&eacute;sormais de "sortir du non-dit et du d&eacute;ni" sur la guerre d'Alg&eacute;rie (1954-1962) qui continue de d&eacute;chirer les deux pays, rendant hypoth&eacute;tique toute r&eacute;conciliation, &agrave; l'approche du 60e anniversaire de l'ind&eacute;pendance alg&eacute;rienne en 2022.
C'est "une d&eacute;marche de reconnaissance" de la v&eacute;rit&eacute; mais "il n'est pas question de repentance" et "de pr&eacute;senter des excuses", a insist&eacute; l'Elys&eacute;e, en s'appuyant sur le rapport qui cite en exemple le Japon toujours f&acirc;ch&eacute; avec ses voisins cor&eacute;ens et chinois en raison de son pass&eacute; colonial, malgr&eacute; des regrets officiels de Tokyo qui n'ont pas permis de "r&eacute;conciliation".
Rapatri&eacute;s, appel&eacute;s du contingent, suppl&eacute;tifs alg&eacute;riens ("harkis") qui ont combattu pour la France, immigr&eacute;s alg&eacute;riens: plus de sept millions de personnes en France ont un rapport, parfois douloureux, &agrave; l'Alg&eacute;rie, selon l'historien.
En Alg&eacute;rie, la m&eacute;moire de la "Guerre de lib&eacute;ration", synonyme de massacres, torture et d&eacute;placements de populations, a ciment&eacute; le sentiment national et fourni au pouvoir une l&eacute;gitimit&eacute;, doubl&eacute;e d'un discours antifran&ccedil;ais, sur laquelle il continue de s'appuyer 60 ans plus tard.
Emmanuel Macron participera &agrave; trois journ&eacute;es de comm&eacute;moration hautement symboliques: la journ&eacute;e nationale des harkis le 25 septembre, la r&eacute;pression sanglante d'une manifestation d'Alg&eacute;riens le 17 octobre 1961 &agrave; Paris et les Accords d'Evian du 19 mars 1962 qui consacr&egrave;rent le cessez-le-feu en Alg&eacute;rie et ouvrirent la voie &agrave; l'ind&eacute;pendance.

- Commission "M&eacute;moire et v&eacute;rit&eacute;" -

M. Macron va par ailleurs &eacute;tudier de pr&egrave;s plusieurs propositions du rapport Stora, notamment la reconnaissance de l'assassinat par l'arm&eacute;e fran&ccedil;aise de l'avocat et dirigeant nationaliste alg&eacute;rien Ali Boumendjel en 1957 et l'entr&eacute;e de l'avocate anticolonialiste Gis&egrave;le Halimi, d&eacute;c&eacute;d&eacute;e le 28 juillet 2020, au Panth&eacute;on qui accueille les h&eacute;ros de l'Histoire de France.
Le rapport n'a pas imm&eacute;diatement suscit&eacute; de r&eacute;action officielle en Alg&eacute;rie, en l'absence du pr&eacute;sident Abdelmadjid Tebboune, op&eacute;r&eacute; du pied ce m&ecirc;me mercredi en Allemagne pour des "complications" post-Covid.
Sollicit&eacute; par l'AFP, le directeur des archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, charg&eacute; d'un travail en parral&egrave;le sur la question m&eacute;morielle, n'a pas souhait&eacute; r&eacute;agir "pour le moment".
Autre sujet de friction, outre les excuses, Alger demande la restitution de "la totalit&eacute;" des archives de la p&eacute;riode coloniale (1830-1962), alors que Paris s'en tient &agrave; un acc&egrave;s facilit&eacute; pour les chercheurs des deux pays, en ligne avec le rapport.
Benjamin Stora, sp&eacute;cialiste reconnu de l'histoire contemporaine de l'Alg&eacute;rie, avait &eacute;t&eacute; charg&eacute; en juillet par le pr&eacute;sident Macron de "dresser un &eacute;tat des lieux juste et pr&eacute;cis du chemin accompli en France sur la m&eacute;moire de la colonisation et de la guerre d'Alg&eacute;rie".
Au coeur de son rapport -- et futur livre de 200 pages -- figure une recommandation-cl&eacute;: cr&eacute;er en France une commission "M&eacute;moire et v&eacute;rit&eacute;", charg&eacute;e de proposer des "initatives communes entre la France et l'Alg&eacute;rie sur les questions de m&eacute;moire".
Parmi ces initiatives possibles, hautement "symboliques et politiques", l'historien cite la restitution &agrave; l'Alg&eacute;rie de l&rsquo;&eacute;p&eacute;e d&rsquo;Abdelkader, h&eacute;ros de la r&eacute;sistance &agrave; la colonisation fran&ccedil;aise au XIXe si&egrave;cle.&nbsp;
Il souhaite aussi r&eacute;gler le devenir du fameux canon g&eacute;ant "Baba Merzoug" que r&eacute;clament les Alg&eacute;riens.Ce canon prot&eacute;geait alors la rade d'Alger et fut confisqu&eacute; et transf&eacute;r&eacute; au port militaire de Brest.

- Nostalgies et surench&egrave;res -

Benjamin Stora, qui pr&eacute;sidera cette commission, pr&eacute;conise de faciliter les voyages des harkis en Alg&eacute;rie, d'&oelig;uvrer pour la pr&eacute;servation des cimeti&egrave;res europ&eacute;ens et juifs en Alg&eacute;rie, de faciliter le travail des historiens sur la question douloureuse des disparus alg&eacute;riens et europ&eacute;ens.
Premier pr&eacute;sident fran&ccedil;ais n&eacute; apr&egrave;s cette guerre, Emmanuel Macron affiche sa volont&eacute; de d&eacute;passionner et d&eacute;bloquer ce dossier br&ucirc;lant et tenter d'apaiser des relations volatiles depuis des d&eacute;cennies entre deux pays intimement li&eacute;s par l'Histoire.
Il a fait couler beaucoup d'encre avant m&ecirc;me d'&ecirc;tre &eacute;lu en d&eacute;non&ccedil;ant en 2017 &agrave; Alger la colonisation comme "un crime contre l'humanit&eacute;", des propos vivement rejet&eacute;s par les rapatri&eacute;s, la droite et l'extr&ecirc;me-droite fran&ccedil;aises mais qu'il "ne regrette pas", selon l'Elys&eacute;e.
Apr&egrave;s ce rapport, "il y aura des mots" et "des actes" dans "les prochains mois", a assur&eacute; la pr&eacute;sidence, en pr&eacute;cisant que s'ouvrait "une p&eacute;riode de consultations", avec en toile de fond une "d&eacute;marche de temps long" entre les deux rives de la M&eacute;diterran&eacute;e.&nbsp;
Pour Benjamin Stora, issu d'une famille juive de Constantine, il convient de "d&eacute;cloisonner les m&eacute;moires", souvent multiples et conflictuelles, par des actes "tr&egrave;s simples, tr&egrave;s pratiques" mais qui "sont autant de contentieux" lourds entre la France et l'Alg&eacute;rie".
Un enjeu pas si simple, malgr&eacute; la prudence affich&eacute;e."L'historien a d&ucirc; essuyer les tirs crois&eacute;s des nostalgiques de +l&rsquo;Alg&eacute;rie fran&ccedil;aise+", relevait mercredi le quotidien francophone alg&eacute;rien El Watan.Quant &agrave; Abdelmadjid Chikhi, "il devra lui aussi contourner, voire balayer les tentations de surench&egrave;res politiciennes du pass&eacute; colonial de l&rsquo;Alg&eacute;rie".

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