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Le Maroc savoure sa "percée" au Sahara occidental, en contrepartie de la normalisation avec Israël

Le Maroc savoure vendredi son succès diplomatique après avoir obtenu du président américain sortant, Donald Trump, une annonce surprise reconnaissant sa "souveraineté" sur le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole qu'il revendique depuis des décennies, en contrepartie d'une normalisation de ses relations avec Israël.

L'annonce a &eacute;t&eacute; faite jeudi par un double tweet de M. Trump, le premier saluant comme une "avanc&eacute;e historique" les "pleines relations diplomatiques" entre le Maroc et Isra&euml;l, le second annon&ccedil;ant qu'il reconnaissait la souverainet&eacute; du royaume sur le territoire d&eacute;sertique disput&eacute; et soutenait sa solution d'autonomie dans le processus politique pilot&eacute; par les Nations-Unies.
La reconnaissance de la "marocanit&eacute; du Sahara" est "une perc&eacute;e diplomatique historique", alors que la normalisation des relations avec Isra&euml;l "s'inscrit dans une continuit&eacute;" li&eacute;e &agrave; la "sp&eacute;cificit&eacute; du Maroc, de par les liens entre le roi et la communaut&eacute; juive", a soulign&eacute; jeudi soir le ministre marocain des Affaires &eacute;trang&egrave;res, Nasser Bourita, dans un entretien avec l'AFP.&nbsp;
L'annonce salu&eacute;e en Isra&euml;l comme un "accord historique" a suscit&eacute; des r&eacute;actions mitig&eacute;es, le &nbsp;mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a d&eacute;nonc&eacute; "un p&eacute;ch&eacute; politique qui ne sert pas la cause palestinienne", l'ONU a fait savoir que sa position restait "inchang&eacute;e" sur le dossier du Sahara occidental tout en affirmant que la solution "peut toujours &ecirc;tre trouv&eacute;e sur la base des r&eacute;solutions du Conseil de s&eacute;curit&eacute;".
L'ancienne colonie espagnole est &agrave; la fois revendiqu&eacute;e par les Marocains et les ind&eacute;pendantistes du Front Polisario soutenus par l'Alg&eacute;rie, voisine et grande rivale r&eacute;gionale de Rabat.Des n&eacute;gociations pilot&eacute;es par l'ONU sont au point mort depuis le printemps 2019.&nbsp;
Si l'Alg&eacute;rie n'a pas encore officiellement r&eacute;agi, le Polisario a condamn&eacute; avec force "le fait que le pr&eacute;sident am&eacute;ricain sortant, Donald Trump, attribue au Maroc ce qui ne lui appartient pas".

- "Grande puissance" -

A la mi-novembre, le Maroc qui contr&ocirc;le les deux tiers du territoire, sa fa&ccedil;ade maritime poissonneuse et ses gisements de phosphate, avait d&eacute;j&agrave; confort&eacute; ses positions sur le terrain en envoyant ses troupes dans une zone tampon jusque l&agrave; contr&ocirc;l&eacute;e par l'ONU pour "s&eacute;curiser" la seule route vers l'Afrique de l'Ouest, dans l'extr&ecirc;me sud.La situation reste tendue depuis, le Polisario ayant rompu le cessez-le-feu sign&eacute; en 1991 sous l'&eacute;gide de l'ONU.
Selon le chef de la diplomatie marocaine, c'est au terme de "plusieurs ann&eacute;es de travail et de communication active" que les efforts diplomatiques du Maroc sur le dossier du Sahara ont &eacute;t&eacute; "couronn&eacute;s par la reconnaissance des Etats-Unis, la grande puissance du Conseil de s&eacute;curit&eacute;, acteur influent sur la sc&egrave;ne internationale".
Dans la balance: les Etats-Unis ouvrent un consulat &agrave; Dakhla, le grand port du Sahara Occidental, le Maroc, lui "rouvre non pas une ambassade mais un bureau diplomatique" existant de 1994 &agrave; 2002, &agrave; l'&eacute;poque o&ugrave; le roi Hassan II soutenait le processus de paix marqu&eacute; par les accords isra&eacute;lo-palestiniens d'Oslo en 1993, comme l'a soulign&eacute; un haut responsable diplomatique marocain.
Les m&eacute;dias isra&eacute;liens avaient &eacute;voqu&eacute; ce "deal" depuis plusieurs mois, sans r&eacute;action officielle c&ocirc;t&eacute; marocain.Hormis le premier ministre, Saad-Eddine El Othmani, qui avait vigoureusement condamn&eacute; en ao&ucirc;t dernier "toute normalisation avec l'entit&eacute; sioniste" en jugeant "toute forme de concession inacceptable".
Jeudi, le chef du gouvernement marocain s'est abstenu de tout commentaire.
Parmi les rares voix dissidentes, son conseiller Nizar Khairoun a soulign&eacute; sur Twitter que "le Sahara est marocain et Isra&euml;l une entit&eacute; occupante qui usurpe les droits des Palestiniens".Mais il ne formule aucune critique directe de l'annonce faite par le roi concernant Isra&euml;l, en phase avec la r&egrave;gle de fer qui impose aux Marocains le respect absolu de leur monarque.
En &eacute;cho, sur les r&eacute;seaux sociaux marocains, le hashtag "la normalisation est une trahison" &eacute;tait vendredi parmi les plus populaires, mais loin derri&egrave;re le hashtag "Sahara".La presse marocaine titre sur le Sahara, &agrave; rebours de la presse internationale focalis&eacute;e sur le volet isra&eacute;lien.
Tout autant que le "Sahara marocain", la cause palestinienne est consid&eacute;r&eacute;e comme une "cause nationale" au Maroc, mobilisant partis politiques et ONG oppos&eacute;s &agrave; toute normalisation avec "l'entit&eacute; sioniste".A la mi-septembre, quelques centaines de Marocains avaient ainsi manifest&eacute; &agrave; Rabat&nbsp;contre la "voie de la normalisation arabe" avec Isra&euml;l, en d&eacute;non&ccedil;ant les "pays tra&icirc;tres" &agrave; la cause, &agrave; l'&eacute;poque les Emirats arabes unis et Bahre&iuml;n.
Cependant, le Roi Mohammed VI a assur&eacute; jeudi soir au pr&eacute;sident palestinien, Mahmoud Abbas, la poursuite de "l'engagement permanent et soutenu du Maroc en faveur de la cause palestinienne juste".

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