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L'Algérie récupère les restes de ses premiers combattants anti-coloniaux

L'Algérie a récupéré vendredi lors d'une cérémonie militaire solennelle les restes de 24 de ses combattants tués au début de la colonisation française au XIXe siècle, après leur restitution par la France, un geste d'apaisement dans les relations bilatérales volatiles.

Un Hercules C-130, transportant les restes mortuaires - des cr&acirc;nes-, a atterri &agrave; l'a&eacute;roport international d'Alger peu apr&egrave;s 13H00 (12H00 GMT), accompagn&eacute; par des chasseurs de l'arm&eacute;e alg&eacute;rienne.
Les cercueils, entrepos&eacute;s pendant des d&eacute;cennies au Mus&eacute;e de l'Homme &agrave; Paris, ont &eacute;t&eacute; accueillis par le pr&eacute;sident alg&eacute;rien Abdelmadjid Tebboune et une haie d'honneur de militaires.
Recouverts du drapeau national, les 24 cercueils des "martyrs" ont &eacute;t&eacute; lentement port&eacute;s par une longue haie d'honneur de soldats munis de masques sanitaires, au son de 21 coups de canons.
M. Tebboune s'est inclin&eacute; devant chaque cercueil.Un imam a prononc&eacute; une pri&egrave;re.&nbsp;&nbsp;&nbsp;
"Les sir&egrave;nes des bateaux rugissent dans le port d'Alger vrai moment d'&eacute;motion dans une ville incroyablement silencieuse", a twitt&eacute; un internaute.
Les cercueils seront ensuite transf&eacute;r&eacute;s au Palais de la Culture, o&ugrave; ils seront expos&eacute;s pendant toute la journ&eacute;e de samedi.
"Les h&eacute;ros de la R&eacute;volte populaire reviennent sur les terres pour lesquelles ils ont sacrifi&eacute; leur vie", a affirm&eacute; le chef d'&eacute;tat-major Sa&iuml;d Chengriha dans un discours, en fustigeant "le colonialisme ignoble".
Les cr&acirc;nes doivent &ecirc;tre enterr&eacute;s dimanche, jour anniversaire de l'Ind&eacute;pendance, dans le carr&eacute; des Martyrs au cimeti&egrave;re d'El Alia &agrave; Alger.
Leur restitution par la France est un signe fort d'un d&eacute;gel dans les relations entre l'Alg&eacute;rie et l'ancienne puissance coloniale, marqu&eacute;es depuis l'ind&eacute;pendance en 1962 par des pol&eacute;miques r&eacute;currentes et des crispations.
"Ce geste s&rsquo;inscrit dans une d&eacute;marche d&rsquo;amiti&eacute; et de lucidit&eacute; sur toutes les blessures de notre histoire", a d&eacute;clar&eacute; vendredi &agrave; l'AFP la pr&eacute;sidence fran&ccedil;aise.

- "R&eacute;conciliation des m&eacute;moires" -

"C&rsquo;est le sens du travail que le Pr&eacute;sident de la R&eacute;publique a engag&eacute; avec l&rsquo;Alg&eacute;rie et qui sera poursuivi, dans le respect de tous, pour la r&eacute;conciliation des m&eacute;moires des peuples fran&ccedil;ais et alg&eacute;rien", a ajout&eacute; la pr&eacute;sidence fran&ccedil;aise.
Colonis&eacute;e pendant 132 ans (1830-1962), l'Alg&eacute;rie avait annonc&eacute; vendredi par la voix de M. Tebboune le retour "des d&eacute;pouilles de 24 chefs de la R&eacute;sistance populaire", des "h&eacute;ros qui ont affront&eacute; l&rsquo;occupation fran&ccedil;aise brutale, entre 1838 et 1865, et que l&rsquo;ennemi sauvage a d&eacute;capit&eacute;s en repr&eacute;sailles avant de transf&eacute;rer leurs cr&acirc;nes outre-mer (...)".
De fait, ce n'est qu'en janvier 2018 que l'Alg&eacute;rie avait demand&eacute; officiellement &agrave; la France la restitution des cr&acirc;nes -plusieurs dizaines- et des archives coloniales.
Lors d'une visite &agrave; Alger en d&eacute;cembre 2017, le pr&eacute;sident fran&ccedil;ais Emmanuel Macron s'&eacute;tait engag&eacute; &agrave; restituer les restes humains alg&eacute;riens entrepos&eacute;s au Mus&eacute;e de l'Homme.La m&ecirc;me ann&eacute;e, mais avant son &eacute;lection, il avait qualifi&eacute; &agrave; Alger la colonisation de l'Alg&eacute;rie de "crime contre l'humanit&eacute;".

- Loi "historique" -

C'est un historien alg&eacute;rien, Ali-Farid Belkadi, qui a soulev&eacute; en 2011 la question des cr&acirc;nes apr&egrave;s des recherches au mus&eacute;e.Il d&eacute;plorait alors que les cr&acirc;nes soient "calfeutr&eacute;s dans de vulgaires bo&icirc;tes cartonn&eacute;es, qui &eacute;voquent les emballages de magasins de chaussures".Une critique r&eacute;fut&eacute;e par la direction du mus&eacute;e.
Plusieurs p&eacute;titions sign&eacute;es notamment par des historiens avaient r&eacute;clam&eacute; le retour de ces restes en Alg&eacute;rie.
La question m&eacute;morielle reste au coeur des relations volatiles entre la France et l'Alg&eacute;rie, o&ugrave; la perception est que la France ne fait pas assez pour solder son pass&eacute; colonial.
Les d&eacute;put&eacute;s alg&eacute;riens viennent d'adopter une loi "historique" instaurant une journ&eacute;e de la M&eacute;moire, le 8 mai, en souvenir des massacres&nbsp;de 1945 commis par les forces fran&ccedil;aises &agrave; S&eacute;tif et dans le Constantinois (est).
Alger veut aussi remettre sur la table le dossier des "disparus" pendant la guerre d'ind&eacute;pendance (1954-1962) -plus de 2.200 selon Alger- et celui des essais nucl&eacute;aires fran&ccedil;ais dans le Sahara alg&eacute;rien qui "ont fait et continuent &agrave; faire des victimes".
Ce geste&nbsp;d'apaisement intervient en plein d&eacute;bat sur les exactions des anciennes puissances coloniales dans le monde apr&egrave;s la mort de George Floyd, un quadrag&eacute;naire noir asphyxi&eacute; par un policier blanc aux Etats-Unis.

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