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Niger: début d'une nouvelle vie pour une centaine de repentis de Boko Haram

En plein milieu des dunes du désert nigérien surgit le camp de Goudoumaria, entouré de barbelés, murs et sacs de sable.Des soldats lourdement armés sur des miradors sont aux aguets.Pourtant, airs de musique, éclats de rires et cris d'enfants joyeux fusent.

Depuis 2017, le camp accueille des anciens membres repentis du groupe islamiste Boko Haram, dont l'insurrection qui a d&eacute;but&eacute; en 2009 au Nigeria s'&eacute;tend aujourd'hui dans les pays voisins.Ce jour-l&agrave;, on y f&ecirc;te la premi&egrave;re promotion d'anciens jihadistes &agrave; &ecirc;tre lib&eacute;r&eacute;s.
Quelque 110 personnes, dont 47 Nig&eacute;rians, s'appr&ecirc;tent &agrave; quitter le camp apr&egrave;s avoir suivi un programme de d&eacute;radicalisation et une formation professionnelle ouvrant la voie &agrave; leur r&eacute;insertion sociale.
Chefs traditionnels, officiels nig&eacute;riens, diplomates occidentaux, personnel de l'ONU, qui soutient financi&egrave;rement l'initiative, ont fait le d&eacute;placement pour cet &eacute;v&eacute;nement, jug&eacute; exemplaire, et qui se veut une des solutions &agrave; la progression des groupes jihadistes dans la r&eacute;gion.
Le Sahel subit des attaques de plus en plus fr&eacute;quentes et meurtri&egrave;res, li&eacute;es &agrave; l'organisation Etat islamique (EI) ou aux diff&eacute;rentes factions de Boko Haram.Au Niger, 71 soldats ont p&eacute;ri le 10 d&eacute;cembre, dans une attaque sanglante &agrave; Inates, pr&egrave;s de la fronti&egrave;re malienne, la plus meurtri&egrave;re de l'histoire du pays, qui a &eacute;t&eacute; revendiqu&eacute;e par l'EI.
Les repentis de Boko Haram, qui expriment bruyamment leur joie, arborent des tee-shirts blancs portant les armoiries du Niger et la mention "Je m'engage pour la paix".
Au pied des imposants murs du camp, des anciens miliciens d&eacute;montrent leur nouveau savoir-faire acquis en quelques mois: m&eacute;canique, plomberie, menuiserie, couture ou soudure.
"La musique me manque trop, j'ai presque oubli&eacute; comment danser", t&eacute;moigne en se tr&eacute;moussant Madou Ari, 25 ans, qui a pass&eacute; trois ann&eacute;es au sein de Boko Haram.

- Troqu&eacute; sa kalach contre un chalumeau -

"Avec Boko Haram nous avions v&eacute;cu l'enfer.A pr&eacute;sent, nous ne r&ecirc;vons que d'un avenir meilleur", rench&eacute;rit son voisin.
Casque noir de soudeur sur la t&ecirc;te, Ibrahim Ma&iuml;na a troqu&eacute; sa Kalachnikov contre un chalumeau.Il souhaite ouvrir son atelier de soudure."Je demande pardon &agrave; toute ma famille, &agrave; tout le Niger et &agrave; tous les gens d'Afrique.Je d&eacute;sire &agrave; pr&eacute;sent vivre en paix.Boko Haram m'a induit en erreur.Ils m'ont dit que c'&eacute;tait le jihad mais ils ne faisaient en r&eacute;alit&eacute; rien de tout cela", avoue-t-il.
Assise devant une machine &agrave; coudre flambant neuve, Boussam Ch&eacute;tima, une adolescente de 17 ans, est toujours traumatis&eacute;e, apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; "enlev&eacute;e" et avoir "pass&eacute; une ann&eacute;e en captivit&eacute;".
"Nuit et jour, je cherchais un moyen de m'&eacute;vader.Quand l'occasion s'est offerte, j'ai pris la poudre d'escampette", assure-t-elle.
R&eacute;ajustant le voile rouge qui recouvre sa mince silhouette, elle a des envies simples: "Je d&eacute;sire vivre en paix, fonder un foyer et me nourrir gr&acirc;ce &agrave; la couture que j'ai apprise ici au centre".
Mara, 22 ans, est tiraill&eacute; entre rentrer chez lui ou aller refaire sa vie ailleurs."Comment regarder ma famille dans les yeux ? Les gens m'avaient bien dissuad&eacute; d'aller avec Boko Haram", avoue-t-il.
Pour prouver qu'ils ont vraiment tourn&eacute; le dos &agrave; Boko Haram, les repentis ont collectivement pr&ecirc;t&eacute; serment sur le Coran.Pendant leur s&eacute;jour &agrave; Goudoumaria, ils ont re&ccedil;u une "formation religieuse" de six mois avec des pr&ecirc;ches sur "la pratique de l'islam mod&eacute;r&eacute;".
"A partir de cet instant (...), ils sont d&eacute;sormais totalement libres de leurs mouvements", a expliqu&eacute; &agrave; l'AFP Cha&iuml;bou Samna, le procureur de la R&eacute;publique &agrave; Niamey, pr&eacute;sent &agrave; la c&eacute;r&eacute;monie.

- "Ils doivent vite d&eacute;serter" -

Pour faciliter leur retour dans leur famille, "nous avons lanc&eacute; un appel aux communaut&eacute;s o&ugrave; ils vont &ecirc;tre r&eacute;ins&eacute;r&eacute;s pour qu'elles les acceptent", a assur&eacute; le ministre nig&eacute;rien de l'Int&eacute;rieur Mohamed Bazoum.
"Ils doivent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s comme des gens normaux et ne doivent pas souffrir de leur pass&eacute;", plaide Issa L&eacute;mine, le gouverneur de la r&eacute;gion de Diffa.
Les 110 repentis recevront des outils de travail pour monter leurs propres ateliers, puis ils seront achemin&eacute;s dans leur village d'origine, a indiqu&eacute; Mohamed Bazoum, qui a exhort&eacute; "ceux qui sont encore dans l'aventure" &agrave; se rendre.
Un appel relay&eacute; par Baba Gana Adam, le visage cach&eacute; par un turban violet."Que ceux de nos camarades qui sont encore en brousse sachent qu'il (Boko Haram) pr&ocirc;ne le mauvais islam.Ils doivent vite d&eacute;serter", pr&ecirc;che ce repenti, qui a re&ccedil;u une formation de m&eacute;canicien.
Au total, plus de 240 anciens &eacute;l&eacute;ments de Boko Haram, dont des femmes et des enfants, sont h&eacute;berg&eacute;s &agrave; Goudoumaria apr&egrave;s s'&ecirc;tre rendus aux autorit&eacute;s.
Ce mouvement de reddition avait d&eacute;but&eacute; fin d&eacute;cembre 2016.Les autorit&eacute;s de Diffa, qui esp&egrave;rent acc&eacute;l&eacute;rer le rythme des redditions, ont mis &agrave; la disposition des d&eacute;tenus "des moyens de communication" notamment le t&eacute;l&eacute;phone, pour qu'ils puissent "appeler leurs camarades".
"Nous sommes pr&ecirc;ts &agrave; leur garantir la vie sauve et &agrave; cr&eacute;er les conditions de leur r&eacute;insertion socio-&eacute;conomique", a promis le pr&eacute;sident nig&eacute;rien Mahamadou Issoufou.

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