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Tanzanie: un dirigeant de l'opposition hospitalisé après une agression

Le chef du principal parti d'opposition en Tanzanie et détracteur du président John Magufuli, Freeman Mbowe, a été hospitalisé après avoir été attaqué par des inconnus dans la nuit de lundi à mardi, son parti dénonçant une agression "lâche" et "politiquement motivée".

Les faits se sont d&eacute;roul&eacute;s alors que M. Mbowe, chef de l'opposition parlementaire au nom du Chadema, premier parti d'opposition tanzanien, descendait de son v&eacute;hicule vers minuit &agrave; Dodoma, capitale politique de ce pays d'Afrique de l'Est et si&egrave;ge du Parlement.
"Il y a des informations selon lesquelles M. Mbowe a &eacute;t&eacute; attaqu&eacute; par trois personnes qui lui ont cass&eacute; la jambe droite.Nous continuons de suivre l'affaire, il est toujours &agrave; l'h&ocirc;pital", a d&eacute;clar&eacute; mardi le commandant r&eacute;gional de la police Gilles Muroto.
En fin d'apr&egrave;s-midi, M. Mbowe, qui a re&ccedil;u la visite du Premier ministre Kassim Majaliwa, a &eacute;t&eacute; &eacute;vacu&eacute; par avion de Dodoma &agrave; Dar es Salaam, la capitale &eacute;conomique, pour y &ecirc;tre hospitalis&eacute;, selon son parti.
Le secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral du Chadema, John Mnyika, a d&eacute;nonc&eacute; "une attaque politiquement motiv&eacute;e".
Il a notamment affirm&eacute; que les agresseurs auraient dit &agrave; M. Mbowe: "Tu d&eacute;ranges le gouvernement (...) Nous n'allons pas te tuer mais nous allons te frapper et nous verrons comment tu feras campagne".
Le commandant r&eacute;gional de la police a mis en garde contre toute r&eacute;cup&eacute;ration politique de cette attaque, qu'il semble consid&eacute;rer en l'&eacute;tat comme une banale agression.
"La police va mener une enqu&ecirc;te fouill&eacute;e.Rien ne sera laiss&eacute; de c&ocirc;t&eacute;.Ceci est un incident comme d'autres.Il est donc interdit de le r&eacute;cup&eacute;rer &agrave; des fins politiques.Laissez la police faire son travail", a lanc&eacute; M. Muroto &agrave; la presse.
Depuis l'arriv&eacute;e au pouvoir du pr&eacute;sident Magufuli fin 2015, les disparitions et agressions des d&eacute;tracteurs du gouvernement et du chef de l'&Eacute;tat se sont multipli&eacute;es.
A la mi-2019, la Coalition tanzanienne des d&eacute;fenseurs des droits de l'homme (THRDC) avait d&eacute;nombr&eacute; 17 kidnappings&nbsp;depuis 2016: des d&eacute;fenseurs des droits de l'homme, des journalistes, des hommes d'affaires, des hommes politiques et des artistes.

- "Stup&eacute;faction et d&eacute;sarroi" -

Le cas le plus retentissant concerne l'ex-d&eacute;put&eacute; Tundu Lissu, &eacute;galement membre du Chadema, victime en septembre 2017 d'une tentative de meurtre.
Il avait &eacute;t&eacute; atteint de plusieurs balles &agrave; son domicile de Dodoma, alors qu'il venait de participer &agrave; une session parlementaire.
Ancien b&acirc;tonnier de l'Ordre des avocats, il avait &eacute;t&eacute; imm&eacute;diatement &eacute;vacu&eacute; et avait subi de multiples op&eacute;rations, d'abord &agrave; Nairobi puis &agrave; Bruxelles.
Lundi, c'est de la capitale belge, o&ugrave; il vit toujours, qu'il a annonc&eacute; son intention de se pr&eacute;senter face &agrave; M. Magufuli, qui sauf coup de th&eacute;&acirc;tre sera le candidat du parti au pouvoir &agrave; l'&eacute;lection pr&eacute;sidentielle pr&eacute;vue en octobre, &agrave; une date encore ind&eacute;termin&eacute;e.
Dans un tweet, M. Lissu a d&eacute;clar&eacute; mardi avoir appris "avec stup&eacute;faction et d&eacute;sarroi" la nouvelle de "la l&acirc;che attaque" contre M. Mbowe.
"Comme dans mon cas, les gardes de s&eacute;curit&eacute; affect&eacute;s &agrave; l'entr&eacute;e du compound ont &eacute;t&eacute; enlev&eacute;s pour permettre aux assaillants d'entrer et sortir librement", a-t-il soulign&eacute; ult&eacute;rieurement dans une vid&eacute;o.
La repr&eacute;sentation de l'Union europ&eacute;enne en Tanzanie a qualifi&eacute; l'agression de M. Mbowe d'"attaque contre la d&eacute;mocratie".
"A quelques mois des &eacute;lections g&eacute;n&eacute;rales, il est essentiel de laisser la d&eacute;mocratie suivre son cours et d'assurer toutes les conditions pour une pleine participation &agrave; des &eacute;lections cr&eacute;dibles et transparentes", a-t-elle soulign&eacute; dans un communiqu&eacute;.
Freeman Mbowe avait r&eacute;cemment critiqu&eacute; la gestion de l'&eacute;pid&eacute;mie de nouveau coronavirus par le gouvernement et le pr&eacute;sident, qu'il accusait d'&ecirc;tre dans le "d&eacute;ni".M. Magufuli a r&eacute;guli&egrave;rement minimis&eacute; la gravit&eacute; de cette &eacute;pid&eacute;mie.
Alors que l'ambassade des &Eacute;tats-Unis a r&eacute;cemment fait &eacute;tat de signes de "croissance exponentielle" du virus dans plusieurs endroits du pays et que l'opposition d&eacute;nonce des man&oelig;uvres de "dissimulation", M. Magufuli a d&eacute;cid&eacute; d'assouplir les mesures en place pour enrayer l'&eacute;pid&eacute;mie, en ordonnant notamment la r&eacute;ouverture des universit&eacute;s et des vols internationaux.
D&eacute;but mai, M. Mbowe avait demand&eacute; &agrave; ses &eacute;lus de ne plus participer aux sessions parlementaires apr&egrave;s la mort de trois d&eacute;put&eacute;s.
Le pays compte officiellement 480 cas de Covid-19, selon des statistiques du gouvernement qui n'ont pas &eacute;t&eacute; actualis&eacute;es depuis fin avril.

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