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Maroc: les geeks ont (enfin) trouvé leur paradis

"Trop beau pour être vrai", a pensé Ismail El Mekhfi en découvrant l'école de codage "1337", conçue comme un paradis pour geeks avec ses équipements ultramodernes et ses formations gratuites dans un Maroc en manque d'experts en informatique.

Elle est pourtant bien r&eacute;elle.Ouverte en 2017, elle poss&egrave;de deux campus avec 600 &eacute;tudiants au total, dont 10% de femmes, et propose des formations de trois ans maximum, avec d&eacute;livrance d'un certificat in fine.
"Tout est incroyable, ici, &agrave; commencer par la p&eacute;dagogie", explique Ismail, 22 ans, intarissable une fois l&acirc;ch&eacute;s son &eacute;cran et son casque.
Les programmes sont &agrave; la carte sous forme de "missions" comme dans les jeux vid&eacute;os, des horaires libres, une cantine gratuite, des salles de d&eacute;tente avec billard, babyfoot, poufs et balan&ccedil;oires.Un air de startup de la Silicon Valley.
"Il n'y a pas de cours th&eacute;oriques, pas de professeurs, la transmission du savoir se fait comme sur internet, de pairs &agrave; pairs, en instantan&eacute;", explique Larbi El Hilali, directeur de l'&eacute;tablissement nomm&eacute; en r&eacute;f&eacute;rence &agrave; un langage utilis&eacute; par les geeks.
C'est pour r&eacute;pondre &agrave; un d&eacute;ficit criant d'experts en informatique que le g&eacute;ant marocain du phosphate OCP a am&eacute;nag&eacute; ce campus sur le site d'une usine d&eacute;saffect&eacute;e, dans la petite ville mini&egrave;re de Khouribga (centre).Il finance tout.
Ismail, qui se d&eacute;crit comme un "hacker &eacute;thique" car il prot&egrave;ge les syst&egrave;mes informatiques, s'est form&eacute; seul sur internet.
"Tout l'ennuyait" au lyc&eacute;e et il a d&eacute;croch&eacute; avant le bac, au grand dam de ses parents.Il est alors rep&eacute;r&eacute; par une soci&eacute;t&eacute; de cybers&eacute;curit&eacute; en Norv&egrave;ge mais, &agrave; la fin d'un contrat de deux ans, il rentre chez lui "sans grande perspective".
Jusqu'&agrave; son admission dans la premi&egrave;re promotion "1337".Il ne reste pas &eacute;tudiant tr&egrave;s longtemps: gr&acirc;ce &agrave; ses talents, il rejoint l'&eacute;quipe de s&eacute;curit&eacute; informatique de l'&eacute;cole avant la fin de son cursus.
"Il est tr&egrave;s fort!Et bien plus fort qu'un vieux comme moi: la cybers&eacute;curit&eacute; est en &eacute;volution constante, les comp&eacute;tences se p&eacute;riment vite", commente Youssef Dahbi, chef technique de l'&eacute;cole, &acirc;g&eacute; d'une trentaine d'ann&eacute;es.

- "Jeunes invisibles" -

Le projet "1337" a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute; en partenariat avec l'&eacute;cole 42, cr&eacute;&eacute;e en 2013 &agrave; Paris par le milliardaire des t&eacute;l&eacute;coms Xavier Niel et aujourd'hui une r&eacute;f&eacute;rence du "coding".
Il s'agit d'attirer "des jeunes invisibles, des geeks incompris qui ne trouvent pas leur place dans le syst&egrave;me et ont d&eacute;velopp&eacute; seuls des comp&eacute;tences rares", explique M. El Hilali, ancien cadre chez OCP.
"On se sent comme une grande famille, on a le m&ecirc;me &eacute;tat d'esprit, le m&ecirc;me style de vie", confie Fatima Zahra Karouach, dipl&ocirc;m&eacute;e en g&eacute;nie industriel qui a d&eacute;missionn&eacute; de son premier emploi pour int&eacute;grer la premi&egrave;re promotion.
Cette &eacute;tudiante de 29 ans savoure sa "libert&eacute;": "Pas d'horaires de bureau, pas de contraintes, pas de jugement".
Le Camerounais Robert Bright Foca, 23 ans, est l'un des rares &eacute;trangers de l'&eacute;tablissement.Il est entr&eacute; ill&eacute;galement au Maroc "juste &agrave; temps pour passer le concours d'entr&eacute;e", apr&egrave;s deux mois de p&eacute;riple.
Celui qui a "touch&eacute; son premier ordinateur &agrave; 11 ans" r&ecirc;ve d'ouvrir une &eacute;cole de codage dans son pays.
Mohamed Aymane Farmi, Marocain de 24 ans, se qualifie de "matheux passionn&eacute; d'algorithmes".Issu d'un milieu privil&eacute;gi&eacute;, il a abandonn&eacute; sans regret le cursus "vieux jeu" des grandes &eacute;coles d'ing&eacute;nieurs et veut cr&eacute;er une startup sp&eacute;cialis&eacute;e dans l'intelligence artificielle.

- "Meilleurs potentiels" -

Les &eacute;tudiants sont s&eacute;lectionn&eacute;s sur des crit&egrave;res de performance individuelle, de motivation et de marge de progression, sans pr&eacute;requis de dipl&ocirc;me.
"L'id&eacute;e est de cibler les meilleurs potentiels: cr&eacute;er de nouvelles fili&egrave;res est plus simple que r&eacute;former le syst&egrave;me de l'enseignement sup&eacute;rieur, compte-tenu des pesanteurs", explique un conseiller strat&eacute;gique d'OCP sous couvert d'anonymat.
Cet empire industriel communique volontiers sur ses fili&egrave;res innovantes d'enseignement mais pas sur ses investissements dans ce secteur en plein boom en Afrique du Nord.Surtout en informatique.
Le Maroc forme chaque ann&eacute;e quelque 8.000 ing&eacute;nieurs en informatique mais c'est insuffisant pour r&eacute;pondre aux besoins de la transformation num&eacute;rique, surtout avec la concurrence des salaires en Europe et en Am&eacute;rique du Nord.
L'&eacute;closion de formations&nbsp;innovantes&nbsp;en informatique touche l'ensemble du Maghreb, traditionnellement consid&eacute;r&eacute; comme une p&eacute;pini&egrave;re d'ing&eacute;nieurs.
La Tunisie notamment.La "Holberton school", fond&eacute;e en Californie par deux Fran&ccedil;ais, vient d'ouvrir un campus &agrave; Tunis, avec le m&ecirc;me type de formations gratuites que "1337" et "42".Cette derni&egrave;re a renonc&eacute; &agrave; son projet &agrave; Tunis &agrave; cause de difficult&eacute;s administratives.

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