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Sèmè-City au Bénin: "l'esprit innovation made in Africa"

Avec ses façades carmin et ses auvents violets, jaunes et rouges, l'immeuble de Sèmè-One, incubateur de start-ups béninoises, sera sans aucun doute le bâtiment le plus coloré de Cotonou."C'est pour éveiller les sens et stimuler l'innovation", explique le responsable des travaux de construction.

Abdoul Halim Asouma a voulu faire de ces 4.250 m2 enti&egrave;rement d&eacute;di&eacute;s &agrave; la recherche et aux nouvelles technologies, "un b&acirc;timent innovant et intelligent", peu gourmand en &eacute;nergie, et &agrave; la pointe des plus grands centres africains de ce type.&nbsp;
Les ma&ccedil;ons et les peintres font les derni&egrave;res retouches, et dans quelques jours, S&egrave;m&egrave;-One accueillera entrepreneurs, "incub&eacute;s", et &eacute;tudiants sp&eacute;cialis&eacute;s dans les nouvelles technologies: un choix politique qui trouve tout son sens en ces temps de pand&eacute;mie mondiale et de courses aux innovations.&nbsp;
Ce nouveau b&acirc;timent fait partie de S&egrave;m&egrave;-City, un programme de d&eacute;veloppement &eacute;conomique voulu par le chef de l'Etat, Patrice Talon,&nbsp;visant &agrave; faire du B&eacute;nin un hub technologique pour l'Afrique de l'Ouest, sur le mod&egrave;le du Kenya en Afrique de l'Est, ou du Rwanda pour l'Afrique des Grands Lacs.&nbsp;
Avant m&ecirc;me la finalisation de ce nouveau projet, l'incubateur &eacute;tait d'ailleurs log&eacute; depuis deux ans dans des locaux annexes de la Pr&eacute;sidence, et est d&eacute;j&agrave; devenu le point de convergence des &eacute;tudiants, chercheurs, entrepreneurs, des chefs de petites et grandes entreprises et m&ecirc;me des curieux qui peuvent venir travailler dans les locaux ou assister &agrave; des conf&eacute;rences.&nbsp;
Pour sa directrice g&eacute;n&eacute;rale, Claude Borna, S&egrave;m&egrave;-City est "un lieu unique qui accompagne et forme les talents de demain, qui fait la promotion de l'innovation made in Africa", explique-t-elle &agrave; l'AFP.
Dipl&ocirc;m&eacute;e de l'universit&eacute; de Californie &agrave; Los Angeles, et de McGill University &agrave; Montr&eacute;al, cette quadrag&eacute;naire a longtemps travaill&eacute; pour de grands groupes internationaux, comme conseill&egrave;re en strat&eacute;gie commerciale et innovation avant de rentrer au B&eacute;nin en 2016.&nbsp;
"On vient &agrave; S&egrave;m&egrave;-City chercher des collaborations, des formations, de l'accompagnement pour monter un projet.La finalit&eacute; est de r&eacute;soudre des probl&egrave;mes avec de nouvelles m&eacute;thodes", dit-elle avec fiert&eacute;."Les jeunes ont souvent pleins d'id&eacute;es, mais manquent de cadre et d'accompagnements".&nbsp;

- Task force anti-Covid -

Et avec la propagation du Covid-19 au B&eacute;nin, toutes les id&eacute;es sont les bienvenues, et il faut surtout pouvoir les mettre en &oelig;uvre rapidement.&nbsp;Depuis avril et les premiers cas d&eacute;clar&eacute;s, les "incub&eacute;s" cherchent des solutions et mettent en place des prototypes d'objets ou d'applications pour ralentir la propagation du virus.&nbsp;
Gr&acirc;ce &agrave; un financement de l'Unfpa-B&eacute;nin (Fonds des Nations Unies pour la Population), quinze organisations nationales et internationales se sont r&eacute;unies dans une task force pour lutter contre la pand&eacute;mie, avec aussi pour ambition, de trouver des solutions adapt&eacute;es aux environnements socio-&eacute;conomiques et culturels du B&eacute;nin et de l'Afrique de l'Ouest.&nbsp;
A 29 ans, Donald Tchaou et cinq de ses amis ont ainsi mis au point X-over, une application mobile pour mieux respecter la distanciation sociale et permet aussi de retracer la cha&icirc;ne de contacts d'une personne infect&eacute;e.&nbsp;
Elle est aussi &eacute;quip&eacute;e d'un scanner Code QR pour contr&ocirc;ler les usagers avant l'acc&egrave;s dans un b&acirc;timent et est mise en circulation dans le pays.
"Quand nous avons eu l'id&eacute;e, nous sommes venus &agrave; S&egrave;m&egrave;-City, qui a mis &agrave; notre disposition tous les moyens n&eacute;cessaires.Nous avons b&eacute;n&eacute;fici&eacute; aussi d'un coaching personnalis&eacute;", raconte Donald.
Cette application de tra&ccedil;age n'est pas unique au monde, mais pour des raisons de co&ucirc;ts et de cyber-s&eacute;curit&eacute;, il est important que les pays, m&ecirc;me les plus pauvres, se lancent &agrave; leur tour dans ces phases de recherches.&nbsp;

- Centres m&eacute;dicaux d&eacute;montables -

Mais S&egrave;m&egrave;-City, ne s'adresse pas seulement aux "geeks" ou jeunes "start-upers".Habib M&eacute;m&eacute;, la trentaine, a suivi des &eacute;tudes d'architecture.
Associ&eacute; &agrave; une dizaine d'ing&eacute;nieurs et informaticiens, il a d&eacute;velopp&eacute; le projet "COM-finement", des centres m&eacute;dicaux de prise en charge en cas d'&eacute;pid&eacute;mies (Covid-19, mais aussi, chol&eacute;ra, fi&egrave;vres h&eacute;morragiques...), "montables et d&eacute;montables rapidement".
La sp&eacute;cificit&eacute; de ces centres est qu'ils sont "connect&eacute;s entre eux, &agrave; travers un syst&egrave;me de t&eacute;l&eacute;m&eacute;decine pour des usages en milieu rural ou urbain", explique le d&eacute;veloppeur.&nbsp;A S&egrave;m&egrave;-City, "ils nous ont dirig&eacute; vers des bailleurs de fond potentiels et nous ont donn&eacute; des retours techniques tr&egrave;s pertinents".&nbsp;&nbsp;
COM-finement a d&eacute;j&agrave; s&eacute;duit plusieurs gouvernements d'Afrique de l'Ouest, et plusieurs prototypes sont en phase exp&eacute;rimentale, assure son inventeur.&nbsp;
Financement, mais aussi structuration, l&eacute;gislation, d&eacute;veloppement marketing,...fonder une start-up ou transformer ses id&eacute;es en entreprise viable et profitable, n&eacute;cessite un encadrement pointu et des partenariats solides.
Armelle Dossa, 25 ans, sp&eacute;cialis&eacute;e dans "l'agri-tech", pr&eacute;pare un projet de commercialisation &agrave; grande &eacute;chelle de l&eacute;gumes bio."Si ce cadre avait exist&eacute; au B&eacute;nin depuis dix ans, on aurait beaucoup de jeunes dans l'entrepreneuriat et un taux de ch&ocirc;mage plus faible", conclut-elle.&nbsp;

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