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A l'ext&eacute;rieur, devant la station essence, une file de voitures s'&eacute;tire sur plus d'un kilom&egrave;tre, sans aucune assurance de pouvoir faire le plein.L&agrave; encore, le quotidien des habitants de la capitale.&nbsp;
Le pays est englu&eacute; depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000 dans une profonde crise &eacute;conomique.
Apr&egrave;s un relatif r&eacute;pit il y a une d&eacute;cennie, la situation a de nouveau empir&eacute; depuis deux ans, avec le retour des p&eacute;nuries de denr&eacute;es de base comme le sucre et la semoule de ma&iuml;s, et une inflation galopante sur fond de d&eacute;pr&eacute;ciation mon&eacute;taire.
Le prix d'une miche de pain a quasiment doubl&eacute; en quelques semaines, passant de 38 dollars zimbabw&eacute;ens en mai &agrave; 61 (de 0,7 &agrave; 1,1 dollar am&eacute;ricain) aujourd'hui.
La semoule de ma&iuml;s se vend d&eacute;sormais 320 dollars zimbabw&eacute;ens pour dix kilos, contre 250 en mai.Mercredi, c'est le prix des carburants &agrave; la pompe qui s'est lui encore envol&eacute; de pr&egrave;s de 150%.
L'inflation annuelle atteint des sommets: 785,6% selon les chiffres officiels.&nbsp;
Pour tenter de stabiliser la monnaie, le gouvernement a annonc&eacute; vendredi la suspension des transactions mon&eacute;taires via les t&eacute;l&eacute;phones portables, le moyen de paiement le plus utilis&eacute; faute de liquidit&eacute;s suffisantes.Une mesure qui va encore grandement compliquer le quotidien des Zimbabw&eacute;ens.&nbsp;
Sur la crise &eacute;conomique se greffent la s&eacute;cheresse, r&eacute;currente depuis plusieurs saisons, et maintenant la pand&eacute;mie de coronavirus, qui reste pour l'instant contenue avec moins de 1.000 cas mais aggrave l'ins&eacute;curit&eacute; alimentaire.
La moiti&eacute; de la population, soit 7,7 millions de personnes, a besoin d'aide alimentaire, selon l'ONU.
"&Ccedil;a ne peut pas continuer comme &ccedil;a.Ces gens devraient admettre leur &eacute;chec", estime un habitant d'Harare, Timothy Bhaureni, en r&eacute;f&eacute;rence au gouvernement du pr&eacute;sident Emmerson Mnangagwa.


- "Le r&eacute;gime chanc&egrave;le" -

Lors de son arriv&eacute;e au pouvoir en 2017, &agrave; la faveur d'un coup de force de l'arm&eacute;e qui a contraint Robert Mugabe &agrave; d&eacute;missionner apr&egrave;s trente-sept ans au pouvoir, Emmerson Mnangagwa avait pourtant promis une nouvelle &egrave;re.
Il s'&eacute;tait engag&eacute; &agrave; relancer l'&eacute;conomie moribonde et &agrave; attirer les partenaires commerciaux.Mais la situation n'a jamais &eacute;t&eacute; aussi dramatique depuis dix ans.
La faute, selon Emmerson Mnangagwa, &agrave; des adversaires politiques qu'il ne nomme pas.
"Nous constatons des attaques incessantes contre notre monnaie et l'&eacute;conomie en g&eacute;n&eacute;ral, avec un syst&egrave;me de prix exorbitants", a-t-il affirm&eacute; plus t&ocirc;t ce mois-ci devant des hauts responsables de son parti, la Zanu-PF.
"Cette bataille est aliment&eacute;e par nos d&eacute;tracteurs politiques (...) et des insatisfaits qui mettent en &oelig;uvre leur projet malfaisant", a-t-il assur&eacute;.
Dans ce contexte, les attaques contre l'opposition ont encore redoubl&eacute;.
En mai, une d&eacute;put&eacute;e et deux militantes du Mouvement pour le changement d&eacute;mocratique (MDC) ont &eacute;t&eacute; enlev&eacute;es et tortur&eacute;es par la police, selon leurs avocats.
Dans un retournement spectaculaire, la police les a arr&ecirc;t&eacute;es en les accusant d'avoir simul&eacute; leur enl&egrave;vement.&nbsp;
D&eacute;but juin, des rumeurs de coup d'Etat ont &eacute;galement bruiss&eacute; dans les rues de la capitale quand les forces de l'ordre se sont d&eacute;ploy&eacute;es en nombre pour refuser aux v&eacute;hicules l'acc&egrave;s au centre-ville.
Le ministre de l'Int&eacute;rieur Kazembe Kazembe les a balay&eacute;es."&Ccedil;a ne peut &ecirc;tre plus &eacute;loign&eacute; de la r&eacute;alit&eacute; de la situation s&eacute;curitaire du Zimbabwe", a-t-il affirm&eacute;.&nbsp;
Il s'agissait simplement, selon les autorit&eacute;s, de faire appliquer les mesures sanitaires contre le Covid-19.
"La situation par d&eacute;faut du pays est celle de l'instabilit&eacute;" sur les plans &eacute;conomique et politique, r&eacute;sume l'analyste Eldred Masunungure, de l'universit&eacute; du Zimbabwe.&nbsp;
"Cela semble &ecirc;tre la nouvelle normalit&eacute;", explique-t-il &agrave; l'AFP."On est dans un cas exceptionnel o&ugrave; le r&eacute;gime survit en d&eacute;pit de la volatilit&eacute;, o&ugrave; les citoyens ne se soul&egrave;vent pas malgr&eacute; la col&egrave;re qui couve.Le r&eacute;gime chanc&egrave;le mais ne tombe pas.C'est le myst&egrave;re de notre situation".
Pour l'&eacute;conomiste Prosper Chitambara, du groupe de r&eacute;flexion Labour and Economic Development Institute of Zimbabwe, la situation pourrait encore empirer.
"Nous nous dirigeons vers des temps difficiles avec la d&eacute;pr&eacute;ciation de la monnaie locale", pr&eacute;dit-il, on va continuer &agrave; voir une pression constante sur les prix".&nbsp;
La Banque mondiale table d&eacute;j&agrave; sur une contraction de 10% du produit int&eacute;rieur brut (PIB) en 2020.

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