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L'Ethiopie tente d'afficher le soutien de sa population à son opération militaire au Tigré

Des centaines d'Ethiopiens ont commencé à donner leur sang jeudi à Addis Abeba, à l'appel des autorités, soucieuses d'afficher le soutien de la population à l'opération militaire en cours dans la région dissidente du Tigré.

Le gouvernement a parall&egrave;lement annonc&eacute; jeudi l'arrestation dans la capitale de 150 personnes d'"ethnies diverses soup&ccedil;onn&eacute;es de pr&eacute;parer des actes terroristes sous les ordres du TPLF", le Front de lib&eacute;ration des Peuples du Tigr&eacute;, parti qui dirige cette r&eacute;gion du Nord du pays.
Outre le don de sang qu'elles ont organis&eacute;, les autorit&eacute;s municipales d'Addis Abeba avaient &eacute;galement appel&eacute;, avant de l'annuler, &agrave; une manifestation en soutien &agrave; l'op&eacute;ration militaire lanc&eacute;e le 4 novembre par le Premier ministre Abiy Ahmed contre le TPLF.
"Le but de ce don de sang est de montrer notre respect pour notre arm&eacute;e", a expliqu&eacute;, tout en se pliant &agrave; l'exercice, la maire de la capitale &eacute;thiopienne, Adanech Abebe, pendant qu'une infirmi&egrave;re piquait son bras.
Elle l'affirme: la population &eacute;thiopienne - une mosa&iuml;que ethnique - fait front uni contre le TPLF, parti qui repr&eacute;sente la minorit&eacute; tigr&eacute;enne (6% des plus de 100 millions d'Ethiopiens), un soutien difficile &agrave; &eacute;valuer.
Mais la toute-puissance du TPLF durant les presque 30 ans pass&eacute;s aux commandes des structures politiques et s&eacute;curitaires en Ethiopie a cr&eacute;&eacute; un fort ressentiment &agrave; son &eacute;gard, notamment au sein des deux principales ethnies du pays, les Oromo et Amhara.

- "Cruaut&eacute;" -

Progressivement mis &agrave; l'&eacute;cart par M. Abiy - un Oromo - depuis qu'il est devenu Premier ministre en 2018 &agrave; la faveur d'une contestation populaire, le TPLF d&eacute;fie depuis plusieurs mois le gouvernement f&eacute;d&eacute;ral.Il a notamment organis&eacute; en septembre un scrutin au Tigr&eacute;, jug&eacute; "ill&eacute;gitime" par Addis Abeba.
Prix Nobel de la paix en 2019, M. Abiy affirme que son op&eacute;ration militaire vise &agrave; remplacer par des "institutions l&eacute;gitimes"&nbsp;le TPLF, dont il accuse les forces d'avoir attaqu&eacute; deux bases de l'arm&eacute;e &eacute;thiopienne dans la r&eacute;gion, ce que nie le parti.
Le Premier ministre a assur&eacute; jeudi sur Facebook que les forces f&eacute;d&eacute;rales avaient "lib&eacute;r&eacute;" le Tigr&eacute; occidental, une des six zones administratives du Tigr&eacute; - outre sa capitale r&eacute;gionale Mekele et ses faubourgs dans l'est de la r&eacute;gion-, et pris le contr&ocirc;le de la localit&eacute; de Sheraro, dans la zone voisine.
Accusant les forces du TPLF de "cruaut&eacute;", il a affirm&eacute; qu'y avaient &eacute;t&eacute; d&eacute;couverts les "corps de soldats ex&eacute;cut&eacute;s, pieds et poings li&eacute;s".
Le blackout sur les communications dans la r&eacute;gion et les restrictions aux d&eacute;placements des journalistes rendent impossible de v&eacute;rifier ces assertions de source ind&eacute;pendante dans l'imm&eacute;diat et le TPLF n'a pas encore r&eacute;agi aux diverses affirmations du Premier ministre.

- "Civils pris entre deux feux" -

Si l'&eacute;tendue des combats et leur bilan sont pour l'heure inconnus, l'arm&eacute;e &eacute;thiopienne a affirm&eacute; avoir men&eacute; plusieurs raids a&eacute;riens sur des objectifs militaires, notamment "des d&eacute;p&ocirc;ts d'armes et de carburants".
L'aviation &eacute;thiopienne a notamment vis&eacute; des cibles proches de la capitale r&eacute;gionale au d&eacute;but de l'op&eacute;ration, a racont&eacute; mercredi &agrave; l'AFP un habitant de Mekele.
Dans cette ville, "t&eacute;l&eacute;communications et banques ne fonctionnent plus et les administrations f&eacute;d&eacute;rales sont ferm&eacute;es (...) mais les institutions r&eacute;gionales travaillent normalement", a-t-il indiqu&eacute; sous le couvert de l'anonymat, "les magasins sont ouverts, le march&eacute; de la ville a rouvert et les gens stockent de la nourriture".
Dans un rapport publi&eacute; mercredi, le Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a averti que "nourriture, m&eacute;dicaments et autres approvisionnements d'urgence n'ont aucun moyen d'arriver dans la r&eacute;gion" pour le moment.
L'Ocha s'est dit "de plus en plus inquiet pour la protection des civils (...) pris entre deux feux" au Tigr&eacute;.
Pr&egrave;s de 11.000 Ethiopiens ont franchi la fronti&egrave;re avec le Soudan pour fuir les combats au Tigr&eacute;, selon l'agence soudanaise charg&eacute;e des r&eacute;fugi&eacute;s.
Le Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok a appel&eacute; mercredi les bellig&eacute;rants en Ethiopie &agrave; "cesser les combats d&egrave;s que possible" et &agrave; entamer des n&eacute;gociations.L'Union africaine (UA) avait appel&eacute; mardi &agrave; "la cessation des hostilit&eacute;s" et au dialogue en Ethiopie.
Mais le gouvernement &eacute;thiopien a r&eacute;p&eacute;t&eacute; jeudi qu'il ne pouvait &ecirc;tre rem&eacute;di&eacute; &agrave; la "cruaut&eacute;" du TPLF "en s'asseyant &agrave; la table des n&eacute;gociations".
"Les n&eacute;gociations n'ont de sens qu'avec de la bonne foi et un d&eacute;sir de paix", indique le gouvernement dans un "document de contexte" distribu&eacute; par le cabinet de M. Abiy.

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