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La pression est forte sur le président sénégalais Macky Sall pour qu'il réponde à la colère de la rue, à l'aube d'une nouvelle semaine de manifestations, après des troubles qui ont fait au moins cinq morts.

Une haute personnalit&eacute; r&eacute;put&eacute;e ind&eacute;pendante, le m&eacute;diateur de la R&eacute;publique Alioune Badara Ciss&eacute;, a press&eacute; le pr&eacute;sident de sortir de son silence pour s'adresser aux jeunes, ajoutant sa voix aux appels de la part de l'ONU ou des organisations africaines &agrave; toutes les parties pour chercher les voies d'une d&eacute;sescalade.
Les S&eacute;n&eacute;galais "veulent vous entendre, pourquoi diable ne leur parlerez-vous pas ?", a d&eacute;clar&eacute; devant la presse Alioune Badara Ciss&eacute;, ancien proche collaborateur et ministre de M. Sall, et volontiers critique du pouvoir."Faites-le avant qu'il ne soit trop tard".
Le S&eacute;n&eacute;gal, r&eacute;put&eacute; comme un &icirc;lot de stabilit&eacute; en Afrique de l'Ouest, va au-devant d'une nouvelle semaine &agrave; risques apr&egrave;s avoir connu de mercredi &agrave; vendredi ses troubles les plus graves depuis des ann&eacute;es.
Un coll&eacute;gien a &eacute;t&eacute; tu&eacute; samedi lors de manifestations &agrave; Diaob&eacute; (sud), portant &agrave; au moins cinq le nombre des morts depuis mercredi.
Un collectif qui entend porter la contestation, le Mouvement de d&eacute;fense de la d&eacute;mocratie (M2D), a appel&eacute; &agrave; trois jours de nouvelles manifestations &agrave; partir de lundi.Il r&eacute;clame la lib&eacute;ration des prisonniers "arbitrairement" d&eacute;tenus, parmi lesquels Ousmane Sonko, dont l'arrestation a mis le feu aux poudres, ainsi qu'une enqu&ecirc;te sur les &eacute;v&egrave;nements.Le collectif remet en question la l&eacute;gitimit&eacute; du pr&eacute;sident.
M. Sonko, troisi&egrave;me de la pr&eacute;sidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents de celle de 2024, doit &ecirc;tre pr&eacute;sent&eacute; &agrave; un juge lundi.

- Ecole suspendue -

M. Sonko a &eacute;t&eacute; arr&ecirc;t&eacute; mercredi, officiellement pour trouble &agrave; l'ordre public, alors qu'il se rendait en cort&egrave;ge au tribunal o&ugrave; il &eacute;tait convoqu&eacute; pour r&eacute;pondre &agrave; des accusations de viol port&eacute;es contre lui par une employ&eacute;e d'un salon de beaut&eacute; dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.
Personnalit&eacute; au profil antisyst&egrave;me, le d&eacute;put&eacute; crie au complot ourdi par le pr&eacute;sident lui-m&ecirc;me pour l'&eacute;carter de la prochaine pr&eacute;sidentielle.
La d&eacute;cision attendue lundi de le rel&acirc;cher ou de l'&eacute;crouer s'annonce lourde de cons&eacute;quences.
Les autorit&eacute;s ont suspendu l'&eacute;cole sur tout le territoire pour la semaine, afin de "prot&eacute;ger les &eacute;l&egrave;ves, les enseignants et l'administration scolaire" des heurts redout&eacute;s.
De nombreux enfants et adolescents ont pris part aux manifestations, ont constat&eacute; les journalistes de l'AFP.Les autorit&eacute;s "recommandent fortement aux parents d'&eacute;l&egrave;ves de garder un oeil vigilant sur leurs enfants".En r&eacute;alit&eacute; beaucoup d'enfants &eacute;chappent &agrave; une telle vigilance dans un pays qui affichait en 2019 un taux de scolarisation en primaire voisin de 80%, selon l'Unesco.
L'arrestation d'Ousmane Sonko a d&eacute;clench&eacute; dans la capitale Dakar et dans tout le pays des affrontements entre jeunes et forces de l'ordre, des saccages et des pillages.

- Dilemmes pr&eacute;sidentiels -

Elle a provoqu&eacute; la col&egrave;re des partisans de M. Sonko.Elle a aussi, disent de nombreux S&eacute;n&eacute;galais, port&eacute; &agrave; son comble l'exasp&eacute;ration accumul&eacute;e par la d&eacute;gradation, au moins depuis le d&eacute;but de la pand&eacute;mie de Covid-19 en 2020, des conditions de vie dans un pays d&eacute;j&agrave; pauvre.
Le m&eacute;diateur de la R&eacute;publique, cens&eacute; recueillir les dol&eacute;ances contre l'Etat, a dress&eacute; un &eacute;tat des lieux sombre du S&eacute;n&eacute;gal, &eacute;voquant de b&eacute;antes in&eacute;galit&eacute;s sociales et une jeunesse "qui traverse les oc&eacute;ans sans bou&eacute;e de sauvetage (et) qui sert d'aliment aux poissons en haute mer".Il faisait r&eacute;f&eacute;rence aux migrants qui tentent de rallier l'Europe.
Il &eacute;tait "pr&eacute;visible qu'il arriverait un moment o&ugrave; le couvercle sauterait", a-t-il dit, pressant M. Sall d'&eacute;couter les jeunes.
Le pr&eacute;sident a d&eacute;menti fin f&eacute;vrier &ecirc;tre pour quoi que ce soit dans les ennuis judiciaires de M. Sonko.
M. Sall, confront&eacute; &agrave; des d&eacute;cisions d&eacute;licates entre l'ind&eacute;pendance proclam&eacute;e de la justice, la pression de la contestation et de la pand&eacute;mie, et les cons&eacute;quences politiques du sort de M. Sonko, a depuis gard&eacute; le silence en public sur l'affaire.
Son ministre de l'Int&eacute;rieur a pr&eacute;venu que l'Etat emploierait tous les moyens n&eacute;cessaires pour r&eacute;tablir l'ordre.Il a aussi fait miroiter un all&egrave;gement du couvre-feu instaur&eacute; contre la pand&eacute;mie.

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