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Mauritanie: l'ex-président Aziz écroué

L'ex-président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été écroué mardi soir sur décision du juge chargé d'une enquête pour corruption présumée dans laquelle l'ancien chef de l'Etat, au pouvoir jusqu'en 2019, a été inculpé en mars, a-t-on appris auprès du parquet et de son parti.

Un magistrat du parquet s'exprimant sous couvert de l'anonymat ainsi que le porte-parole de son parti, l'ancien ministre Djibril Ould Bilal, ont confirm&eacute; son placement sous mandat de d&eacute;p&ocirc;t sans en pr&eacute;ciser la cause dans un premier temps.
Mais cette mesure intervient quelques jours apr&egrave;s le refus de l'ancien dirigeant de continuer &agrave; se pr&eacute;senter &agrave; la police, comme le lui imposaient les conditions dont &eacute;tait assorti son placement en r&eacute;sidence surveill&eacute;e.
Apr&egrave;s plus de dix ans pass&eacute;s entre 2008 et 2019 &agrave; la t&ecirc;te de ce vaste et pauvre pays sah&eacute;lien de 4,5 millions d'habitants, l'ancien pr&eacute;sident poursuit sa descente aux enfers sous son successeur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, son ancien chef de cabinet et ministre, dont il avait pourtant pr&eacute;par&eacute; l'accession &agrave; la pr&eacute;sidence.
M. Aziz crie au "r&egrave;glement de comptes" destin&eacute; &agrave; le tenir &agrave; l'&eacute;cart de la politique.Ses avocats affirment qu'il devrait b&eacute;n&eacute;ficier de l'immunit&eacute; conf&eacute;r&eacute;e selon eux par l'article 93 de la Constitution.Son successeur a constamment invoqu&eacute; l'ind&eacute;pendance de la justice.
M. Ould Abdel Aziz avait &eacute;t&eacute; inculp&eacute; en mars, en m&ecirc;me temps qu'une dizaine de hautes personnalit&eacute;s, pour des faits pr&eacute;sum&eacute;s de corruption, blanchiment d'argent ou encore enrichissement illicite commis pendant les ann&eacute;es o&ugrave; il dirigeait le pays.
M. Aziz et ses co-inculp&eacute;s, parmi lesquels un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres et plusieurs anciens ministres et hommes d'affaires, avaient alors &eacute;t&eacute; plac&eacute;s sous contr&ocirc;le judiciaire.En mai, le juge avait durci ces conditions en ordonnant son placement en r&eacute;sidence surveill&eacute;e, tout en maintenant l'obligation pour lui de se pr&eacute;senter &agrave; la police trois fois par semaine et de demander l'autorisation du juge pour quitter Nouakchott.
Il y a quelques jours, M. Aziz a d&eacute;cid&eacute; de ne plus se rendre &agrave; la police, comme il l'avait fait jusqu'alors, &agrave; pied, provoquant des attroupements.Il avait invoqu&eacute; sur Facebook "les brimades inflig&eacute;es aux citoyens qui m'accompagnent et me t&eacute;moignent leur soutien".

- "Je ne partirai pas" -

La justice mauritanienne est saisie depuis ao&ucirc;t 2020 du rapport d'une commission parlementaire qui s'&eacute;tait pench&eacute;e sur la gestion des revenus p&eacute;troliers sous sa pr&eacute;sidence, sur la vente de domaines de l'Etat, les conditions de liquidation d'une soci&eacute;t&eacute; publique assurant l'approvisionnement du pays en denr&eacute;es alimentaires ou encore les activit&eacute;s d'une soci&eacute;t&eacute; chinoise de p&ecirc;che.
Au moment des multiples inculpations de mars, le parquet avait annonc&eacute; le gel ou la saisie de soci&eacute;t&eacute;s, d'immeubles, de v&eacute;hicules ou de sommes d'argent &eacute;valu&eacute;s sommairement &agrave; l'&eacute;quivalent de 96 millions d'euros.Sur ce total, 67 millions revenaient &agrave; l'un des suspects et 21 au gendre de celui-ci, disait le parquet sans citer explicitement l'ex-pr&eacute;sident.
Arriv&eacute; au pouvoir par un coup d'Etat militaire, M. Aziz a &eacute;t&eacute; &eacute;lu en 2009 et r&eacute;&eacute;lu en 2014.M. Ghazouani, son dauphin, a &eacute;t&eacute; &eacute;lu &agrave; sa succession en juin 2019.
Depuis, l'ex-pr&eacute;sident a perdu en d&eacute;cembre 2019 la direction de l'Union pour la R&eacute;publique (UPR), parti qu'il a fond&eacute; et qui d&eacute;tient toujours une forte majorit&eacute; au parlement.Sa disgr&acirc;ce s'est acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e en ao&ucirc;t 2020 avec les interrogatoires de la police et la privation de son passeport.
M. Aziz n'entend pas s'en laisser compter.Il a signal&eacute; son retour en politique en avril en int&eacute;grant un petit parti d'opposition, le Ribat national.Il a aussi menac&eacute; de se livrer &agrave; un grand d&eacute;ballage sur les affaires de l'Etat.
Il a exclu de prendre le chemin de l'exil."Il ne faut pas qu'ils pensent qu'ils peuvent me faire plier (...) Je ne partirai pas, ni au S&eacute;n&eacute;gal, ni au Mali, ni au Maroc, ni en Alg&eacute;rie, ni dans un quelconque autre pays et ni en France", disait-il en avril.
M. Aziz ne devrait pas &ecirc;tre &eacute;crou&eacute; en prison dans l'imm&eacute;diat &agrave; cause du risque de contamination par le Covid-19, mais devrait s&eacute;journer deux semaines dans une chambre de la police, ont indiqu&eacute; des sources proches du dossier.

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