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Pas de répit au Soudan, après deux mois de combats

Pas de répit après deux mois de combats au Soudan

L'armée soudanaise accuse les paramilitaires d'avoir "assassiné" le gouverneur du Darfour-Ouest

Soudan: 11 morts dans des heurts tribaux au Darfour

Soudan: 11 morts dans des heurts tribaux au Darfour (source médicale)

Soudan: les récentes violences au Darfour visent à fragiliser le nouveau pouvoir

Les récentes attaques au Darfour, à l'instar de celle qui a fait dimanche des dizaines de morts et des dégâts matériels importants, visent à fragiliser le nouveau pouvoir à Khartoum après la chute d'Omar el-Béchir, selon des experts interrogés par l'AFP.

"C'est un message.L'objectif est de d&eacute;stabiliser le pays et de montrer &agrave; l'&eacute;tranger que le pouvoir de Khartoum ne contr&ocirc;le que la capitale", explique &agrave; l'AFP Marc Lavergne, directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et expert du Soudan.
"L'attaque par 500 hommes arm&eacute;s &agrave; bord de voitures tout-terrain contre un important village de l'Etat du Darfour-ouest n&eacute;cessite une v&eacute;ritable organisation", rel&egrave;ve-t-il.&nbsp;
Selon l'ONU, l'attaque men&eacute;e &agrave; Masteri, localit&eacute; &agrave; 48 kilom&egrave;tres de la capitale provinciale d'El Geneina, a fait plus de 60 morts -- en majorit&eacute; de la communaut&eacute; Masalit -- et 60 bless&eacute;s.
Des agriculteurs issus de tribus africaines habitent ce village meurtri, avec ses maisons br&ucirc;l&eacute;es, ses animaux calcin&eacute;s et ses corps de victimes recouverts de tissus multicolores.
Selon le comit&eacute; des m&eacute;decins soudanais, l'attaque a dur&eacute; neuf heures.Il a pr&eacute;cis&eacute; que huit femmes figuraient parmi les 60 morts et que 54 personnes avaient &eacute;galement &eacute;t&eacute; bless&eacute;es, parmi lesquelles 19 femmes et enfants.
"Il s'agit du dernier d'une s&eacute;rie de sept incidents violents entre les 19 et 26 juillet, laissant des dizaines de morts et de bless&eacute;s et qui se sont traduits par des villages et des maisons br&ucirc;l&eacute;s ainsi que par des march&eacute;s et des magasins endommag&eacute;s", a d&eacute;plor&eacute; l'ONU.
Le renversement en avril 2019 du pr&eacute;sident Omar el-B&eacute;chir, &agrave; la suite d'une r&eacute;volte populaire mettant fin &agrave; plus de trente ans de pouvoir despotique, a chang&eacute; la donne.

- "Question existentielle" -

C'est l'avis en particulier d'Abdallah Adam Khater, &eacute;crivain et expert du Darfour: "La nouvelle vague de violences au Darfour&nbsp;est li&eacute;e &agrave; la chute du r&eacute;gime d'Omar el-B&eacute;chir car, durant de longues ann&eacute;es, le r&eacute;gime a approvisionn&eacute; en armes des milices et il leur a donn&eacute; le droit de confisquer des terres et m&ecirc;me de lever des taxes aupr&egrave;s de ces agriculteurs".
Mais "apr&egrave;s la chute de B&eacute;chir, les agriculteurs ont refus&eacute; de payer des taxes et que les nouveaux arrivants continuent d'occuper leurs terres qu'ils avaient d&ucirc; fuir", explique-t-il &agrave; l'AFP."Pour se maintenir co&ucirc;te que co&ucirc;te", ces nouveaux arrivants "utilisent la force et la terreur.La situation est hors de contr&ocirc;le", ajoute-t-il.
M. Lavergne abonde en son sens."Pour les milices qui se livrent &agrave; ces attaques, il s'agit d'une question existentielle", affirme-t-il.&nbsp;
Selon lui, "si le changement de pouvoir &agrave; Khartoum entraine un apaisement au Darfour et permet &agrave; une partie de la population qui a fui de revenir dans leurs champs, (les milices) ne pourront plus continuer &agrave; semer la terreur, &agrave; piller, et &agrave; racketter".
Dans cette immense r&eacute;gion de 400.000 km2, dont presque la moiti&eacute; est d&eacute;sertique, les agriculteurs appartenant &agrave; des tribus africaines cultivent des c&eacute;r&eacute;ales (mil et s&eacute;same notamment), des arachides, du tabac et des oranges.Les tribus arabes font de l'&eacute;levage (moutons, vaches, chameaux), en pratiquant la transhumance.
Leur coexistence a souvent &eacute;t&eacute; source de conflits pour le p&acirc;turage et pour l'eau.
Mais depuis 2003, la guerre a ravag&eacute; la r&eacute;gion avec en particulier l'arriv&eacute;e d'armes depuis les pays voisins.
Elle a oppos&eacute; le r&eacute;gime &agrave; majorit&eacute; arabe d'Omar el-B&eacute;chir et des insurg&eacute;s issus de minorit&eacute;s ethniques s'estimant marginalis&eacute;es, faisant des centaines de milliers de morts et des millions de d&eacute;plac&eacute;s, selon l'ONU.
En raison de la r&eacute;cente flamb&eacute;e de violences, le gouvernement a d&eacute;cid&eacute; d'envoyer de Khartoum "les forces de s&eacute;curit&eacute; vers les r&eacute;gions o&ugrave; se produisent des troubles pour assurer la s&eacute;curit&eacute; des habitants", a d&eacute;clar&eacute; dimanche Eltrafi Elsdik, ministre soudanais de l'Int&eacute;rieur.
Pour M. Khater, "c'est une bonne d&eacute;cision.Cela montrera &agrave; la population du Darfour que le nouveau gouvernement est soucieux de leur s&eacute;curit&eacute; contrairement &agrave; ce qu'il se passait &agrave; l'&eacute;poque de B&eacute;chir".