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RDC: Tshisekedi a les mains libres à la tête du géant fragile de l'Afrique centrale

Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, dispose désormais des mains libres à la tête du géant fragile de l'Afrique centrale, après la démission d'un Premier ministre fidèle à Joseph Kabila, son tout-puissant prédécesseur qu'il a isolé en moins de deux mois.

Soutenu par les Am&eacute;ricains et l'Union europ&eacute;enne, le chef de l'Etat, au pouvoir depuis deux ans, a re&ccedil;u vendredi la d&eacute;mission de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, d&eacute;savou&eacute; mercredi par une motion de censure adopt&eacute;e par l'&eacute;crasante nouvelle majorit&eacute; pro-Tshisekedi &agrave; l'Assembl&eacute;e nationale (367 voix sur 377 votants et 500 d&eacute;put&eacute;s au total).
Le pr&eacute;sident doit d&eacute;sormais appliquer les promesses qu'il a faites aux quelque 85 millions de Congolais en annon&ccedil;ant la fin de sa coalition avec M. Kabila le 6 d&eacute;cembre: lutter contre la corruption et la mis&egrave;re qui touche les 2/3 de la population, ramener la paix dans l'Est du pays, ensanglant&eacute; par les violences des groupes arm&eacute;s...
Le Premier ministre, 73 ans, "a d&eacute;clar&eacute; avoir tir&eacute; les cons&eacute;quences de l'&eacute;volution de la situation politique actuelle", a indiqu&eacute; la pr&eacute;sidence sur son compte Twitter.
La situation est d&eacute;sormais plus que favorable &agrave; l'ex-opposant F&eacute;lix Tshisekedi, un civil qui a v&eacute;cu entre le Congo et la Belgique, face &agrave; son pr&eacute;d&eacute;cesseur, Joseph Kabila, militaire de formation.
M. Tshisekedi, 57 ans, peut d&eacute;sormais gouverner seul, sans les contraintes de l'accord de coalition qu'il avait conclu avec M. Kabila et sa majorit&eacute; parlementaire juste avant son investiture le 24 janvier 2019.

- Rumeurs de corruption -

Le fils de l'opposant historique Etienne Tshisekedi va commencer par nommer le Premier ministre et le gouvernement de son choix.&nbsp;
Pour ce faire, il dispose d'une large majorit&eacute; de 391 d&eacute;put&eacute;s sur 500 &agrave; l'Assembl&eacute;e nationale, d'apr&egrave;s le pointage du charg&eacute; de mission (un "informateur" en droit congolais) qu'il avait nomm&eacute; pour identifier sa propre "majorit&eacute; d'union sacr&eacute;e de la Nation".
Agitant une menace de dissolution, le pr&eacute;sident a ralli&eacute; &agrave; sa cause 24 "regroupements" politiques, dont certains affili&eacute;s hier encore au Front commun pour le Congo (FCC), la machine de guerre politique que M. Kabila avait mis en place pour quitter le pouvoir sans perdre son influence politique.
Dans ce pays o&ugrave; la politique et l'affairisme font cause commune, des d&eacute;put&eacute;s FCC ont c&eacute;d&eacute; &agrave; l'app&acirc;t du gain, rapportent des rumeurs persistantes.
M. Tshisekedi a aussi ralli&eacute; &agrave; sa cause deux opposants de poids, le riche homme d'affaires Katangais Mo&iuml;se Katumbi, issu de l'est, et l'ancien chef de guerre Jean-Pierre Bemba, populaire &agrave; Kinshasa et dans l'ouest du pays.

- G&eacute;rer les app&eacute;tits-

Le groupe parlementaire Mouvement de lib&eacute;ration du Congo (MLC, le parti de M. Bemba) "a adh&eacute;r&eacute; officiellement &agrave; l'Union sacr&eacute;e de la nation", a indiqu&eacute; l'un de ses cadres, Mohamed Bule."Nos deux leaders Mo&iuml;se Katumbi et Jean-Pierre Bemba ont d&eacute;cid&eacute; de travailler en synergie", a-t-il ajout&eacute;.
M. Tshisekedi va devoir d&eacute;sormais g&eacute;rer les app&eacute;tits de MM.Katumbi et Bemba, qui vont exiger des postes et des responsabilit&eacute;s au gouvernement et &agrave; l'Assembl&eacute;e nationale.Le test aura lieu d&egrave;s la semaine prochaine, lors de l'&eacute;lection du nouveau bureau de l'Assembl&eacute;e.
En moins de deux mois, F&eacute;lix Tshisekedi a fait sauter tous les verrous que son pr&eacute;d&eacute;cesseur Kabila avait mis en place avant de lui c&eacute;der le pouvoir en janvier 2019, en esp&eacute;rant bien revenir aux affaires aux prochaines &eacute;lections de 2023.
La coalition, la majorit&eacute; pro-Kabila &agrave; l'Assembl&eacute;e, le Premier ministre et son gouvernement pl&eacute;thorique de 65 ministres dont les 2/3 &eacute;taient membres du FCC pro-Kabila: "B&eacute;ton" Tshisekedi (l'un de ses surnoms) a abattu une par une toutes les murailles qui prot&eacute;geaient Joseph Kabila.
D&eacute;sormais isol&eacute; et repli&eacute; dans son fief du Katanga, &agrave; Lubumbashi, avec quelques fid&egrave;les, Joseph Kabila, 49 ans, garde toujours le silence.
Avant de lancer son offensive, M. Tshisekedi s'&eacute;tait assur&eacute; de la fid&eacute;lit&eacute; de l'Etat-major de l'arm&eacute;e, dont tous les hauts grad&eacute;s avaient &eacute;t&eacute; nomm&eacute;s pendant le r&egrave;gne de Joseph Kabila, qui avait &eacute;t&eacute; propuls&eacute; &agrave; la t&ecirc;te de la RDC apr&egrave;s l'assassinat en janvier 2001 de son p&egrave;re, Laurent-D&eacute;sir&eacute; Kabila.
L'arm&eacute;e a respect&eacute; jusqu'&agrave; pr&eacute;sent son pacte r&eacute;publicain, en restant loyal &agrave; son commandant en chef, le pr&eacute;sident de la R&eacute;publique.

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